On déconnait, on délirait, n'empêche que ça faisait du bien de croire en quelque chose.
Ma devise : deviens ce que tu hais.
8h30
Le ciel est bleu mais personne n'en profite.
La conscience de la menace n'empêche pas la frénésie de la vie, au contraire elle en constitue le carburant.
Après la surprise, l'étonnement, l'espoir, au bout d'un quart d'heure ne reste plus que la terreur, une crainte brute qui brouille le jugement et fait flageoler les jambes.
Cette haine qu'inspire l'Amérique c'est de l'amour. Quelqu'un qui vous déteste autant, quelqu'un qui veut que vous le détestiez autant, c'est quelqu'un qui veut votre attention. Donc c'est quelqu'un qui vous aime inconsciemment. Ben Laden ne le sait pas mais il adore l'Amérique et veut être aimé d'elle. Il ne ferait pas autant d'efforts s'il ne voulait pas que l'Amérique s'occupe de lui.
Nous vivons une époque étrange; la guerre s'est déplacée. Le champ de bataille est médiatique : dans ce nouveau conflit, le Bien et le Mal sont difficiles à départager.
Difficile de savoir qui sont les bons et les méchants : ils changent de camp quand on change de chaîne.
La télévision rend le monde jaloux. Avant, les pauvres, les colonisés, les opprimés ne contemplaient pas la richesse tous les soirs sur un écran, dans leurs bidonvilles. Ils ignoraient que certains pays possédaient tout tandis qu'eux ramaient pour rien.
En France, la Révolution aurait eu lieu beaucoup plus tôt si les serfs avaient eu un petit écran pour regarder le luxe des Rois et des Reines.
(...) Ce phénomène est récent : on l'appelle la mondialisation mais son vrai nom est télévision.
La mondialisation est économique, audiovisuelle, cinématographique et publicitaire, mais le reste ne suit pas : ni le politique, ni le social.p.145
Le luxe des "skyscrappers", c'est de permettre à l'être humain de monter au-dessus de lui-même. Tout gratte-ciel est une utopie. Le vieux fantasme de l'homme a toujours été de bâtir ses propres montagnes. En élevant des tours jusqu'aux nuages, l'être humain se prouve à lui-même qu'il est plus grand que la nature.
Ma vie est un désastre mais personne ne le voit car je suis très poli : je souris tout le temps. Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle ; elle est occultée. Je suis un négationniste de moi-même.
Montrer l'invisible, c'est dire l'indicible.