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EAN : 9782070146079
480 pages
Gallimard (21/08/2014)
3.34/5   202 notes
Résumé :
La France est devenue un paysage lointain.
Dans un village oublié par l'histoire, un château se délabre au bord d'une rivière.
Les travaux d'une ligne à grande vitesse vont pourtant réveiller quelque chose qui sommeillait ici depuis la nuit des temps. Une machination secrète que chacun va chercher à faire jouer en sa faveur.
Le village devient alors le théâtre d'une lutte acharnée entre les opposants au projet et ses promoteurs.
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,34

sur 202 notes
Il y a quelques années, l'un des sujets de l'agrégation d'histoire (le sujet de géographie) était "Géographie des conflits". Parmi les thématiques explorées par ce sujet figuraient précisément les conflits liés à l'aménagement du territoire : de nombreux chercheurs démontraient dans les manuels que cette question de l'aménagement suscitait de vives oppositions entre les décideurs (pouvoirs publics, entreprises privées chargées des travaux) et les citoyens qui voyaient leurs modes de vie bouleversés qui par une voie de chemin de fer, qui par une autoroute, qui par un aéroport ou par l'apparition d'un centre commercial. Aurélien Bellanger fait de cette question, essentielle dans l'histoire contemporaine de la France, un roman foisonnant, encyclopédique, presque un roman noir dont la narration, hélas, connaît un aboutissement un peu décevant.

Toute l'action se passe dans le département de la Mayenne, dans la petite ville d'Argel. Ancien bourg rural rattaché à l'agglomération de Laval par la progression urbaine, Argel est le noyau familial de trois familles qui vont s'affronter : la famille Taulpin, à la tête d'un groupe international de BTP auquel on trouverait des ressemblances avec le groupe Bouygues ; la famille d'Ardoigne, aristocrates désargentés détenant le titre de marquis et reconvertis dans l'esotérisme ou la politique ; la famille Piau, anciens paysans qui ont connu la transformation de l'agriculture en industrie agroalimentaire, et dont les rejetons seront chacun les pions manipulés au coeur de la partie. A côté de cela, d'autres personnages joueront un rôle essentiel, sans être affiliés à l'une ou l'autre de ces familles : Roland Peltier, ancien Préfet de la Loire-Atlantique et grand penseur de l'aménagement du territoire à l'échelle de la France et Clément, un jeune archéologue qui apportera un éclairage essentiel à l'énigme posée par l'existence d'une mystérieuse grotte sous le château d'Ardoigne. La structure du roman repose sur l'enchaînement, chapitre après chapitre, de l'évocation de ces ces personnage ou de leurs actions ; ainsi Bellanger ménage-t-il le suspense et parvient-il à construire, peu à peu, un livre résolument ambitieux.

Ce qui met le feu aux poudres, c'est l'arrivée prochaine de la LGV au coeur du territoire mayennais. En réalité, la LGV ne fait que passer : il s'agit de raccorder Rennes, et donc la Bretagne, à Paris, selon le bon vieux système radial qui fait de la capitale l'origine et la destination de tous les grands axes de circulation en France, et ce malgré le timide effort opéré depuis quelques années pour établir des lignes qui font communiquer les provinces entre elles. Cette vision parisiano-centrée ne doit rien au hasard : ici apparaît concrètement, éventrant les forêts et perçant les montagnes, le jacobinisme de l'Etat français. Au nom du progrès, c'est la Mayenne, ici, que l'on dépèce. La Mayenne, département aujourd'hui loin des préoccupations économiques ou touristiques des Français, forme pourtant avec la Sarthe l'ancienne province du Maine. Entre la Normandie, la Bretagne, l'Anjou et l'Orléanais, cette province est ce que l'on appelait, du temps de Charlemagne, une Marche, c'est-à-dire une zone tampon, ligne frontière s'étalant sur des dizaines ou des centaines de kilomètres, séparant un Etat d'un autre jugé dangereux, sauvage : c'est ici la Bretagne, dont la Mayenne serait le verrou et la porte d'entrée. C'est sur ce point que vient se jouer l'un des grands thèmes du roman : l'indépendance ou le rattachement de la Bretagne à la France, officiel depuis 1532, se joue sur cette terre mayennaise et la LGV, symbole du progrès à la française, fleuron de la technologie nationale et orgueil de technocrates y voyant le transport 100% sécurisé, devient alors un monument à détruire, une cible d'attentat, un tremplin pour l'indépendance de la péninsule bretonne.

Il y a quelque chose d'extrêmement stimulant, intellectuellement parlant, à lire Aurélien Bellanger. On éprouve régulièrement l'envie d'ouvrir une encyclopédie, son navigateur internet ou une carte routière pour constater la véracité de ses propos. Car Bellanger, pour donner une densité et une profondeur peu commune à ses réflexions, emprunte ici autant à la préhistoire (la révolution du Néolithique), à l'histoire (notamment celle de Roland, préfet de la Marche, ou celle de la France rurale ou celle, bien-sûr, des grandes politiques nationales d'aménagement), à la géographie (physique, humaine ou politique), à la sociologie ou même à la mécanique. Loin d'être une simple liste de connaissances, le roman ouvre des pistes de réflexion qui mènent à interroger des notions telles que le progrès (le TGV, symbole d'une certaine fin de l'histoire, trace en vérité une nouvelle géographie en même temps qu'il défigure les paysages qu'il traverse et les rend, en un sens, stériles : en fabriquant un paysage entièrement artificiel, le TGV enterre définitivement les traces du passé, renonce à la nature et détruit des écosystèmes), le rapport à la nature (au fur et à mesure, les hommes se détachent de la terre qui les a enrichis, et la dissimulent même sous le béton ou le macadam), le sens de l'histoire (y en a-t-il un ? l'histoire est-elle seulement cyclique ? tout peut-il être, en ce sens, prévu ?) ou encore sur le remplacement final de Dieu par l'Homme lui-même, qui décide, crée, légifère, autorise, détruit et tue aussi dans une expansion presque sans limites. Tout cela est confronté aux thèses complotistes et à celles de l'extrême-droite, qui interrogent, malgré parfois leur absurdité, notre rapport à l'histoire qui, rappelle Bellanger, ne se veut une science objective, et non plus un appareil de propagande pour le(s) vainqueur(s) que depuis le milieu du 19ème siècle.

Ce qui est sûr, néanmoins, c'est qu'à travers ses romans Aurélien Bellanger apparaît comme un décrypteur. Il traque ainsi, page après page, les signes, les signes invisibles de la destinée et du sens, les signes qui nous donnent à comprendre ce qu'est vraiment la France. Signes invisibles parce qu'ils dépassent l'homme, limité géographiquement et temporellement : il s'agit ici de détricoter, pour mieux l'exposer au regard du lecteur, le canevas de l'histoire et d'étaler une carte si grande qu'elle se confond avec le territoire physique. En d'autres termes, Aurélien Bellanger nous donne, plus que des clés, des possibilités de réflexion quant à notre place. A défaut de parler au coeur, car la trame narrative devient laborieuse dans la dernière partie, Aurélien Bellanger parle à notre intelligence : on serait fou de regretter qu'il le fît.
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L'aménagement du territoire

« La théorie de l'information » m'avait laissé un peu dubitatif quant à la part de Houellebecq contenue dans l'ouvrage. A l'heure où le susnommé écrit des chanson pour J.M. Aubert il n'est plus de doute qu'Aurélien Bellanger puisse revendiquer sinon son originalité, mais son engagement personnel. Et c'est bien là toute la difficulté d'un roman ambigu qui oscille pour des raisons évidentes entre la réalité et l'invention des personnages et des lieux.

Tel major du BTP nommé Taulpin serait-il en fait Bouygues père ou fils, père et fils, à la recherche de la domination du monde comme un docteur No apocalyptique… Alors que Foccart a bien existé, lui et ne fait que décéder entre les pages.

Il faut les inventer ces gens-là, pour qu'ils meurent et lorsque leur mort n'est pas envisageable, ils peuvent alors garder leur nom réel sans passer par la fiction. Il faut donc vérifier que tel ou tel fait est avéré. Google qui est aussi invité dans ces lignes, est un confident idéal qui permet de différencier le vrai du faux, le romanesque de l'historique, le caractère provisoire et approximatif de la vérité.

On pourrait parler d'une charge contre le TGV, si l'on considère comme Aurélien B. que 400T lancées à 300km/h sont bien plus dangereuses qu'une bombe H. Les dangers de la technologie triomphante (comme pour le minitel du précédent roman) mènent à la ruine du monde civilisé, dont on peut se faire une idée dans la magistrale introduction sur l'évolution de la race humaine de la préhistoire à nos jours en moins de vingt pages.

Et si tout cela n'était que du vent ou de la lumière, une sorte d'exercice à base d'érudition scientifique et de mot de plus de quatre syllabes. La fin très radicale et très convenue semble avoir été imaginée très en amont de la trame romanesque elle-même au point qu'elle semble artificielle et facile.

Le Q, cher à HouellebecQ est pratiquement absent de cette confusion plaisante mais tellement vaine au bout du compte. Que doit-on faire, Aurélien B. subir ? Appuyer sur le bouton ? Résilier sa commande sur voyagessncf.com. ? Quelle est l'urgence ?

En tout cas un brillant exercice qui ne vaut que par sa virtuosité.

Ps. Avec ce nouveau roman la photo d'Aurélien B. les cheveux aux vent et la barbe à la mode. Par curiosité retrouvez l'homme aux mille visages sur google en tapant Aurélien Bellanger et "Images". Un choix difficile pour l'auteur véritable Frégoli de la toile.


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Aurélien Bellanger – "L'aménagement du territoire" – Gallimard/Folio, 2014 (ISBN 978-2-07-046809-6) – Prix de l'Académie française en 2015.

Comme le titre l'annonce déjà, il s'agit ici d'un roman fort peu romanesque : la part de fiction imaginative y est en effet réduite à la portion congrue. Mieux vaut le savoir avant de commencer cette lecture, ces quelques cinq cents pages traitent surtout et principalement d'aménagement du territoire, tel qu'il s'est concrétisé dans la doulce France jacobine, mise en coupe réglée par les énarques, les bureaucrates et les politiques de tout bord durant ces cinquante dernières années.

L'auteur resserre son propos autour du département de la Mayenne, et plus précisément d'un village situé sur la faille géologique qui séparerait grosso modo le socle francilien du vieux massif armoricain de peuplement celte breton. Admettons ; personnellement, en tant que lotharingien des marches orientales du royaume, je suis assez mal placé pour juger de la pertinence de ce propos et du degré de virulence d'un éventuel autonomisme "marchien" aux confins de ce qui fut le grand duché du Maine, coincé entre la Normandie, la Bretagne et l'Anjou.

L'intérêt de ce roman (si peu romanesque, j'insiste) centré sur la concurrence acharnée que se livrèrent les technocrates aménageurs partisans les uns de l'autoroute et les autre du chemin de fer, réside dans la description des multiples processus inventés par le génie administratif franchouillard pour limiter de plus en plus précisément les libertés publiques en poursuivant des objectifs absurdes engendrés dans des cerveaux malades de centralisme kafkaïen, une maladie aujourd'hui largement aggravée par les cauchemardesques et coûteux cerveaux parasites se parant à Bruxelles du titre de "fonctionnaire européen". Ainsi par exemple, dans le chapitre 7 (pp. 94-95), de l'exposé du mode de calcul des tués sur les routes et de la suppression des arbres le long des routes. le début du chapitre 10 nous expose aussi malicieusement que justement l'origine du succès du magazine "Géo". Dans le onzième chapitre, le lecteur apprend des tas de choses insoupçonnées sur la forme des voies de chemin de fer, sur le ballast, sur la boue (pp. 158-159). La vision de l'archéologie revue à la lumière du "data mining" (p. 168) vaut incontestablement le détour.

le récit est jalonné de rappels historiques, comme par exemple (p. 159-161) l'inauguration du TV Paris-Lyon par Mitterrand en septembre 1981, suivie d'un exposé historique récapitulant la concurrence entre le TGV et l'ICE allemand ; l'exposé sur l'histoire du TGV se poursuit par exemple au chapitre 13 (pp. 175 et suivantes) avec un tableau cinglant de ce que fut la direction de la SNCF (p. 177). Les conséquences sur le mode d'exploitation agricole du pays sont rappelées à plusieurs reprises, comme au début du chapitre dix-sept (p. 222).
D'autres caractéristiques de la vie politique française sont effleurées, comme par exemple la complaisance avec laquelle les pouvoirs publics lassèrent délibérément se répandre la consommation de cannabis à partir du milieu des années 1990 (p. 227), sur fond de musique "alter" (p. 233) et de gourous exotiques, venus par exemple de Suède (p. 234). Les agissements occultes de Jacques Foccart – l'incarnation de la Françafrique – font à plusieurs reprises l'objet de variations... cocasses.

Au fil des chapitres, les réflexions s'approfondissent : le chapitre vingt aborde le thème du recul du catholicisme, débouchant sur la validation du mariage d'individus de même sexe (p. 270-271). Autre caractéristique des temps : l'un des personnages – Clément – appartient "à la seconde génération d'hommes qui n'avaient jamais connu la guerre" (p. 291) avec pour horizon ce qu'il est convenu d'appeler "la construction européenne".

Dans le dernier tiers du texte, l'auteur livre une réflexion sur le temps et la mise en scène de l'histoire humaine. Pour ce faire, il accentue le côté "science fiction" de son récit, ce que personnellement je trouve un peu dommage, mais il ne pouvait guère faire autrement pour parvenir à la fin "explosive" que le lecteur devinait depuis au moins le deuxième tiers de l'intrigue.

Une lecture fort plaisante et souvent fort drôle pour les gens de la génération concernée, surtout pour les habitants de la Mayenne, probablement un peu hermétique pour les plus jeunes (alors que l'auteur est né en 1980, à Laval).
Un récit globalement plus du genre "documentaire" que "fiction", fort bien écrit. Finalement, cette lecture me convainc de me risquer dans celle de la "Théorie de l'information" que j'avais boycotté en raison du tapage médiatique organisé par les cultureux.

Un auteur à suivre.
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Le TGV va relier Paris à Rennes : autour de cet événement une galerie de portraits s'animent au travers des âges : hommes et femmes originaires de cette Mayenne ancienne et mystérieuse où subsistent encore quelques châteaux plus ou moins entretenus appartenant à des familles désormais fâchées l'une avec l'autre, ou indifférentes les unes aux autres. Une Mayenne qui détient un secret enfoui que vont peut-être révéler des fouilles archéologiques nécessaires dans ce genre de travaux d'aménagement du territoire.
**
Un livre choisi parmi ceux de la "rentrée littéraire 2014" sans trop savoir pourquoi, je ne connais pas l'auteur, je ne connaissais pas le thème de ce roman, mais quand j'ai lu qu'il avait écrit quelque chose sur Houellebecq ceci m'a décidé. Je ne le regrette pas car c'est un livre étonnant, surprenant, émouvant, donc un livre qui m'enthousiasme.
De nombreux personnages sont présentés, un peu trop et il a fallu que je prenne quelques notes pour me souvenir de "qui est qui".
Beaucoup d'indications d'aspect un peu trop "documentaire" sur certains thèmes d'histoire, de géographie, de géologie, certes utiles à moins d'être un lecteur assidu des encyclopédies (moi aussi, comme l'un des personnages, je me suis plongée durant des heures dans les TOUT L'UNIVERS qu'avaient acheté mes parents et qui me fascinaient, mais tout cela est bien loin maintenant et c'est certain que je n'ai pas tout retenu !) mais qui alourdissent à mon avis la fluidité du roman.
J'ai aimé la matière dont l'auteur entoure ses personnages : il explique leur cheminement, la manière dont ils décident de leur destin, qu'ils soient manipulateurs ou manipulés, nous savons quel est l'ingrédient utile qui les détermine : le jeune homme brillant mais cachant son homosexualité sera un homme politique de l'ombre, cette jeune femme traumatisée par la mort accidentelle de sa mère cherchera par tous les moyens à empêcher les vitesses excessives sur les routes, ou encore ce jeune exalté défendant une certaine liberté décide d'être un activiste ne reculant devant aucun sacrifice.
Dans ce roman, la France devient un mécano géants dont il faudrait sans cesse déterminer le centre de gravité, ajoutant ici une autoroute, là une ligne à grande vitesse, alors que dans ses souterrains, une oeuvre millénaire détient la réalité des plans d'aménagement du territoire depuis une époque qui précède la préhistoire.... Mystère !
Il me reste tout de même une impression plutôt positive de ces 470 pages de lecture que je recommande, sans toutefois occulter les nombreuses digressions qui nuisent à l'intérêt de l'histoire centrale qui est celle de la Bretagne, indépendante ou magique, dont les chevaliers d'aujourd'hui vont entreprendre une croisade sur plusieurs années, au coeur de sociétés secrètes, d'alliance et de trahisons, de vengeance et de manipulation, jusqu'aux meurtres.
Retrouver mon résumé et mon avis sur mon blog si vous le désirez en cliquant sur lien
Lien : http://lecturesencontrepoint..
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J'ai lu et beaucoup aimer le premier livre de l'auteur , " La théorie de l'information " .
J'aime ce côté documentaire que l'on trouve dans son écriture .
Il propose une narration hors norme , quelque chose d'unique , bîen au dessus de Houellebecq à qui il est comparé , un peu hâtivement à mon sens .
Cet opus confirme tout le bîen que je pense de cet auteur .
On a une intrigue qui curieusement est assez basique , et qui , quand elle se déploie se révèle être d'une richesse remarquable .
Il construit son livre avec patience , on peut y voir de la froideur , pour ma part j'y vois une volonte d'inscrire son texte , son oeuvre dans une logique réaliste .
Le style est tout simplement remarquable .
On a une qualite d'écriture indéniable , qui redonné envie de croire en la litterature ,
C'est profond , fort , érudit .
C'est un bijou ce livre .
Incontournable .
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
02 décembre 2014
Le roman follement ambitieux d’Aurélien Bellanger obtient le prix de Flore. Comment la construction de cette voie ferrée révèle l’archéologie trouble des Français.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
14 novembre 2014
C’est le charme du livre, qui essaye d’incarner les obsessions de Bellanger dans un récit d’aventure, et peut-être sa limite: trop complexe, parfois artificielle, l’intrigue finit par laisser le lecteur en rase campagne.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeSoir
22 octobre 2014
Ambitieux. Assommant parfois. Démesuré peut-être.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Tout était parfait jusque dans les moindres détails : sa cuisine était en chêne, sa femme était blanche, les questions de sécurité occupaient une place centrale dans son existence ; il travaillait dur mais vivait relégué dans une zone périurbaine; il aurait dû, comme ses ancêtres, devenir agriculteur, mais, face aux dangers toujours renaissants qui menaçaient la civilisation européenne, il avait préféré, pour protéger sa communauté, devenir, tel un chef de clan, le responsable local d'un milice d'autodéfense.
Il avait pour cela dû faire remonter le chien au stade de loup.
Pierre regardait son frère avec admiration. Il y avait là, dans chacun de ses gestes, dans sa tenue presque militaire, dans les ailes légèrement couperosées de son nez d'amateur de vin, un leader politique en puissance.
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Ses réflexions, pendant son dernier été mayennais, le portèrent plus loin. Si prendre le pouvoir était une activité plaisante, gouverner l'était beaucoup moins. Quiconque possédait un peu de sens historique s'apercevait que l'exercice du pouvoir impliquait un immense gâchis de force, d'énergie et d'intelligence.
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Dominique Taulpin, très engagée dans la Recherche & Développement, lança d'innombrables études et expérimentations pour apprendre à ralentir les effets de la gravité, de l'usure, du ruissellement et de l'inévitable vieillissement des infrastructures.

En donnant au profil des voies la forme d'une pyramide tronquée, on pouvait retenir le sable qui voulait s'épandre. En posant des plaques de feutre sur le fond des voies, on pouvait empêcher la boue de remonter et d'agir ainsi négativement sur les propriétés mécaniques du ballast - il devait conserver ses angles saillants et sa rugosité, faute de quoi il perdrait l'essentiel de ses qualités mécaniques. En drainant les marnes glissantes, en aspirant l'air sous des films plastifiés, comme dans des sachets de café sous vide, on pouvait retenir pendant plusieurs dizaines d'années les plus mauvais terrains.

Dominique parcourut des centaines de mémoires sur l'écoulement des eaux, la granulométrie, la pédologie et la résistance des matériaux. Elle participa à des dizaines de chantiers de réforme des voies, au côté de la gigantesque machine qui creusait sous les rails pour en extraire le ballast usé, avant d'en réinjecter, mélangé à du ballast frais, la part encore utilisable, sélectionnée par une calibreuse embarquée. On introduisait alors à travers le nouveau granulat des ancres vibrant à la fréquence étudiée de 42 hertz afin d'éveiller les propriétés mécaniques du nouvel agrégat, en attendant l'action métamorphique des trains.
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Encore fascinée par la fragilité du monde, Dominique continuait à s'intéresser aux phénomènes d'écoulement et de coagulation qui suffisaient à décrire la plupart des paysages connus. Elle acceptait que son activité professionnelle n'aboutisse qu'à des structures éphémères, à des levées de terre qui retomberaient toujours ; elle n'en éprouvait aucune peine ni aucune mélancolie. Dans le temps qui lui était contractuellement imparti, tout se déroulerait selon ses prévisions - le poids du train serait dissipé en trapèze sur la terre, les forces de cisaillement seraient absorbées par le ballast, l'eau s'infiltrerait au plus vite, sans rien emporter ni défaire, dans la structure pyramidale souterraine de la voie.
Commenter  J’apprécie          10
L'accident avait organisé, comme dans un roman de science-fiction, la censure provisoire du temps.
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