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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une couverture accrocheuse et colorée ainsi qu'une quatrième de couverture bien ficelée, les deux éléments combinés m'ont donc convaincue d'ajouter American Prophet à mon « petit » palmarès de ce début d'année 2015 (oui je souffre de la fameuse et déprimante panne de lecture).
Le livre se présente comme l'autobiographie de Gunnar Kaufmann, jeune afro-américain qui malgré lui a été promu nouveau messie de la communauté noire américaine. Sa philosophie : le suicide comme libération ultime des siècles d'asservissement communautaire. Why not…quand il n'y a plus d'espoir, reste le harakiri.
Après cette introduction on ne peut plus farfelue (et qui donne tout de suite le ton du roman), nous voilà plongé dans le récit des jeunes années de notre compagnon de route, « échoué » avec sa famille dans les beaux quartiers résidentiels de Los Angeles : pas vraiment l'archétype du jeune afro-américain cool du ghetto. En plus d'être mal à l'aise dans son corps, Gunnar doit composer avec une mère fière de lui rappeler à tout bout de champ l'histoire ô combien exceptionnelle des ancêtres de leur famille : esclaves affranchis, militants pour les droits civiques…jusqu'à son père, flic très intégré et quasi inexistant, bonjour le poids familial à se trimballer. Et puis un jour, Gunnar et sa famille doivent quitter leur ghetto doré et échouent dans le ghetto, le VRAI cette fois : on y parle le langage châtié du ghetto, on s'habille ghetto, on mange ghetto, on vit ghetto : douche froide pour Gunnar qui va devoir s'adapter au prix d'efforts (et de bizutages) incessants, allant même jusqu'au harcèlement par deux nymphettes du quartier qui vont jusqu'à le violer (ce qui n'est pas pour lui déplaire). Bref ce n'est pas une partie de plaisir. Mais Gunnar fait son nid et grâce à ses dons de poète des rues et de basketteur, se crée une réputation non négligeable.

Si vous êtes adeptes de bons mots, de phrases percutantes débitées à la seconde, d'humour corrosif et d'anti héro sérial loosers, alors American Prophet est fait pour vous. C'est un régal pour l'esprit, une vraie partie de tennis littéraire. Je dis d'ailleurs bravo à la traductrice qui a su restituer et préserver toute la saveur du style subversif de Paul Beatty. J'ai pleinement apprécié ce voyage au pays du ghetto, imprégnée par les particularités de la culture afro américaine si peu mise en avant. Pas de misérabilisme, ni d'auto apitoiement, Paul Beatty ne ménage d'ailleurs pas les siens en ne faisant pas dans la dentelle, tout le monde en prend pour son grade, blancs comme noirs. J'ai beaucoup appris, beaucoup souri, un bon bilan de lecture. Si je devais déplorer quelque chose ce serait la fin que j'ai trouvée un chouia bordélique et bâclée. Mais ce serait bien dommage de passer à côté de ce petit traité d'irrévérence.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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C'est totalement déjanté, drôle très drôle, une immersion dans la culture afro-américaine, dans la culture hip-hop. J'ai passé un bon moment de lecture et j'ai apprécié de découvrir une culture que je ne connais pas vraiment si ce n'est quelques clichés et là dans ce livre justement il n'y en a pas et pas de larmoiement. C'est très intéressant car c'est le contraire des histoires habituelles sur le déracinement , cette famille de noirs, seuls noirs parmi les blancs dans un quartier huppé qui se trouvent suite à un déménagement à habiter un quartier populaire et plutôt pauvre où il y a toutes les minorités noirs, latinos et asiatiques. le fait de se trouver là va amener le personnage principal , Gunnar à changer sa façon de vivre, de penser et à s'adapter à ce nouvel environnement.

J'aime le sujet de l'adaptation de l'humain en fonction de son milieu et l'intelligence avec laquelle Gunnar arrive à le faire. C'est un très bon roman sociétal qui rend bien compte du problème de l'empreinte raciale aux Etats-Unis. Il y a un rythme particulier dans l'écriture, un flow qui va très bien avec le hip-hop. C'est politiquement incorrect, drôle , déjanté et décalé.

Les références culturelles et historiques sur l'histoire des noirs américains , d'ailleurs les notes explicatives sont vraiment les bienvenues et apportent un plus indéniables. Un hymne à la tolérance qu'il ne faut pas rater, très réussi et très actuel.

VERDICT

A ne pas rater !!! drôle et instructif.
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
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Paul Beatty, né en 1962 à Los Angeles, est un écrivain afro-américain. Diplômé d'un Master of Fine Arts du Brooklyn College en écriture créative, il a également obtenu une maîtrise en psychologie à l'université de Boston. En 1990, il est couronné Grand champion de slam du café des poètes de Nuyoricana et gagne à cette occasion un contrat d'édition pour la publication de son premier recueil de poésie, Big Bank Takes Little Banka. Son deuxième livre de poésie, Joker, Joker, Deuce, suit trois ans plus tard. Son premier roman, American Prophet, date de 1996 et vient d'être traduit en français.
Parenthèse liminaire, le titre original de l'ouvrage The White Boy Shuffle a été traduit en français ( ?) par American Prophet ! Non seulement le ridicule ne tue pas mais il a encore de beaux jours devant lui.
Quand le roman débute, Gunnar Kaufman son jeune héros, est le dernier descendant d'une longue lignée de Noirs américains dont il nous rappelle les grotesques mésaventures, comme cet aïeul qui migra vers le Sud en pleine période d'esclavagisme ou cet autre qui courut s'enrôler dans les troupes des Etats Confédérés durant la guerre de Sécession, bref une famille jamais du bon côté du manche de l'Histoire en marche. Et il faut que croire que la malédiction les poursuit puisque Gunnar, sa mère et ses deux soeurs, déménagent de Santa Monica quartier chic et Blanc vers Hillside, ghetto de Los Angeles.
Dans cet environnement difficile dont les codes lui sont inconnus, le jeune Gunnar va devoir se faire une place au milieu des gangs entre Bloods et Cripps. Lui qui ne rêve que de poésie, se révèlera aussi basketteur de talent, s'ouvrant les portes des Universités mais aussi les coeurs des petites frappes de son quartier. Entre ses deux potes, Nicholas Scoby, fan de jazz et Psycho Loco leader d'un gang, Gunnar va tenter de se trouver une place dans ce monde. Contre sa volonté il va se retrouver porte-voix, prophète donc, « d'une ethnie à l'abandon » après avoir pris conscience de sa condition à l'annonce du verdict dans le procès de Rodney King, « ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je me suis senti comme un moins-que-rien. ».
Un bien beau et bon roman en vérité. Passées les toutes premières pages qui assomment un peu le lecteur surpris par le style de l'écrivain, le reste du livre se dévore avec une hâte retenue. Hâte, car poussé par la tchatche et la faconde de Paul Beatty vous êtes embarqué par une lame de fond dont l'origine remonterait au jazz pour se poursuivre avec le rap ; retenue, car il vous faudra ingurgiter les nombreuses références au vécu des Noirs américains, références historiques ou culturelles, obligeant à ralentir la lecture pour mieux en appréhender le sens.
Mais rassurez-vous, Paul Beatty sait y faire. Rien n'est lourd ou chargé d'un bien-pensant convenu, au contraire. L'écrivain qui a également publié dans le passé une anthologie de l'humour afro-américain l'utilise ici plus souvent qu'à son tour, en faisant de l'autodérision cette arme typique des minorités pour retourner en leur faveur des situations défavorables. On rit souvent devant ses propos peu enclins au politiquement correct, ses réflexions incongrues.
Drôle, vachard mais lucide avec sa communauté « l'Amérique noire a renoncé à ses besoins dans un monde où les espérances ne sont qu'illusions », instruit aussi, le roman fourmille de détails ou informations historiques et au-delà l'humour, l'auteur sait utiliser les mots et la langue pour nous donner un texte de très grande qualité.
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Ce roman satirique et parfois loufoque est centré sur le thème de l'identité noire mais aussi de celle des métisses car Gunnar n'est totalement à l'aise ni avec les noirs, ni avec les blancs. La manière dont Paul Beatty évoque ces thèmes est originale d'abord parce que ce roman fait souvent sourire, mais aussi parce que Gunnar ne souffre pas de discrimination, c'est lui qui a du mal à intégrer les codes du ghetto noir. J'ai parfois trouvé que c'était un peu trop loufoque pour moi mais Gunnar est vraiment un personnage attachant et intéressant qui montre que l'identité noire est multiple et qu'un poète cultivé la représente aussi bien qu'un autre. Les personnages secondaires et même ceux qu'on ne fait que croiser comme Wolfgang, l'aïeul qui traçait les inscriptions "réservé au blancs pendant les lois Jim Crow sont très justement croqués. Parmi mes passages préférés, je mettrais la comparaison des photos de classe entre 1923 et 1986. Ajoutons que ce roman est très bien écrit et tout aussi bien traduit par Nathalie Bru.

Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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