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Critique de LoupAlunettes


Un jeune personnage se fait raconter des histoires de princesses par son papa avant le dodo et ce n'est pas triste.

La tradition, ça a du bon, certe, mais notre jeune écouteuse d'histoires ne voyait pas là des rôles de princesses aventureuses et indépendantes.

On en veut du prince et de la robe bouffante, certe, mais on apprécie aussi de monter seule à cheval et pas forcément en amazone, voici ce qui est dit.



Sandrine Beau, Clémentine Beauvais, Charlotte Bousquet, Alice Brière-Haquet, Anne-Fleur Multon et Carol Trébor, un sacrée gang d'auteures, vont imaginer pour notre plaisir un recueil de contes dépoussiérés de leurs princesses de trop bonnes manières et en promettre à celles et ceux qui veulent sentir leur cascade de cheveux dans la tempête qui souffle.



Il était une fois une princesse comédienne.

Vous avez bien entendu, cette princesse fait du théâtre.

" Costumier, toi qui est mon ami, sais-tu pourquoi on ne me propose JAMAIS de jouer un rôle intéressant (vibrionnant, exaltant, sautillant, voire méchant!)?"

Le costumier de l'histoire se fera "miroir miroir" et tentera de répondre à la question de la princesse.

Mais hélas on ne lui donne que des rôles de princesse en jachère, attendant son heure.

La princesse comédienne de début nous offre un conte randonnée posant à tous les étages du théâtre la même ritournelle et lamentation: "pourquoi ne me propose t-on pas le rôle de ma vie?"



C'est un roman jeunesse féministe, chers lecteurs, à n'en point douter, avec son humour en morceau de sucre et sa double lecture servie en tasse de thé.

C'est une version originale et il y en aura d'autres. Ce roman est une oeuvre collective pleine d'esprit.



La deuxième histoire marquera ce décalage avec un temps "merveilleux" évoqué comme révolu et elle propose le regard mûr de jeunes héros et héroïnes.

Une classe visite un Centre de Protection des Princesses, un lieu patrimonial entre le Musée et le Zoo.

Nous laisserons le ton enjoué du Conte pour tomber dans une nouvelle SF un peu plus carcérale, il faut le dire.

Peau d'Âne et d'autres beautés seront mises à l'honneur derrière des vitrines afin d'être admirées.

Malgré l'intention louable liée à un devoir de mémoire, nos élèves trouverons cela plus triste que ça n'y parait.

Et pourtant, les princesses vraies de vraies sont habituellement toujours prises au piège dans une forêt, dans un sommeil éternel ou dans une tour sans porte dans les contes, il y aura de la cohérence ici.

Pauvres princesses!

Elles seront maintenues et figées, dans leur image, non pas pour qu'on les sauve mais pour que l'on se souvienne.

Nous profiterons d'une métaphore qui liera l'intemporalité des contes et le temps qui passe autrement pour ses générations de lecteurs.

Ca sera l'occasion d'emmener les jeunes lecteurs sur le terrain de la maturité donc, mais aussi de l'engagement et de la préservation de nos ressources dans de saines conditions.

Une écologie des contes de fées, c'est original.



La 3ème histoire s'ouvrira sur le thème de l'apparence.

Une princesse est touchée d'un étrange mal, elle vire de couleur en fonction de ses humeurs, des dents jusqu'aux cheveux.

Quelle vulgaire exubérance!



La 4ème lance une chasse aux sorcières sur les enchanteurs, un couple royal n'arrive pas à avoir d'enfant, selon eux, ce n'est pas le mauvais sort du destin mais celui des magiciens.

En outre, ce bébé devra être parfait et sans défauts.

N'est-ce pas les fées et autres ensorceleurs qui offrent les qualités en cadeau à la naissance, sommes-nous en train de penser?



La 5ème nous transporte au Moyen Orient, avec une princesse du désert qui croisera les djinns et défiera les tyrans.



La dernière histoire la parole a une princesse ronde délicieusement impertinente.



Avec toutes ses figures féminines ados qui allient douceur et poigne, les récits véhiculeront des valeurs intéressantes pour les jeunes lecteurs.

Les propos ne seront pas que sérieux, certaines histoires refléteront l'exubérante et folle jeunesse adolescente, une insouciance dans laquelle se retrouveront aussi les lecteurs.

Un bon équilibre.



Nous aurions pu nous attendre à un début d'aventure commun à toutes les histoires , à la façon de "l'Histoire sans fin" de Michael Ende avec un adulte conteur et une plongée en abyme dans la fiction pour introduire chaque histoire, il n'en sera rien au final.

Cette entrée en matière ne concernera que la première histoire.

Le roman est un vrai recueil, apportant avec chaque auteure différente, un univers, un ton et un angle varié autour du thème des Princesses et de la féminité.



Nos lectrices pré-ados ciblées sont les petites princesses d'hier, à peine sorties de l'enfance et elles commenceront à présent à se trouver en âge de devoir décider plus sérieusement, à envisager plus d'options, prince ou palefrenier, château ou hutte dans les bois en camping, attendre l'amour ou partir le quérir ou se fixer un scénario sans prince du tout.

Les différentes histoires tiendront compte de ces perspectives, avec des auteures qui marqueront bien la classique princesse comme une période "bourgeon", comme une époque charnière vers quelque chose de joyeusement plus imprévisible, à définir.

Affirmer son caractère et ses opinions n'auront rien de disgracieux, chères lectrices.
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