Gaëlle Bantegnie voulut bien siéger mais juste une semaine, par curiosité. On lui retourna qu'Immortelle c'était pour la vie.
Et puis la Coupole n'était pas un zoo non plus. Gaëlle s'excusa. Elle avait cru. (p. 93)
"Marguerite prit soin de mourir en 1987 pour ne pas voir Jacqueline de Romilly, élue un an plus tard, arborer l'habit sans y être contrainte. Ni Hélène Carrère d'Encausse poser l'année suivante avec l'épée pour le photographe attitré du quai."
Le peuple, on ne savait pas trop ce qu'il demandait. On ne lui parlait qu'une fois par mois, à la remise de sa paye. (p. 68-69)
Jusqu'ici les mal-parlants s'étaient ignorés tels. A défaut de normes à quoi contrevenir, ils ne se savaient pas contrevenants. mal parler se peut s'il existe un bien-parler. Pour inventer l'un il faut inventer l'autre.
Le projet était d'inventer la France ni plus ni moins
-Mais n'existait elle pas déjà? Questionna le roi.
Un brouillon, et qu'il faut mettre au propre, avisa le conseiller.
- je serais le roi d'un brouillon? s'inquiéta sa majesté.
Ceux qui, devant la force des Mémoires d'Hadrien, les avaient cru écrits de la main de l'empereur éponyme, avaient dû se raviser, vérification faite qu'il était mort avant la rédaction. On devait bien ce chef-d'œuvre à une certaine Yourcenar prénommée Marguerite. Franchement on ne l'aurait pas cru.
Ce qui avait pu induire en erreur, c'est que l'ouvrage en question n'était pas spécialement féminin. Il ne traitait ni des affres de la maternité, ni à proprement parler de maquillage. Peu de personnages y brodaient un coussin.
Qu'on comprenne l'unanime stupeur devant le phénomène. Depuis que la littérature était littérature, quelle femme avait produit un livre qui en méritât le sceau ?
Les fleuves avaient été conçus pour accueillir les rivières, les océans pour accueillir les fleuves, les femmes, la semence de l'homme. Leur absence de l'Académie participait de l'ordre général. Et si elles y avaient été présentes, cela eût aussi participé de l'ordre général, n'en déplaise aux misogynes.
« Il s’agit moins d’écrire l’Histoire que de la réécrire, sans offense pour l’Histoire, et pour le plus grand plaisir du lecteur. »
Elle (Marguerite Yourcenar]
tint à absoudre l'Académie de son durable hermétisme au deuxième sexe. Au fond le bon vieil Institut n'avait agi que conformément à l'usage de ce pays, où l'on accorde à la femme une place de choix, la mettant sans cesse sur un piédestal tout en interdisant qu'on lui avançât seulement une fauteuil (...) (p.80)
Croyait-on que la modernité se le tiendrait pour dit ? Chassée par la porte, elle revint par la fenêtre. Les femmes votèrent, enfilèrent des pantalons voire des jeans, dansèrent seules, reprirent un Ricard, accédèrent au carnet de chèques, poussèrent l'irrespect de la Nature jusqu'à contester les divins hasards de l'ovulation.
L'Académie devait-elle faire comme si de rien n'était ? (p. 51)