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3,41

sur 735 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne voulais pas quitter la Maison, j'ai été transportée par ce mélange de reportage et romance.
La plume d'Emma qui vient nous décrire chacune des protagonistes de cette maison close, mais aussi les
« clients ».
Une beauté on a envie de rencontrer chacune de ses femmes, de passer une journée à leur côté.
Une vision de la prostitution séduisante, sensible et extravagante.
Mais aussi l'envers du décor de ces Madametoutlemonde, une fois franchie la porte de la Maison.
Ne vous y méprenez pas, l'auteur vous emmènera également dans la dépravation de certains consommateurs de ses lieux mais aussi dans ses maisons douteuses…
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Un formidable témoignage sur un univers très peu approché sous cet angle.

La prostitution est un sujet complexe, indispensable, qui mérite plus que les clichés éculés qui l'entourent.

Ici, l'humour, la lucidité, la finesse sociologique, et surtout l'amour d'Emma Becker pour ces femmes nous prennent totalement à revers.
L'autrice bouscule avec pertinence nos certitudes sur une profession complexe, pratiquée par des femmes ordinaires et fascinantes.

Il faut aussi saluer son style exceptionnel, qui a lui seul vaut la lecture du livre. Il est devenu rare dans la littérature contemporaine de trouver des livres vraiment bien écrits. Emma Becker, en plus d'être la talentueuse chroniqueuse de ces lieux où les besoins des hommes se libèrent, fait avec ce livre oeuvre de littérature.
Rien que pour cela ça vaut 5 étoiles.
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Je tente une critique à postériori, ayant lu le livre il y a quelques temps déjà.
Fabuleuse immersion dans le monde de la prostitution là où il est un métier encore autorisé, et non relégué hypocritement aux marges de la légalité avec tout ce que cela implique de violences et d'exploitation. L'autrice, Emma Becker (que je croyais allemande, mais visiblement elle écrit en français) a rejoint une "maison close" plutôt ouverte d'esprit à Berlin. Rassemblement de travailleuses indépendantes, il pourrait presque s'agir d'un espace de coworking si le travail en question n'était pas si particulier...
Ironie mise à part je garde un souvenir très ému de ce livre qui fait entrevoir l'humanité de ce métier et de celles qui le pratiquent, quand elles en font un choix. Evidemment en tant qu'homme il est tentant de se dire que ce "modèle" de prostitution serait souhaitable, voire même si l'on est cynique, "utile" à la société... Mais ne généralisons pas l'expérience dans cette Maison à l'ensemble des maisons closes allemandes, Emma Becker nous décrit également très bien l'industrie de domination et d'esclavagisme qui sévit dans d'autres maisons aux propriétaires d'un autre siècle.
Alors que faire de cette lecture ? Ouvrir les yeux et changer de regard sur les putes (Emma Becker tient à ce mot), leurs clients et leur métier. Ne plus le considérer comme quelque chose qu'on ne veut pas voir et qui se réveille la nuit à l'orée des bois où nos filles ont fait du cheval le jour.
Comprendre aussi la puissance, évoque par l'autrice dans une interview, dont y jouissent les femmes par leur érotisme, capable de "mettre un monde à genoux"
On repense à tant de prostituées et d'autres femmes qui à travers l'histoire et par leur pouvoir sexuel ont mis le pouvoir politique à genoux...
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"Ce qui vous blesse dans la pute, c'est de savoir qu'elle simule, et que ça vous fasse jouir quand même."
Les bases sont posées.
La Maison d'Emma Becker est parfois cru, parfois drôle, parfois triste. Mais il est plein de vie, de sentiments, d'histoire et d'anecdotes croustillantes.
J'ai découvert ce livre par une vidéo de Konbini. L'autrice expliquait que la meilleure manière pour elle d'écrire un livre sur les putes était d'hanter ces lieux. Alors elle y est allée. Elle a donc vécu deux ans dans une maison close de Berlin.
Et puis j'ai oublié le titre et l'autrice. Les dieux étant avec moi, j'ai eu la chance de la rencontrer lors du festival des livres sur les quais à Morges (Suisse). Elle rayonnait en me présentant son livre, alors je me suis embarquée dans cette aventure, au coeur de la luxure allemande.
J'ai déjà un intérêt particuliers pour les "lieux de débauches" et leur idées préconçues par la société. Et j'ai eu largement mon compte dans ce romans. Son authenticité est accrocheur. Ce n'est pas une fiction, on parle des sentiments de l'autrice, des bons comme des mauvais jours, des choix et concessions à faire, … Et plus encore, on parle d'un métier. Un métier auquel on est content d'aller, mais pas tous les jours. Un métier avec des collègues, avec des patrons, avec des clients. C'est cette vision-là du métier que j'ai le plus apprécié dans La Maison. Je vous mentirais si je disais que certaines scènes ne sont pas titilleuses, accrocheuses, étonnantes et font résonner en nous des expériences, des questions ou parfois des songes inavoués.

C'est un livre d'ambiance. Il n'y a pas vraiment d'intrigue et les scènes sont racontées de manière très explicite. Cela peut plaire (tel est mon cas) ou non.
Dans tous les cas, il est très intéressant d'entrer au coeur de la maison close et de la prostitution telle que nous ne l'imaginions pas.
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Emma est une jeune femme de 25 ans qui s'interroge beaucoup sur un peu tout, mais surtout sur les hommes. Pour construire une réflexion plus profonde sur son sujet, elle pose les prémisses de l'objectivation des femmes par les hommes à travers la sexualité. Pour y répondre, plutôt que d'interroger les unes et les autres, elle s'engage dans une maison close à Berlin, dans laquelle elle va travailler deux ans.
D'aucun.es diront que c'est pousser le bouchon un peu loin que de vendre son corps pour trouver des réponses à des questions existentielles, et peut-être qu'avant de lire ce livre, je faisais partie de ces femmes qui pensent cela. Tout est différent depuis que j'ai terminé le livre. Non que j'ai trouvé des réponses, mais j'y ai trouvé des pistes.
Ce « drôle de reportage » de l'intérieur (dont je ne suis pas sûre qu'il remporte l'adhésion de la guilde des journalistes…) est vibrant. Dans cette maison, les clients sont souvent des familiers, qui préfèrent payer un service plutôt que d'avoir des sentiments ou des devoirs - ce qu'une femme ou une amante les obligerait à avoir, il y en a même qui s'attachent, déclenchant alors mépris et répulsion de la prestataire, qui n'est là que pour travailler. Dans ces échanges entre femmes et hommes, ces derniers ne sont pas des anges mais pas des démons non plus, et les femmes, qui travaillent pour gagner leur vie et non pour le plaisir, ne sont pas dénuées de caractère et de défauts, savent aussi reconnaître la misère dans l'autre qui vient pour s'amuser ou pour soulager une envie ou une douleur.
En bref, ce roman est un superbe témoignage de la nature humaine, sans faux-semblants, sans mensonges, sans angélisme, souvent cru mais pas sale.
À lire pour comprendre.
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Emma Becker passe deux ans dans une maison close à Berlin. Ce livre est issu de cette expérience et relate sans jugement et avec beaucoup de sincérité ce qu'elle a vécu. Aussi bien les relations fortes qu'elle a tissées au sein de la Maison que les moments plus difficiles. Des moments difficiles notamment avec une clientèle qui est bien souvent le reflet d'une société patriarcale et misogyne, avec des hommes centrés sur eux. L'autrice dresse un tableau réaliste de la prostitution et en fait un sujet à part entière, un sujet dont on parle peu. le désir des femmes, ce que représente la prostitution dans la société ou bien encore le rapport au corps et plus particulièrement au corps des femmes sont autant de questionnements qui cheminent au fil de son expérience. Un livre très bien écrit où le ton d'Emma Becker lui permet de s'adresser au lecteur sans détour.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Je vais immédiatement évacuer la question qui avait fait polémique à la sortie : est-ce que ce livre romantise trop la prostitution. Ma réponse : on s'en fout. Je ne suis ni pour ni contre l'abolition de la prostitution, je ne suis pas assez renseignée sur le sujet, j'ai entendu des avis des deux côtés très convaincants et la vérité, c'est que je n'ai aucune (mais aucune) opinion là-dessus, je ne suis pas qualifiée pour parler à leur place. Et c'est là où ça me fait grincer des dents : accuser ce livre de vendre une image d'Epinal de la prostitution, c'est faire taire une femme, et son ressenti. Emma Becker a vécu les choses de cette manière (loin de donner envie, ce qui est tout de même un comble quand on lit certaines critiques).

La question qu'il nous reste à nous, lecteurs ? La littérature ! Est-ce que La Maison est un bon livre ? Oui, six fois oui ! Il y a un amour de ces femmes, et des lieux qui ne peut qu'être communicative. La forme est délicieusement digressive. Passé, présent, futur se mélangent au gré des pensées de l'auteur, qui nous tient la main pour visiter ce bordel. On voit ce qui peut se faire de mieux, et de pire, on voit la bestialité, la tendresse aussi. Et surtout la vie. La langue ? Aussi belle que l'exige le sujet. C'est quand elle furète dans les jupons qu'elle excelle. Parfois mordante, souvent caressante, toujours pleine d'amour et de compréhension. On sent le recul de l'écrivain, qui se protège de son statut comme d'une carapace (et depuis que j'écris, combien de fois je me suis rassurée devant une situation déplaisante (« matière à écrire »). C'est donc aussi une réflexion sur l'écriture, sur ce qu'on est prêt à sacrifier (si c'en est un, ce dont je doute après lecture).

Loin des clichés (et finalement des vraies images d'Epinal de la prostitution), elle nous prouve, nous démontre, que ces filles, ça pourrait être n'importe qui. Nous interroger, nous faire douter, nous faire vivre un monde inaccessible où chaque geste, chaque odeur se dessine devant nous, c'est déjà bien. Mais rendre hommage à ces femmes avec la gourmandise d'un Maupassant (Zola aussi est cité, me faisant penser à son effroi devant la Femme, la Nana impériale qui flambe beauté et argent, coup de tête sur coup de tête, angoisse de la castration dirait Freud, mais cela ne nous regarde pas (fermeture de la digression dans la digression), dans une société ou le sexe transpire sans laisser d'odeur, chapeau !
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Justine est partie vivre deux ans à Berlin, vivre une vie de prostituée et d'écrivaine, attirée par les mécanismes et la beauté du désir, aimantée par les ambiances capiteuses et les maisons closes, fascinée d'abord par les femmes qui choisissent le métier du plaisir et du don de soi. D'abord au Manège, maison tenue de main ferme, elle observe ses camarades, tente toujours de les comprendre, mais fuit quand la peur devient trop forte et le bénéfice insuffisant au regard du risque et de l'irrespect. C'est alors qu'elle entame une période au sein de la Maison, et ne la quittera avec regrets qu'à sa fermeture.

Ce roman est impressionnant de sincérité, de vie et de passion. Il réussit là sa mission : Emma Becker donne ses mots à ses consoeurs qui oeuvrent dans l'ombre, dans la nuit souvent, dans l'indifférence méprisante généralement. Sans concessions elle écrit ses expériences, elle décrit les filles avec l'humanité de son regard, en relatant de façon fine ce qui lui a été raconté. Ce n'est pas un livre sur le ton d'un documentaire en immersion, ou vis ma vie de .... C'est beaucoup plus subtil, beaucoup plus tranchant, beaucoup plus rageux aussi. Il y a les hommes qu'on tolère, ceux qu'on oublie, ceux qu'on évite, ceux qu'on craint, ceux qui nous touchent. Elle règle aussi ses comptes avec certains, parce que l'empathie, la modestie, le respect et l'hygiène ne sont des valeurs universelles chez les clients. Mais il y a les femmes, leur force et leur liberté conquise de façon anti-conformiste. Et cela suffit à la motiver pour revenir, pour continuer à écrire, pour s'émerveiller.

Beaucoup de sororité, de bienveillance féminine, l'envie de continuer à décrier le trafic humain, la prostitution de rue par les réseaux, mais d'ouvrir les yeux et appeler à la tolérance pour les maisons closes qui pour certaines d'entre elles offrent des conditions de travail décentes pour des femmes qui s'y rendent par choix, libres d'y rester de longues heures ou non, soutenues face à des comportements abjects, en sécurité, où elles peuvent considérer les autres filles comme des collègues et non des rivales.

La Maison surprend par son courage, sa mise-à-nu, la richesse de ses réflexions. Petit bémol parfois sur la forme, les propos se précipitent, la structure de l'ouvrage parfois en pâtit avec quelques inégalités dans les chapitres. Mais il résonne, résonnera longtemps en moi, et je reste admirative.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Liberté
- Intimité
- Décomplexée
- Immersion
- Humour
- Confessions
- Enquêtes
- Famille professionnelle
- Portraits
- Dérangeant
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Une bien belle aventure ,j'ai passé un excellent moment entre bienveillance et humour .En admiration devant cette jeune auteure qui s'est plongée dans ce milieu si inconnu et qui a su mettre en valeur la beauté et la sensualité de ces femmes . Un hymne à la femme !!!!
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