Citations sur Téléréalité (41)
Tu verras, c'est la partie la plus dure, mais aussi la plus fascinante du métier : il n' y a pas un animateur dont l'âme soit en repos, et ils ont tous une façon spéciale d'être insupportables, et une façon encore plus mystérieuse de rester adorables, d'être adoré de leur équipe comme du public.
Les vieux téléviseurs continuaient à diffuser, une fois éteints, une pâle lueur blanche; certains affichaient même pendant quelques minutes, quand leurs cathodes avaient surchauffé, des sinusoïdales colorées qui se déplaçaient lentement au milieu de l'écran comme des aurores boréales, perdant peu à peu en intensité avant de s'éteindre définitivement: tout cela finirait par mourir.
Et au milieu de tous, la figure ancestrale de l'effeuilleuse : la désormais mythique Loana. À peine créée, la téléréalité nous a offert grâce à elle l'équivalent de La naissance de Vénus de Botticelli : la beauté pure, sortie de sa petite piscine, et livrée, entière et nue, au scalpel de nos yeux. Je pense sérieusement, oui, qu'avec la scène de la piscine, avec sa rencontre aquatique avec le vaseux Jean-Edouard, tu as offert à la télévision l'œuvre d'art qui lui manquait. Cette scène, on le l'oubliera jamais.
Cela faisait trois décennies que les anciens yéyés hantaient les plateaux de télévision, et on était probablement à la veille d'un phénomène de starification encore plus massif. La télé des anonymes allait atomiser le show-biz et révolutionner le star-system.
(passage qui évoque une boîte de nuit) Il pénétrait ensuite dans le sas où la musique était déjà trop forte et bizarrement inhumaine - des voix féminines trafiquées s'insinuaient progressivement à mesure qu'il avançait, entre les basses déchaînées et luisantes. Impossible de se mouvoir, au milieu de cette sorte de substance, plus visqueuse que musicale, qui remplissait tout l'espace. Il tentait quelques mouvements d'épaules, pour se donner une contenance en entrant sur la piste de danse, tout en se disant qu'il était incompréhensible qu'on en soit rationnellement arrivé au choix d'une telle architecture. Les murs étaient trop sombres, le sol trop lumineux, les lumières trop instables et trop intermittentes. C'était pourtant là qu'on devrait passer la soirée.
Notre identité nationale est, bien plus qu'on ne veut l'admettre, une affaire télévisuelle.
- Vous savez, ce que je crois, enchaîna Berlusconi, c'est que l'Europe ne pourra pas se faire tant qu'elle ne dispose pas d'un réseau de médias à l'américaine : CBS, NBS, ABC se partagent un énorme marché, qui fait approximativement la taille du nôtre. Nous n'avons pas d'équivalent en Europe. Demandez à un Européen ce qu'il connaît des télévisions de ses voisins : la réponse est tragique. Et je ne parle pas de l'Eurovision, cette horreur d'un autre âge : on dirait une émission de variété sur une ancienne chaîne soviétique.
- Tu ne te demandes pas pourquoi la télévision n'a jamais été considérée comme un art ?
- Parce qu'elle est commerciale. Parce que l'objet véritable de nos émissions, on ne le réalise pas, on ne le produit même pas : ce sont les publicités.
Les invités, trop célèbres, l'avaient intimidé : c'était des gens avec qui il savait traiter d'égal à égal, dans le cadre professionnel - il trouvait toujours la bonne chose à dire, la somme juste, les termes contractuels les plus acceptables, il était rapide, précis, décidé, sans jamais apparaître offensif, et tous saluaient son professionnalisme exemplaire, une rareté dans le show-biz français- mais à qui il n'avait pas grand-chose à dire, dans un cadre privé.
Tiens j'ai un autre sujet de réflexion pour toi : tu connais la différence entre le cinéma et la télévision ? Au cinéma ce sont des célébrités qui jouent les anonymes, à la télé ce sont les anonymes qui deviennent des célébrités.