Quand j'étais petit, on me reprochait tout le temps d'avoir la tête dans les nuages ; aujourd'hui, je continue.
Autrefois, les enfants se servaient de leurs parents comme guides. Aujourd’hui c’est le contraire.
On sait que la tour nord ( la plus haute des deux, avec l’antenne sur le toit qui la faisait ressembler à une seringue hypodermique ) fut la première touchée et la dernière à s’effondrer, à 10h28 précises. Il y a donc un laps de temps d’exactement une heure trois quarts. L’enfer dure une heure trois quarts. Ce livre aussi
Débris de gens du monde entier. United Colors of Babel. p.188
Le luxe des skyscrapers, c'est de permettre à l'être humain de monter au-dessus de lui-même. Tout gratte-ciel est une utopie. Le vieux fantasme de l'homme a toujours été de bâtir ses propres montagnes. En élevant des tours jusqu'aux nuages, l'être humain se prouve à lui-même qu'il est plus grand que la nature. p.29
La seule révolution possible est extérieure à ce système qui s'autodétruit. Il ne faut jamais monter dans l'avion. Accepter ce monde, participer à la pub ou aux médias, c'est la certitude de mourir dans une gigantesque explosion en direct sur CNN. Aujourd'hui, l'entrisme est devenu une automutilation. La vraie révolution, c'est la disparition. L'essentiel c'est de ne pas participer. A la résistance passive, il est temps de préférer la désertion active.
Le boycott plutôt que le squatt.
Partout dans le monde, aujourd’hui, des pays sales balancent entre l’admiration et le rejet, la fascination et le dégoût envers les pays propres, dont ils captent le mode de vie par satellite sur des décodeurs pirates, avec une presse-purée en guise d’antenne parabolique. Ce phénomène est récent : on l’appelle la mondialisation mais son vrai nom est télévision. La mondialisation est économique, audiovisuelle, cinématographique et publicitaire, mais le reste ne suit pas : ni le politique, ni le social.
Ma vie est un désastre mais personne ne le voit car je suis très poli : je souris tout le temps. Je souris parce que je pense que si l'on cache sa souffrance elle disparaît. Et dans un sens, c'est vrai : elle est invisible donc elle n'existe pas, puisque nous vivons dans le monde du visible, du vérifiable, du matériel. Ma douleur n'est pas matérielle; elle est occultée. Je suis un négationniste de moi-même.
J'ai depuis toujours ce sentiment étrange d'encombrer les autres. D'où mon goût pour le parasitisme : ma vie est une soirée où je suis entré sans le carton d'invitation.
C'est la réalité qui est dégueulasse, et refuser de la regarder l'est encore plus.