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Citations sur Anne, ou quand prime le spirituel (11)

 Même la liberté, Marguerite, il faut être capable de la jeter par la fenêtre ; le jour où vous ne tiendrez plus à elle, plus à rien, alors seulement vous la posséderez.
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C'est justement la gratuité d'un acte qui lui donne du prix.
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Je ne voyais rien, je ne savais pas regarder, mais comme je marchais à grands pas dans les rues sombres, je sentais autour de moi la présente indistincte du monde et cela m'exaltait ; des ivrognes sortaient en titubant des bistrots, boulevard de la Chapelle des femmes faisaient le guet sous les enseignes lumineuses des hôtels, le monde était couvert de lèpre, on ne pouvait pas le contempler sans horreur, et pourtant, il fallait le frôler en tremblant, écouter sa respiration ; cette grande masse confuse et monstrueuse me fascinait.
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Cette grande chose amère qui était sa part sur la terre, elle saurait l'accueillir ; elle saurait la transformer en beauté ; un jour des inconnus, des frères, comprendraient enfin son âme désincarnée et la chériraient. Plus haut que le bonheur. Des larmes lui montèrent aux yeux ; déjà elle sentait palpiter en elle l'aurore des poèmes sublimes.
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Elle ne devait pas chercher hors d'elle-même le sens de sa vie ; elle était délivrée de l'amour, de l'espoir, de cette présence étouffante qui depuis plus d'un an absorbait ses forces et son temps : tout était bien.
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Elle aimait parler aux objets inanimés, les caresser : ils n'exigeaient rien d'elle et ne se refusaient jamais. Souvent, malgré le parfum de roses, sous la douce clarté de sa lampe, elle sanglotait.
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Je voudrais des géants, il n'existe que des hommes.

*

La tristesse est un luxe immoral.

*

Il y a si peu d'êtres auxquels il soit doux de penser.

*

Ça, c'est l'avantage d'une éducation chrétienne, je me serais laissée violer sans penser à mal.

*

C'est justement la gratuité d'un acte qui lui donne du prix.
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Chantal inclina son visage vers le feu ; une grande émotion l'envahissait ; après tant de semaines de regrets arides, elle sentait soudain qu'elle n'avait pas été frustrée. Son action avait échoué, l'avenir ne lui avait pas docilement obéi ; mais voici qu'en échange un passé lui avait été donné ; dans l'ombre sereine de cette vieille maison, elle avait enfin rencontré ce qu'elle cherchait depuis si longtemps ; quelque chose qui n'appartînt qu'à elle seule et qu'on pût lui envier ; une belle et tragique histoire alourdirait à jamais sa vie ; désormais des ombres mystérieuses passeraient parfois sur son visage, ses gestes, ses paroles, auraient de subtiles résonances, et les regards qui se poseraient sur elle s'attarderaient longtemps, avides de percer son secret. La tête de Chantal se courba davantage ; il pesait lourd contre son cœur, ce merveilleux fardeau ; elle ne pouvait pas prévoir encore toutes les richesses qu'il lui dispenserait, mais elle se sentait déjà transfigurée par sa présence ; mieux qu'autrefois elle saurait aimer, comprendre, éclairer, consoler ; peut-être même serait-elle capable un jour de transformer sa douloureuse expérience en une œuvre de sereine beauté.
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Loin de Desroches, elle désirait sa venue si désespérément que sa gorge sèche, ses lèvres brûlantes lui faisaient mal ; quand il était là, cette présence lui paraissait étouffante. (…) Pendant qu'il parlait, Marcelle regardait avec désespoir ce corps étranger derrière lequel, précieuse, inaccessible, était murée une âme ; elle était si lasse d'elle-même qu'elle aurait voulu à jamais se perdre en lui. Mais deux êtres qui s'aiment, assis l'un à côté de l'autre, sont encore deux êtres solitaires ; Desroches ne paraissait pas pressentir cette tragédie.
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Mlle Olivier, qui avait dressé avec tant de soin le catalogue des livres réservés à la jeunesse, aurait été bien étonnée si elle avait su quel aliment fournissaient aux rêveries de sa nièce certains contes innocents, les récits édifiants du chanoine Schmidt. La cruauté de Barbe-Bleue, les épreuves infligées à la douce Grisélidis par un époux au cœur inquiet, la rencontre du duc de Brabant avec l'infortunée Geneviève, toute nue sous ses longs cheveux, remplissaient Marcelle d'un trouble extraordinaire ; elle s'enchantait inlassablement de cette histoire : une femme maltraitée par un maître superbe finit par conquérir son cœur à force de soumission et d'amour. Marcelle s'identifiait à cette héroïne qu'elle imaginait parfois innocente et méconnue, mais le plus souvent coupable d'une lourde faute, car elle aimait frissonner de repentir aux pieds d'un homme beau, pur et terrible. Il avait droit de vie et de mort sur elle et elle lui disait « Seigneur » ; il la faisait mettre nue devant lui et, pour monter sur son cheval richement caparaçonné, il se servait de son corps comme d'un marchepied. Elle prolongeait avec volupté ce moment où la tête courbée, le cœur empli d'adoration, d'une humilité passionnée, elle sentait un dur éperon écorcher son dos d'esclave.
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