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3,41

sur 735 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Liberté
- Intimité
- Décomplexée
- Immersion
- Humour
- Confessions
- Enquêtes
- Famille professionnelle
- Portraits
- Dérangeant
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Livre très intéressant, et surtout très bien écrit. J'ai failli ne pas le lire en voyant les critiques dithyrambiques d'un côté, et assassines de l'autre. Mais venant de terminer la BD d'une autre Emma sur la charge mentale ("Fallait demander" d'Emma) j'étais en veine de féminisme. Ces critiques acerbes sentaient bon le vieux machisme bien rance et les ressassements sur ces femmes qui feraient mieux de la fermer vu le travail qu'elles font, alors je me suis empressée d'acheter ce livre. J'ai beaucoup aimé l'humour carabin d'Emma Becker, cette crudité dans son rapport aux corps et à leurs incongruités qu'on retrouve tout à fait lorsque l'on fait des études médicales. Mais elle sait aussi y voir toute la beauté.
Certains veulent voir dans ce livre une apologie de la prostitution, alors que je n'y ai vu qu'une saine curiosité pour la femme, l'universelle. Je ne sais pas pourquoi, mais dès qu'une personne défend dans la prostitution la liberté de celles qui la pratiquent, on s'offusque tout de suite en brandissant l'exemple de celles qui l'exercent sous la contrainte dans des conditions catastrophiques. Et si on faisait pareil pour le travail ? Travailler, en général, ça serait mal parce que des gens sont esclaves ailleurs ? Mais c'est quoi en fait le problème? le problème c'est que la prostitution est à 80 % féminine, et que le sexe des femmes c'est là d'où sort la vie. Donc celles qui en font commerce incarnent le mal incarné, ou du moins, une zone de flou qui met les gens si mal à l'aise qu'ils veulent soit les enfermer, soit les éradiquer, soit les "ramener du bon côté", sans se demander si elles ne sont pas juste à la place qu'elles souhaitent occuper.
En tous cas, bravo à l'auteure qui n'a pas eu peur de s'immerger pour mieux se comprendre et comprendre les femmes, et qui a osé s'exposer dans ce livre.
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À 25 ans, Emma Becker veut à tout prix écrire un livre sur les femmes. Sur le fait d'en être une. Alors elle devient Justine, et part deux ans à Berlin, où les maisons closes sont autorisées, et devient une « pute », une femme payée pour être une femme, pour n'être que ça. Pour mener à bien son enquête sur ces femmes , pour pouvoir écrire ce récit au plus près de la réalité,elle décide d'être une des leurs. Sans détour, elle devient une prostituée, cette femme qui donne du plaisir aux hommes en se faisant payer,elle s'immerge dans ce monde pour nous le rendre le plus authentique possible.

Il fallait oser.
Oser le vivre.
Oser l'écrire.

L'auteure nous livre ici ses pensées, ainsi qu'une véritable réflexion sur la vie de ces femmes, sur ces « filles de joie », qui pratiquent « le plus vieux métier du monde, dans « La Maison », un endroit hors du temps, une bulle .
Dans ce lieu , elles se côtoient, se frôlent, parfois se confient , surtout s'entraident.
Ce lieu leur donne un sentiment de sécurité, et leur permet d'être indépendantes. Ce ne sont pas des prostituées de rue, et il n'y a pas de proxénète. Elles sont libres. Libres de leurs choix, libres de continuer ou d'arrêter. Elles ont leurs habitudes, leurs habitués.

Elle nous décrit bien sûr quelques passes, avec un langage souvent cru ; elle nous fait surtout part des coulisses de ces quotidiens de prostituées. Leurs différents ressentis face à des situations diverses. On est au plus près de chacune.

On sent vite, page après page, une réelle fascination pour chaque femme présente dans La Maison. Comme une contemplation de leurs corps, de leurs réactions, de leurs ressentis. Il y a chez Justine / Emma une forme aussi d'admiration de ces femmes, de la compréhension surtout. de la proximité.

Il y a aussi ces hommes, leurs désirs, ceux qui font peur, ceux qui rebutent, les idiots, les attendrissants, ceux qui respectent, ceux qui dégoûtent, ........ les habitués, les mariés, les jeunes pères, les hauts placés, .......

Un passage m'a particulièrement touchée : Justine s'imagine un jour dans la peau d'un homme ; et cet homme-là serait juste « beau » ..... Vraiment.

Le récit est rythmé à chaque début de chapitre, par une musique. Cette playlist donne un ton à la lecture.

La plume de l'auteure est assumée, franche, directe, à son image, libre. Elle comporte également de l'humour, et de la tendresse.

Il n'y a pas de vulgarité, pas de complaisance, pas de débat, pas de misère. Juste un point de vue, celui de Justine/Emma.

Emma Becker , grâce à son expérience retranscrite dans ce livre, rend un bel hommage à ces femmes qui ont fait ce choix de se prostituer, avec bienveillance et humanité.
Il s'agit d'une ode, à la femme, au corps de la femme, à la liberté d'en faire ce qu'elle veut.
Ce n'est pas tant la nécessité d'être une pute ou le choix d'en être une qui prédomine dans ce livre, c'est plutôt un hymne au fait d'assumer librement ses désirs, de femme, oser être une femme , avoir conscience de plaire, en jouer sans limite.
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J'ai toujours cru que j'écrivais sur les hommes. Avant de m'apercevoir que je n'écris que sur les femmes. Sur le fait d'en être une.

Dans ce dernier roman (mais s'agit-il d'un roman ou d'un récit ?) l'auteure parle d'une profession bien particulière : la prostituée, celle qui officie en maison close en Allemagne.

A Berlin, la narratrice commence son métier dans une maison pleine de jeunes filles de l'est rivée à leur smartphone en attendant le client. Mais cela ne lui convient pas.

Elle trouve alors La maison où chaque femme est libre de venir travailler ou pas, de refuser un client, de disparaître sans laisser d'adresse.

Il est vrai que la situation des prostituées est différentes en France, mais j'ai apprécié son analyse. Ce métier en appelle à la capacité des femmes à perdre leurs repères et à les retrouver tels qu'ils étaient à la même place (p.241).

Cette maison représente un endroit sur terre où ces femmes sont adorées, convoitées, réputées, flattées comme d'adorables despotes, (…) jalousées et acceptées (…°. Et c'est peut-être exactement le noeud du problème (p.249)

Peut-être que le jour où on offrira aux femmes des boulots convenablement payés, elles n'auront plus l'idée de baisser leur culotte pour compléter leurs fins de mois (p.255).

Le bordel est la part d'humilité inexorable de la société, l'homme et la femme réduits à leur plus stricte vérité – de la chair (p.356)

Elle m'a fait rire parfois, comme lorsque Paulette, archétype de l'Allemande, arrive au milieu de filles ukrainiennes.

J'ai été frappé par le rapport au temps de ces femmes qui attendent beaucoup. Parfois avec leurs camarades, parfois seules face à leur téléphone.

On sent dans ces pages, que la narratrice y a trouvé son bonheur pendant 2 ans. Et c'est là le principal.

L'image que je retiendrai :

Celle des beaux jours d'été à Berlin, à croire qu'il n'y a pas d'hiver.
Lien : https://alexmotamots.fr/la-m..
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Justine est partie vivre deux ans à Berlin, vivre une vie de prostituée et d'écrivaine, attirée par les mécanismes et la beauté du désir, aimantée par les ambiances capiteuses et les maisons closes, fascinée d'abord par les femmes qui choisissent le métier du plaisir et du don de soi. D'abord au Manège, maison tenue de main ferme, elle observe ses camarades, tente toujours de les comprendre, mais fuit quand la peur devient trop forte et le bénéfice insuffisant au regard du risque et de l'irrespect. C'est alors qu'elle entame une période au sein de la Maison, et ne la quittera avec regrets qu'à sa fermeture.

Ce roman est impressionnant de sincérité, de vie et de passion. Il réussit là sa mission : Emma Becker donne ses mots à ses consoeurs qui oeuvrent dans l'ombre, dans la nuit souvent, dans l'indifférence méprisante généralement. Sans concessions elle écrit ses expériences, elle décrit les filles avec l'humanité de son regard, en relatant de façon fine ce qui lui a été raconté. Ce n'est pas un livre sur le ton d'un documentaire en immersion, ou vis ma vie de .... C'est beaucoup plus subtil, beaucoup plus tranchant, beaucoup plus rageux aussi. Il y a les hommes qu'on tolère, ceux qu'on oublie, ceux qu'on évite, ceux qu'on craint, ceux qui nous touchent. Elle règle aussi ses comptes avec certains, parce que l'empathie, la modestie, le respect et l'hygiène ne sont des valeurs universelles chez les clients. Mais il y a les femmes, leur force et leur liberté conquise de façon anti-conformiste. Et cela suffit à la motiver pour revenir, pour continuer à écrire, pour s'émerveiller.

Beaucoup de sororité, de bienveillance féminine, l'envie de continuer à décrier le trafic humain, la prostitution de rue par les réseaux, mais d'ouvrir les yeux et appeler à la tolérance pour les maisons closes qui pour certaines d'entre elles offrent des conditions de travail décentes pour des femmes qui s'y rendent par choix, libres d'y rester de longues heures ou non, soutenues face à des comportements abjects, en sécurité, où elles peuvent considérer les autres filles comme des collègues et non des rivales.

La Maison surprend par son courage, sa mise-à-nu, la richesse de ses réflexions. Petit bémol parfois sur la forme, les propos se précipitent, la structure de l'ouvrage parfois en pâtit avec quelques inégalités dans les chapitres. Mais il résonne, résonnera longtemps en moi, et je reste admirative.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Magnifique; rappelle qu'être littéraire est un accès à la connaissance de la sensualité relevée d'érotisme, à la manipulation des mots de la belle langue piquée de vulgarité. Touchant et pudique, claquant et cru, sur un métier et un lieu qui sont au coeur-même des fantasmes et de la fascination, surtout de ceux qui s'en défendent.


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«J'ai toujours cru que j'écrivais sur les hommes. Avant de m'apercevoir que je n'écris que sur les femmes. Sur le fait d'en être une. Écrire sur les putes, qui sont payées pour être des femmes, qui sont vraiment des femmes, qui ne sont que ça ; écrire sur la nudité absolue de cette condition, c'est comme examiner mon sexe sous un microscope. Et j'en éprouve la même fascination qu'un laborantin regardant des cellules essentielles à toute forme de vie.»
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Roman des plus troublant vu son sujet : la prostitution.
L'auteur ns fait le récit des 2 ans qu'elle a passé ds des maisons closes de Berlin dans le but d'écrire sur la prostitution. Mais ça n'est pas un reportage, non, puisqu'elle s'est elle même prostituée pour écrire un roman qui ne soit pas seulement un reflet de la réalité mais la réalité elle même. Cette activité étant illégale en France, il est difficile d'en avoir une idée autre que celle véhiculée par les romans classiques ou les reportages en caméra cachée. Pourtant, au fil des pages, Emma Becker réussit le pari osé de transformer un sujet tabou en un fabuleux récit décrivant avec humanité et bienveillance, une sororité qui se défend des clichés selon lesquels monnayer son corps c'est faire le choix de la facilité &/ou de déviance. de façon habile, sans vulgarité, elle fait l'éloge de la femme et du désir féminin. C'est un roman d'amour et de bonté ds lequel la femme prend une place centrale et qui oblige le lecteur à reconsidérer la position de la femme dans l'imaginaire collectif...
"Ceci n'est pas une apologie de la prostitution. Si c'est une apologie c'est celle de la Maison, celle des femmes qui y travaillent, celle de la bienveillance. On n'écrit pas assez de livres sur le soin que les gens prennent de leurs semblables".
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Je ne voulais pas quitter la Maison, j'ai été transportée par ce mélange de reportage et romance.
La plume d'Emma qui vient nous décrire chacune des protagonistes de cette maison close, mais aussi les
« clients ».
Une beauté on a envie de rencontrer chacune de ses femmes, de passer une journée à leur côté.
Une vision de la prostitution séduisante, sensible et extravagante.
Mais aussi l'envers du décor de ces Madametoutlemonde, une fois franchie la porte de la Maison.
Ne vous y méprenez pas, l'auteur vous emmènera également dans la dépravation de certains consommateurs de ses lieux mais aussi dans ses maisons douteuses…
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Un formidable témoignage sur un univers très peu approché sous cet angle.

La prostitution est un sujet complexe, indispensable, qui mérite plus que les clichés éculés qui l'entourent.

Ici, l'humour, la lucidité, la finesse sociologique, et surtout l'amour d'Emma Becker pour ces femmes nous prennent totalement à revers.
L'autrice bouscule avec pertinence nos certitudes sur une profession complexe, pratiquée par des femmes ordinaires et fascinantes.

Il faut aussi saluer son style exceptionnel, qui a lui seul vaut la lecture du livre. Il est devenu rare dans la littérature contemporaine de trouver des livres vraiment bien écrits. Emma Becker, en plus d'être la talentueuse chroniqueuse de ces lieux où les besoins des hommes se libèrent, fait avec ce livre oeuvre de littérature.
Rien que pour cela ça vaut 5 étoiles.
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"Ce qui vous blesse dans la pute, c'est de savoir qu'elle simule, et que ça vous fasse jouir quand même."
Les bases sont posées.
La Maison d'Emma Becker est parfois cru, parfois drôle, parfois triste. Mais il est plein de vie, de sentiments, d'histoire et d'anecdotes croustillantes.
J'ai découvert ce livre par une vidéo de Konbini. L'autrice expliquait que la meilleure manière pour elle d'écrire un livre sur les putes était d'hanter ces lieux. Alors elle y est allée. Elle a donc vécu deux ans dans une maison close de Berlin.
Et puis j'ai oublié le titre et l'autrice. Les dieux étant avec moi, j'ai eu la chance de la rencontrer lors du festival des livres sur les quais à Morges (Suisse). Elle rayonnait en me présentant son livre, alors je me suis embarquée dans cette aventure, au coeur de la luxure allemande.
J'ai déjà un intérêt particuliers pour les "lieux de débauches" et leur idées préconçues par la société. Et j'ai eu largement mon compte dans ce romans. Son authenticité est accrocheur. Ce n'est pas une fiction, on parle des sentiments de l'autrice, des bons comme des mauvais jours, des choix et concessions à faire, … Et plus encore, on parle d'un métier. Un métier auquel on est content d'aller, mais pas tous les jours. Un métier avec des collègues, avec des patrons, avec des clients. C'est cette vision-là du métier que j'ai le plus apprécié dans La Maison. Je vous mentirais si je disais que certaines scènes ne sont pas titilleuses, accrocheuses, étonnantes et font résonner en nous des expériences, des questions ou parfois des songes inavoués.

C'est un livre d'ambiance. Il n'y a pas vraiment d'intrigue et les scènes sont racontées de manière très explicite. Cela peut plaire (tel est mon cas) ou non.
Dans tous les cas, il est très intéressant d'entrer au coeur de la maison close et de la prostitution telle que nous ne l'imaginions pas.
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