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sur 735 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Emma est une jeune femme de 25 ans qui s'interroge beaucoup sur un peu tout, mais surtout sur les hommes. Pour construire une réflexion plus profonde sur son sujet, elle pose les prémisses de l'objectivation des femmes par les hommes à travers la sexualité. Pour y répondre, plutôt que d'interroger les unes et les autres, elle s'engage dans une maison close à Berlin, dans laquelle elle va travailler deux ans.
D'aucun.es diront que c'est pousser le bouchon un peu loin que de vendre son corps pour trouver des réponses à des questions existentielles, et peut-être qu'avant de lire ce livre, je faisais partie de ces femmes qui pensent cela. Tout est différent depuis que j'ai terminé le livre. Non que j'ai trouvé des réponses, mais j'y ai trouvé des pistes.
Ce « drôle de reportage » de l'intérieur (dont je ne suis pas sûre qu'il remporte l'adhésion de la guilde des journalistes…) est vibrant. Dans cette maison, les clients sont souvent des familiers, qui préfèrent payer un service plutôt que d'avoir des sentiments ou des devoirs - ce qu'une femme ou une amante les obligerait à avoir, il y en a même qui s'attachent, déclenchant alors mépris et répulsion de la prestataire, qui n'est là que pour travailler. Dans ces échanges entre femmes et hommes, ces derniers ne sont pas des anges mais pas des démons non plus, et les femmes, qui travaillent pour gagner leur vie et non pour le plaisir, ne sont pas dénuées de caractère et de défauts, savent aussi reconnaître la misère dans l'autre qui vient pour s'amuser ou pour soulager une envie ou une douleur.
En bref, ce roman est un superbe témoignage de la nature humaine, sans faux-semblants, sans mensonges, sans angélisme, souvent cru mais pas sale.
À lire pour comprendre.
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Emma Becker passe deux ans dans une maison close à Berlin. Ce livre est issu de cette expérience et relate sans jugement et avec beaucoup de sincérité ce qu'elle a vécu. Aussi bien les relations fortes qu'elle a tissées au sein de la Maison que les moments plus difficiles. Des moments difficiles notamment avec une clientèle qui est bien souvent le reflet d'une société patriarcale et misogyne, avec des hommes centrés sur eux. L'autrice dresse un tableau réaliste de la prostitution et en fait un sujet à part entière, un sujet dont on parle peu. le désir des femmes, ce que représente la prostitution dans la société ou bien encore le rapport au corps et plus particulièrement au corps des femmes sont autant de questionnements qui cheminent au fil de son expérience. Un livre très bien écrit où le ton d'Emma Becker lui permet de s'adresser au lecteur sans détour.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Je mets 5 étoiles à ce livre car en plus de ses qualités littéraires, il détonne dans la production contemporaine ! Voilà une jeune femme qui décide de se prostituer pour pouvoir écrire honnêtement sur le sujet. C'est une attitude morale, voilà tout. Une morale liée à l'amour d'Emma Becker pour la littérature. Et peut être aussi, de façon ambigüe, d'un amour du pouvoir sur les hommes. Et bien moi ça me change de tous ces livres d'homme sur le sujet, déjà. Et ensuite de ces propos de femmes qui s'évanouissent devant le fait de se prostituer. C'est terrifiant en tant que femme de constater que le féminisme est devenu puritain. Car c'est bien ça le problème. Rien n'est simple et le roman est une bonne occasion de voir la complexité des relations entre clients et prostituées. A conseiller sans modération.
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Je tente une critique à postériori, ayant lu le livre il y a quelques temps déjà.
Fabuleuse immersion dans le monde de la prostitution là où il est un métier encore autorisé, et non relégué hypocritement aux marges de la légalité avec tout ce que cela implique de violences et d'exploitation. L'autrice, Emma Becker (que je croyais allemande, mais visiblement elle écrit en français) a rejoint une "maison close" plutôt ouverte d'esprit à Berlin. Rassemblement de travailleuses indépendantes, il pourrait presque s'agir d'un espace de coworking si le travail en question n'était pas si particulier...
Ironie mise à part je garde un souvenir très ému de ce livre qui fait entrevoir l'humanité de ce métier et de celles qui le pratiquent, quand elles en font un choix. Evidemment en tant qu'homme il est tentant de se dire que ce "modèle" de prostitution serait souhaitable, voire même si l'on est cynique, "utile" à la société... Mais ne généralisons pas l'expérience dans cette Maison à l'ensemble des maisons closes allemandes, Emma Becker nous décrit également très bien l'industrie de domination et d'esclavagisme qui sévit dans d'autres maisons aux propriétaires d'un autre siècle.
Alors que faire de cette lecture ? Ouvrir les yeux et changer de regard sur les putes (Emma Becker tient à ce mot), leurs clients et leur métier. Ne plus le considérer comme quelque chose qu'on ne veut pas voir et qui se réveille la nuit à l'orée des bois où nos filles ont fait du cheval le jour.
Comprendre aussi la puissance, évoque par l'autrice dans une interview, dont y jouissent les femmes par leur érotisme, capable de "mettre un monde à genoux"
On repense à tant de prostituées et d'autres femmes qui à travers l'histoire et par leur pouvoir sexuel ont mis le pouvoir politique à genoux...
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Je vais immédiatement évacuer la question qui avait fait polémique à la sortie : est-ce que ce livre romantise trop la prostitution. Ma réponse : on s'en fout. Je ne suis ni pour ni contre l'abolition de la prostitution, je ne suis pas assez renseignée sur le sujet, j'ai entendu des avis des deux côtés très convaincants et la vérité, c'est que je n'ai aucune (mais aucune) opinion là-dessus, je ne suis pas qualifiée pour parler à leur place. Et c'est là où ça me fait grincer des dents : accuser ce livre de vendre une image d'Epinal de la prostitution, c'est faire taire une femme, et son ressenti. Emma Becker a vécu les choses de cette manière (loin de donner envie, ce qui est tout de même un comble quand on lit certaines critiques).

La question qu'il nous reste à nous, lecteurs ? La littérature ! Est-ce que La Maison est un bon livre ? Oui, six fois oui ! Il y a un amour de ces femmes, et des lieux qui ne peut qu'être communicative. La forme est délicieusement digressive. Passé, présent, futur se mélangent au gré des pensées de l'auteur, qui nous tient la main pour visiter ce bordel. On voit ce qui peut se faire de mieux, et de pire, on voit la bestialité, la tendresse aussi. Et surtout la vie. La langue ? Aussi belle que l'exige le sujet. C'est quand elle furète dans les jupons qu'elle excelle. Parfois mordante, souvent caressante, toujours pleine d'amour et de compréhension. On sent le recul de l'écrivain, qui se protège de son statut comme d'une carapace (et depuis que j'écris, combien de fois je me suis rassurée devant une situation déplaisante (« matière à écrire »). C'est donc aussi une réflexion sur l'écriture, sur ce qu'on est prêt à sacrifier (si c'en est un, ce dont je doute après lecture).

Loin des clichés (et finalement des vraies images d'Epinal de la prostitution), elle nous prouve, nous démontre, que ces filles, ça pourrait être n'importe qui. Nous interroger, nous faire douter, nous faire vivre un monde inaccessible où chaque geste, chaque odeur se dessine devant nous, c'est déjà bien. Mais rendre hommage à ces femmes avec la gourmandise d'un Maupassant (Zola aussi est cité, me faisant penser à son effroi devant la Femme, la Nana impériale qui flambe beauté et argent, coup de tête sur coup de tête, angoisse de la castration dirait Freud, mais cela ne nous regarde pas (fermeture de la digression dans la digression), dans une société ou le sexe transpire sans laisser d'odeur, chapeau !
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Gros coup de coeur pour un étonnant livre audacieux qui suscite un mélange de surprises, d'interrogations, d'intérêt. Une enquête immersive dans une maison close. Un sujet qui ne laisse pas indifférent, trouble, excite la curiosité.
Ce récit, la maison de Emma Becker est réellement et totalement hypnotique. L'auteure s'est littéralement donnée corps et âme pour ce livre. Elle s'est semble t'il, sacrifiée pour mener à bout son projet littéraire.

Une question reste en suspens quand même à la lecture de ce livre, est ce que l'écriture était vraiment le but de cette plongée dans la prostitution de la part de l'auteure? Ou bien n'était ce pas une manière aussi d'assouvir des désirs cachés, refoulés...tenter une expérience interdite.

Un récit écrit dans un style brut, assez lapidaire, teinté d'empathie et parfois de cynisme. L'auteure brise les tabous, envoie promener les préjugés... Et parle avec ces mots, son ressenti, son style littéraire du plus vieux métier du monde.

Elle évoque même le désir sexuel de ces femmes qui ,vendent leur corps pour de l'argent
Emma adepte du gonzo journalisme, qui avait de nombreux amants est devenu Justine aux multiples clients dans un "bordel bourgeois" Allemand.

Les portraits de femmes, de ses voisines de chambre se succèdent tout au long du récit. Aucun voyeurisme, aucun racolage dans ce roman, même les scènes glauques, salaces. ragoûtantes sont distillées avec art et doigté.
Les exemples fourmillent dans ce livre, comme ce jeune homme timide qui vient apprendre comment faire un cunnilingus.

On sent qu'Emma a aimé ses deux ans passés dans cette maison close berlinoise., sans pour autant faire l'apologie de la prostitution.....
elle raconte son intime la bas, son vécu de l'intérieur, cette misère sexuelle des hommes et leurs vulnérabilités....

Quelques scènes magistrales, piquantes, drôles, choquantes sont les petits plus de ce roman...
Alors venez plonger dans la maison, lieu de tous les fantasmes où à contre courant pour nous les prostituées ne sont pas dépeintes comme des victimes exploitées.

Emma Becker avec son roman est Lauréate du prix Blù Jean Marc Roberts 2019
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Les maisons closes vous fascinent, vous vous demandez ce qu'il se passe dans l'intimité de leurs chambres, qui sont les clients mais plus encore qui sont ces filles ?

Emma Becker souhaitait écrire sur ce haut lieu de fantasme et est donc partie à Berlin, ville où la prostitution est légalisée, pendant deux ans au sein d'une de ces fameuses maisons.

Ce livre n'est pas une romance érotique, pas tout à fait une enquête ni un roman. La force de ce texte est de sortir des sentiers battus, de faire entrer le lecteur dans le fourmillement de cette vie où donner son corps est à la fois d'un naturel si déconcertant et si difficile parfois.
Emma Becker ne fait ni l'apologie de la prostitution ni son procès, elle évoque simplement ce qu'elle a vécue et la réalité de ces filles. Elle leur redonne une voix en écrivant leur histoire et leur personnalité. Avec humour et tendresse, elle les observe. Ce regard qu'elle leur porte est presque celui d'une amante et nous tombons sous le charme des femmes et non des putes. Mais loin de l'image idéalisée d'une prostituée de haut standing, Emma Becker nous livre le versant sombre de ses expériences. Les clients ont aussi la part belle, entre les habitués et leurs manies, ceux de passage et leurs exigences, ceux qui tombent amoureux après deux rendez-vous, les personnalités sont multiples.

C'est un véritable roman de société que nous livre l'autrice, une tranche de vie qui exprime tellement de nos moeurs et de la place de chacun. de cette société hyper-sexualisée où paradoxalement en parler plus ne rend pas les choses plus facile.

Un livre dans lequel l'autrice laisse volontairement la place aux autres pour mieux se raconter et nous révéler ses pensées. Un livre à multiples facettes tant dans la forme que dans le contenu. Un texte travaillé tout en étant cru et brut, sans phare. Une belle prouesse littéraire et à la fois un journal intime. Entrez dans La Maison

Je remercie vivement la maison d'édition pour l'envoi de ce livre !
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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Au regard des chroniques que je pouvais lire de-ci-de-là, j'avais le choix : entrer dans la tête d'un tueur norvégien ou dans celle d'une prostituée française. En gros, ça revenait à choisir une lecture avec ou sanglant. Ni une, ni deux, je pénétrai donc La Maison d'Emma Becker et par là même les coulisses du désir féminin. Mais pas que.
C'est l'histoire d'une meuf, Emma. Elle est écrivaine. le sexe l'attire, son mec aussi. Ils font l'amour à chaque fois qu'ils baisent mais le défont juste après. Elle aime le cul, y a pas à tortiller. le milieu de la prostitution lui fait donc de l'oeil. Et c'est pour raconter avec le plus de réalisme possible le quotidien d'une prostituée qu'elle tente l'immersion dans un bordel allemand. Elle n'y sera pas que spectatrice. Elle y sera Justine. Pendant deux ans. Une pute parmi les putes. Une femme payée pour être une femme, pour n'être que ça. La petite Française de la Maison, cette maison close berlinoise où les femmes vendent leur pipe avec autant de serviabilité que la buraliste son paquet de Gauloise sans filtre.
Et s'il y a un récit où les filtres sont également passés à la trappe, c'est bien dans La Maison. On y écarte les cuisses comme on vous ouvre le menu en vous proposant le plat du jour. Les mots sont crus, comme les actes. La musique des couloirs accompagne les gémissements des chambres. Ça sent le citron et la soupe, la cyprine et le sperme. Et c'est beau.
On n'y glorifie pas la prostitution, on ne la dénigre pas non plus. La plume est tendre, drôle, jamais misérabiliste. Elle dresse d'admirables portraits de femmes et d'hommes où la faiblesse de la bite se confronte à la force de la chatte, où le pathétique n'est l'apanage ni de l'une ni de l'autre. Ça sonne juste. Des scènes magistrales font de délicieux moments de lecture, je pense, entre autres à l'incroyable scène d'amour en sous-bois ou la jubilatoire leçon de cunnilingus !
Enfin, c'est aussi une réflexion passionnée, tourmentée sur le travail d'auteur et sur le projet-livre. Emma Becker a travaillé d' "arrache-cul", elle y a mis son coeur, ses tripes, ça se sent, ça se lit. Quel putain de bouquin !
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En fermant l'histoire de ces femmes fascinantes, on ne sait trop quelle opinion avoir (d'ailleurs Becker le dit ouvertement, sa situation était spéciale, dans la Maison (?), et cela n'aurait pas eu le même ton si elle n'avait pas déguerpi de son premier choix).
Car il est faux de croire que cela ne l'a pas affectée durement et il est faux de croire que cela n'a pas affecté sa vie d'une douce quiétude, comme un rêve nostalgique figé temporellement dont la lumière doucereuse fait danser la candeur des figures la composant.
On s'attardera donc sur la grandeur qu'elle réattribue à ces femmes sacrifiées (?) au dysfonctionnement primitif de notre société. Sans omettre les épisodes rudes ou angoissants, sans omettre les situations belles ou amusantes. C'est un tout complexe, constituant l'extrême de l'existence dans ce qu'elle a de plus fort ou de plus apathique. Comme la sexualité. Qu'on leur confisque paradoxalement. Fatalité, vraiment ?
Entre mépris, désintérêt et empathie pour l'autre bord du chèque, ces être tracent leur chemin marginal dans un brouillard du lendemain alors que cette voie devrait être garante de l'accès aux portes célestes si l'empreinte indélébile du christianisme était cohérente.
Franchement j'écris n'importe quoi, et de base ma démarche est une erreur car il faut arrêter de parler à leur place. De décider à leur place.
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Emma Becker a travaillé pendant deux ans dans une maison close berlinoise pour écrire son livre La Maison. Une immersion fascinante dans le monde des prostituées et dans leur quotidien.

Quoi de mieux pour parler des prostituées que de les côtoyer tous les jours, de pouvoir réellement se mettre à leur place et d'être au contact de leurs clients ? Emma Becker a donc été sous couverture à la Maison pendant deux ans, où elle se faisait appeler Justine. Elle a satisfait des centaines de clients, a fumé des milliers de cigarettes avec ses collègues et a fait le plein d'anecdotes qu'elle raconte à son lecteur, autant qu'à elle-même. A la lecture du roman, on sent que l'écriture est guidée par la nostalgie qui emplit l'autrice au souvenir de ces deux années, en même temps que par des considérations plus sociales sur les conditions de vie et de travail des prostituées.


« En un soir j'avais saisi tout ce qui avait inspiré des ouvrages si tristes sur la prostitution. Et par fierté, parce qu'il était hors de question que je ponde un bouquin naïf ou misérabiliste ou pis, un bouquin qui n'aurait effleuré qu'une facette de ce travail, je me suis persuadée qu'il y aurait quelque chose de beau ou de drôle à écrire, même s'il fallait racler le fond du fond. J'espérais que ma voix rendrait humaine la réalité de la prostitution – parce que les livres ont ce pouvoir -, même si moi seule me battais pour ce mensonge-là. » L'honnêteté d'Emma Becker dans La Maison est frappante : elle se met à nu, littéralement, afin de dépeindre avec vérité la vie de femmes qui sont socialement et moralement rejetées. Elle nous entraîne à sa suite dans ses expériences, d'abord dans une maison close où elle ne se sent pas à l'aise, où elle n'a que peu de contacts avec ses collègues et où elle se sent parfois même en danger, et ensuite dans une autre qu'elle adopte complètement.
Lien : http://untitledmag.fr/rentre..
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