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" Elle (Marguerite Yourcenar]
tint à absoudre l'Académie de son durable hermétisme au deuxième
sexe. Au fond le bon vieil Institut n'avait agi que conformément à l'usage de ce pays, où l'on accorde à la femme une place de choix,la mettant sans cesse sur un piédestal tout en interdisant qu'on lui avançât seulement une fauteuil (...) (p.80)"

La découverte de cette collection "Incipit", textes brefs ( un autre titre entrevu , sur la création du Festival de Cannes)... au ton caustique, facétieux... du moins c'est le cas de ce court texte de François Bégaudeau sur l'histoire De l'Académie Française, et de la révolution survenue lors de l'entrée de la première femme dans le cénacle des Immortels...le 6 mars 1980, avec Marguerite Yourcenar... alors que la première candidature féminine date de janvier 1893, avec la candidature de la romancière Pauline Savary, qui fut déclarée "irrécevable" !!

Lecture légère, déjantée de par son ton persifleur et ironique, qui a aussi le mérite de nous rappeler l'histoire de cette "vénérable" institution, son évolution, des anecdotes pittoresques, avec en fin d'ouvrage, les dates phares de l'Académie...Juste un extrait pour donner le ton de ces lignes:
" Marguerite prit soin de mourir en 1987 pour ne pas voir Jacqueline
de Romilly, élue un an plus tard, arborer l'habit sans y être contrainte. Ni Hélène Carrère d'Encausse poser l'année suivante avec l'épée pour le photographe attitré du quai.
A sa décharge, la tsarophile avait été piquée par une remarque du fauteuil 3 suggérant que la lame lui serait d'un grand secours pour éplucher les patates. C'était une diffamation: madame d'Encausse n'avait jamais épluché ni patates, ni pommes, ni récuré aucune casserole" (p. 84)

Récit de l'évolution de cette institution où après avoir été objet de tous les rêves...lieu interdit aux femmes si longtemps...
elle perdit de son inaccessibilité à tel point que certaines candidates
déclinèrent l'offre: Maylis de Kerangal, Nathalie Quintane, Joy Sorman, Sophie Divry, Gaëlle Bantegnie...
" Gaëlle Bantegnie voulut bien siéger mais juste une semaine,par curiosité. On lui retourna qu'Immortelle c'était pour la vie.
Et puis la Coupole n'était pas un zoo non plus. Gaëlle s'excusa. Elle avait cru" (p. 93)

François Begaudeau anticipe le devenir de l'Académie jusqu'à la "révolution de 2026" !!! ???

Un moment de lecture instructif et hilarant... qui met en exergue l'outrance des préjugés sexistes, et finalement leur superficialité !!!

P.S: j'allais omettre de signaler la qualité et l'originalité des couvertures, au graphisme moderne et coloré...
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Incipit, nouvelle collection proposée depuis le 23 mars, portée par les Éditions Prisma et Steinkis Groupe voient de grands romanciers français- Philippe Besson, Joy Sorman, Gonzague de Saint Bris y raconter une première fois, qu'elle soit historique ou universelle, dans des récits mêlant fiction et réalité : « Il s'agit moins d'écrire l'Histoire que de la réécrire, sans offense pour l'Histoire, et pour le plus grand plaisir du lecteur. » Des thèmes variés, et trois premiers ouvrages qui parlent du bikini, et de la première édition du Festival de Cannes..de Marguerite Yourcenar à l'Académie française, tel est le projet de Fracnois Bégaudeau, invité hier soir d'On n'est pas couché pour présenter ce livre que j'avais lu quelques jours avant.

Lorsque Marguerite Yourcenar fut élue à l'académie française, la vénérable institution du quai Conti était déjà trois fois centenaire. Il fallait donc revenir aux origines, pour ne pas dire aux soubassements de la Coupole, s'inscrire dans ce temps long pour saisir toute l'épaisseur et la saveur de cette première : l'Académie faisait donc sienne d'une académicienne qui ne se porta pourtant jamais candidate !


C'est avec un ton décalé et toujours ironique que François Bégaudeau s'empare avec humour mais sans méchanceté de cette histoire, en l'enrobant dans cette fable politique gentiment cinglante decrivant l'institution, depuis sa création par le cardinal de Richelieu jusqu'à cette première de 1980.
Le style est alerte, élégant «Une fois élus, ils duraient si longtemps, passaient tant d'hivers, qu'on les eût dits Immortels», et mine de rien on apprend pas mal de choses sur une institution mal connue dont on peut se poser la question de l'intéret et de la légitimité.

Un ouvrage vraiment interessant, pour augurer d'une collection au parti pris original et captivant..
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"L'ancien régime", étonnant et facétieux opuscule de François Bégaudeau, maraude dans les coulisses de l'histoire sur la condition faite aux femmes de lettres par l'Académie française, institution crée par Richelieu, dont la réputation de misogynie tricentenaire fut finalement bousculée par Marguerite Yourcenar, laquelle accepta pour la seule séance d'intronisation d'y siéger sans enthousiasme et avec condescendance. Alors que certains battent une campagne effrénée, libidinale et sans vergogne, auprès de nos vénérables immortels, afin de solliciter la carte d'identité bien française que délivre cette noble institution, comme Finkelkrault, et que d'autres femmes déclinent avec commisération l'invitation d'y être encartée, ainsi Mona Ozouf qui refusa d'endosser l'habit vert et d'éplucher les patates avec l'épée assortie.
Ce petit livre d'un graphisme très soigné et original, est d'une écriture grand siècle pour honnête homme, ramassée et dense, d'un humour assez british, fait d'ironie et de préciosité décalée, où hauteur de vue n'exclue pas quelques gauloiseries bien senties.
Livre à lire sans modération et avec curiosité, d'autant qu'il n'est pas encombrant et se termine vite, et nous rappelle combien cette vieille et vénérable compagnie d'assurance académique, affectée à la défense de la langue et de la culture française, figure comme la reine d'Angleterre dans le palmarès des respectables potiches douées de longévité.



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Une nouvelle collection qui promet bien des plaisirs de lecture, il est proposé aux lecteurs de découvrir par la fiction des grandes premières dans divers domaines. Ici c'est l'entrée de Marguerite Yourcenar à L Académie Française qui est racontée par François Bégaudeau. On en apprends un peu plus sur les coulisses de l'attribution des fauteuils et l'ambiance au sein de cette grande institution. Il est hallucinant de voir que même la femme élue pour occuper le fauteuil numéro 3 l'était parce qu'homosexuelle (donc plus proche de la masculinité dans leurs esprits) et avec une écriture masculine selon leurs critères. La féministe qui est en moi fulmine de cet affront mais passons et parlons du livre.

J'ai tout aimé, le format une centaine de pages c'est donc ni trop long ni trop court, la fiction où se méle anachronismes et rappels historiques, l'écriture est superbe comme d'habitude avec l'auteur, chaque mot est à sa place, chaque phrase est travaillée et tout cela confère à l'ensemble une lecture plaisante et vraiment enrichissante. J'ai aimé aussi la part d'ironie et de dénonciation sans en avoir l'air de cette institution dépassée dans son fonctionnement et qui ronronne dans ce qui appartient à un autre temps, pétrie dans le conservatisme.

Ce qui est intéressant c'est aussi que cela peut être lu par des collègiens et lycéens car c'est très moderne et aéré. Et en plus, ce qui ne gache rien c'est écrit en bon français ce qui devient très rare de nos jours. Une collection que je vais suivre de près et que je vais tenter de faire lire à mes ados. D'ailleurs, un deuxième est déjà paru sur les coulisses du Festival de Cannes.

VERDICT

Une collection fort sympathique qui permet d'en connaître un peu plus sur les premières célèbres. Très bonne qualité littéraire, un régal à lire.


Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Le but de la collection Incipit est de raconter des premières marquantes passées par le filtre de l'auteur. Le(s) fait(s) réel(s) est(sont) là, la fiction, l'invention itou. Dans ce premier volume, très court, cent-dix pages aérées en comptant un bref dossier sur l'Académie et sur l'élection de Marguerite Yourcenar, des biographies et bibliographies succinctes de l'auteur et de l'illustratrice de la couverture (Catel, que j'ai découverte dans son excellentissime roman graphique, Kiki de Montparnasse), François Bégaudeau prend des libertés avec L Histoire mais c'est pour mieux nous intéresser à son histoire. Les libertés qu'il prend sont intéressantes, car elles donnent un peu de légèreté et de vivacité au texte. Non pas d'ailleurs qu'il en eût besoin, le texte est enlevé, drôle, ironique, parfois sarcastique, très moqueur avec les gens qui le méritent (enfin ceux dont lui et moi croyons qu'ils le méritent). le jour de l'élection de Marguerite Yourcenar est très symptomatique du style résolument ironique du livre : "Le 6 mars 1980, aux alentours de 15h10, le malheureux (le fauteuil 16) ne vit donc pas l'huissier présenter l'urne à chacun des votants, puis en déverser le contenu sur le bureau où René de la Croix de Castries, directeur en exercice, assisté d'Edgar Faure, chancelier du trimestre, s'appliquèrent au décompte. le laxisme général d'après 68 ayant rendu possible que des hommes de lettres fussent illettrés, on releva trois bulletins marqués d'une croix." (p.72/73)

F. Bégaudeau écrit très bien, joue avec les imparfaits du subjonctif, il est très agréable à lire, fait dans le littéraire, la belle langue française (pour parler de l'Académie, c'est le minimum, mais pas forcément à portée de tous), il dérive parfois vers un certain "j'aime m'écouter écrire" un brin agaçant pour ne pas dire risible surtout lorsqu'au détour d'une phrase, il place une référence à lui-même, un peu tirée par les cheveux : "Heureusement l'évêque de Luçon (Richelieu), où un autre François ès lettres naîtrait en 1971, avait le bras long et par suite les coudées franches." (p.14). Néanmoins, ma première lecture de cet auteur me laissera un bon souvenir, j'ai bien aimé le décalage, son humour et son écriture à la fois sérieuse et drôle, comme dans ce dernier extrait où il résume en quelques lignes le combat des femmes pour l'égalité : "Croyait-on que la modernité se le tiendrait pour dit ? Chassée par la porte, elle revint par la fenêtre. Les femmes votèrent, enfilèrent des pantalons voire des jeans, dansèrent seules, reprirent un Ricard, accédèrent au carnet de chèques, poussèrent l'irrespect de la Nature jusqu'à contester les divins hasards de l'ovulation. L'Académie devait-elle faire comme si de rien n'était ?" (p.51)

Voici donc une collection qui naît sous les meilleurs auspices (et pas hospices, même si l'on parle de l'Académie française).
Lien : http://lyvres.fr
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La collection Incipit part d'une idée sympa : des auteurs reconnus écrivent de courts textes sur une premiére historique...



François Bégaudeau choisi donc l'arrivée de Marguerite Yourcenar à l'académie française. Mais avant, il choisit d'en évoquer la création, puis ensuite le futur. de maniére fictionnelle, il envisage les luttes à l'académie au moment de décider de l'arrivée d'une femme chez les immortels ("L'académie à vécu 300 ans sans femmes, elle pourra en vivre 300 de plus. L'académie à vécu 600 ans sans femmes, elle pourra en vivre 600 de plus. Au final, laissons le jugement dernier décider"). le livre regorge de petite phrases bien vu dans le plus pur style de l'auteur. Parfois absurdes, certes, mais souvent trés justes. Et si le livre se lit trés vite (moins d'une heure), il permet malgré tout d'en apprendre plus sur cette personnalité, et propose tout de même un rapide tour du sujet de maniére réaliste en fin de livre. Un, court, mais plaisant moment de lecture !
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 Ce nouveau livre de la collection Incipit est dédié à l'élection de la première femme Marguerite Yourcenar à l'académie française.
Dans un petit livre très bien écrit et transpirant d'ironie à chaque page, François Bégaudeau nous raconte l'histoire de ce "grand lieu de la langue française" de sa création à nos jours et voir un peu après. On ne peut que sourire à son ton plein de fantaisie  et  à ses références. On s'interroge aussi sur le rôle de cette institution de nos jours, ses règles et surtout son avenir. Un excellent petit livre!
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"le Verbe ayant été au commencement du monde, il pouvait bien être au commencement de la France." Tel est l'incipit de cet ouvrage qui relate l'entrée de la première femme, Marguerite Yourcenar, à L Académie Française, 3 siècles après sa création par Richelieu. Mais rien de grave, de sérieux dans le ton ! Plutôt une caricature amusante des lois, de la grande institution et même de Marguerite, avec allusions et traits d'esprit sur le monde contemporain. Une lecture fort plaisante, merci Babelio!
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Les Premières Fois sont décidément dans l'air du temps ! Après les 68 Premières Fois initiées par Charlotte Milandri qui nous ont permis de découvrir plein de premiers romans extraordinaires (et d'autres moins), voici la collection Incipit qui passe des premières fois historiques au filtre de l'écriture d'écrivains contemporains.
François Bégaudeau est donc chargé (a-t-il choisi ?) de raconter l'élection de Marguerite Yourcenar, première femme à l'Académie française. Un rappel historique plein d'ironie et de malice sur la vénérable institution conduit à ce jour mémorable de mars 1980 qui vit l'auteur des "Mémoires d'Hadrien" entrer sous la Coupole.
Ce délicieux livre se savoure, se déguste comme un macaron à la framboise avec la juste mesure d'acidité et de douceur ! Bon, il est vrai que je suis absolument et sans doute définitivement fan de la manière dont François Bégaudeau traite les sujets les plus sérieux comme les plus fantaisistes. Je reste en admiration stupéfaite face à son utilisation de tous les replis et autres sinuosités de la langue. J'en redemande !
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L'ancien régime ne parle pas uniquement que l'accueil de Yourcenar au sein de son institution, mais parle également de la création de l'Académie, je ne savais pas qu'elle avait été créée par Richelieu, je savais par contre que Yourcenar fut la première femme à y entrer.

Malgré quelques moments où je trouvais que l'auteur n'était pas vraiment dans le ton, il a réussi à m'apprendre beaucoup de choses sur un court laps de temps (l'ouvrage ne faisant pas plus de 100 pages, mais aurais-je apprécié un livre théorique faisant plus de 500 pages sur le sujet? Bonne question).

Cette maison d'édition qui semble nouvelle, permet de (re)découvrir des première fois et j'ai pu voir que certaines premières fois me faisaient de l'oeil, j'irais très certainement les découvrir dès qu'ils sortiront.
Lien : http://sayyadina.over-blog.c..
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