Tandis que ces questions m'avalaient dans leur bouche béante, j'éprouvais ces terribles sensations indissociables des malheurs soudains. L'impression de s'abîmer dans un gouffre. Le refus de croire que ce qui arrive est vrai et pourtant l'incontournable certitude que ça l'est. Le sentiment de révolte jusqu'au moment où rien n'était encore survenu. L'écrasement sous le poids de l'inéluctable.
Je sortais, je renouais avec la vie, avec la légèreté, loin du naufrage de notre histoire, loin de la pesanteur de notre quotidien. Je me sentais pousser des ailes de papillon. Il ne me les plomberait pas.
"Peut-être devrais-je aboyer" me dis-je à moi-même. "Au moins, un chien, en général on lui parle et le caresse."
En toute chose, même la pire, il y a du positif .
Le bonheur n'est pas un état durable. Il fuit dès qu'on veut l'enfermer.
Les baisers sont des promesses. Une antichambre dans laquelle il fait bon patienter.
Le malheur, tant qu'il n'est pas là, on le craint mais on croit pouvoir le tenir à distance. Quand il s'abat, il est trop tard, il nous a pris par surprise.