Citations sur Fille à vendre (15)
Dès que le mot « puce » a été prononcé, j’ai senti tous les poils de mon corps se hérisser. « Ma puce » ? Est-ce qu’il a déjà vu une puce, lui ? J’ai vu un reportage sur ces bestioles à la télé un jour ... OK !) et je peux affirmer que c’est loin d’être une créature charmante avec laquelle on a envie de prendre le déjeuner ! Ce sont des petites bestioles répugnantes, avec un corps plat et de longues pattes poilues, qui n’ont que deux buts dans la vie : sucer votre sang et vous causer bien des ennuis. On n’a donc qu’une seule envie : s’en débarrasser.
Le malaise, c’est quand, sans même m’en rendre compte, je suis devenue une pute. Le malaise, c’est quand, comme si c’était tout à fait normal, l’homme en complet-cravate a ni plus ni moins abusé de moi. Comme si j’étais qu’une merde… Un objet, sans émotion, qui se laisse faire. Le malaise, c’est quand Jonathan s’est mis à être violent envers moi. Le malaise, c’est quand je me suis dit que plutôt que sa violence, je voulais son amour et que pour avoir cet amour, je devais faire et refaire ce qui me répugnait tant…
De toute façon, pour moi, le sexe était rendu quelque chose de tellement banal, de monnayable : j’te fais une pipe, tu me donnes de quoi sniffer… Je faisais déjà plein de choses avec les gars du gang… « Un de plus, un de moins », que je me disais. Qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? C’est comme si la danse érotique était la suite logique…
Chaque fois que j'ai l'impression de refaire surface, je me rends compte qu'il y a une autre porte à ouvrir. Et derrière cette porte, je ne trouve que de la souffrance et des problèmes qui semblent tous sans solution.
Dans les films, il y a toujours un bon Samaritain qui vient en aide à la jeune fille en détresse. Je ne sais pas si je vais être aussi chanceuse, mais au point où j’en suis, la seule option qu’il me reste, c’est d’essayer. Je demande à tous ceux qui arrêtent faire le plein s’ils veulent m’emmener avec eux, mais la plupart m’ignorent. Il y a bien une heure que je suis là à jouer les jeunes filles en détresse. Mais j’ai l’impression que ça en fait dix. Personne ne veut s’encombrer de moi. Mon look doit y être pour quelque chose. Faut dire que si je voyais une fille comme moi, squelettique, avec une minijupe, un collant déchiré, les cheveux défaits, les yeux injectés de sang et la lèvre enflée, qui demande qu’on l’embarque, elle pourrait bien crever. Si même moi, je ne me fais pas confiance, c’est peine perdue.
On est une famille. Pour notre famille, on fait tout ce qu’on peut et, surtout, on ne trahit personne.
En une fraction de seconde, j’ai perdu l’aplomb qui m’habitait. Je ne sais pas si je devrais tout de suite enlever le peu de vêtements que j’ai sur le dos ou danser avant. C’est loin d’être aussi facile que le laisse paraître Demi Moore dans Striptease.
S’il y a une chose que je déteste par-dessus tout, c’est qu’on me crie dessus.
Ils veulent t’empêcher de vivre ta vie. C’est classique. Mes parents faisaient pareil avec moi. Les parents sont tous les mêmes. Ils n’ont qu’un seul but : nous contrôler.
Mes parents aussi ont toujours été peu enthousiastes à l’idée que la musique soit mon choix de carrière. À leurs yeux, la musique n’est qu’un passe-temps, pas une manière sérieuse de gagner sa vie. À moins de vouloir être professeure, comme maman, vaut mieux arrêter d’y penser. Selon eux, je devrais plutôt me concentrer sur mes études afin de décrocher plus tard un emploi qui me permettra de vivre convenablement. Mais c’est tellement plate comme plan de vie ! Moi, la musique, c’est ce qui me donne le goût de me lever le matin ! C’est ma passion !