Nous sommes en 1973, en Afrique du Sud. Marnus est un jeune garçon de 10 ans de famille afrikaner. Leur situation est confortable, ils ont des domestiques noirs. Son père est un haut général de l'armée et sa mère, une bonne épouse qui a abandonné sa passion de la musique pour se dévouer à sa famille.
Marnus est un garçon sage. Il étudie sans remous, se conforme à ce que ses parents attendent de lui et passent ses moment de liberté à jouer avec Frikkie, son ami d'enfance. Il vénère son père et cherche constamment à gagner son attention et à le rendre fier de lui.
Pourtant le père cache aussi sa part d'ombre. Il reçoit régulièrement des généraux chiliens qui soutiennent l'apartheid et ces rencontres doivent restés secrètes. Marnus et sa soeur doivent donc garder le secret et appeler tous leurs visiteurs Mr Smith.
Ce n'est que plus tard, bien plus tard que Marnus comprendra l'ambivalence de cet homme qu'il admirait...
Ainsi, sans qu'il s'en rende compte, Marnus est conditionné par l'idéologie raciste de son père. La famille traite bien ses domestiques mais conserve une certaine condescendance à l' égard des "Coloureds". le père, dans ses discuccions professionnelles, n'hésite pas à les rabaisser et combat l'égalité des races.
La morale religieuse sert de bouclier et de prétexte.
Marnus est naïf et la confiance aveugle qu'il a en son père l'empêche de se poser les bonnes questions.
Pourtant, sa soeur, au retour d'un séjour aux Pays-Bas, se rebelle quelque peu contre le racisme ambient ; le jeune fils d'une domestique se fait atrocement bruler pour un vol sans importance, ... mais Marnus se refuse toujours à voir le mal.
Au point que, quand il assiste à une scène choc, clé du roman, il se refuse à l'accepter et à en parler.
La construction du récit alterne 2 époques. Alors que Marnus enfant nous raconte son histoire, son récit est régulièrement entrecoupé du long monologue d'un soldat qui a perdu toute ses illusions. On comprend très vite qu'il s'agit de Marnus adulte qui nous parle. Parti à la guerre contre les communistes, il a suivi les préceptes de son père mais n'y adhère plus vraiment. On sent vaiment que le jeune homme est désabusé et ne croit plus en sa famille. Pourtant il n'a pas eu le courage de se rebeller.
Récit d'une enfance sous l'emprise d'un père qui véhicule son idéologie raciste en bandoulière, "
L'odeur des pommes" est le portrait saisissant d'un pays en plein régime d'apartheid. Marnus est le symbole, le complice muet, d'un régime qui, sous couvert de grandes phrases et de sentences religieuses, conditionne sa population à hair son prochain, cachant en son sein la pourriture de ses pensées, tel une pomme pourrie par les vers.
Si j'ai quelque peu peiné à avancer dans le récit, si ma lecture a été parfois ennuyeuse, je me rends compte après coup, en rédigeant ce billet, toute la portée de ce texte !
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