AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 125 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Qui a écrit ces vers célèbres ?


« Je ne chante (Magny), je pleure mes ennuis :
Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante,
Si bien qu'en les chantant, souvent je les enchante :
Voila pourquoi (Magny) je chante jours et nuits » ?


Ils se trouvent dans les Regrets, inclus dans la lignée d'autres sonnets de bon cru.


Mon goût personnel tendrait à penser que la poésie des Regrets est largement surestimée mais ne nous limitons pas à une lecture immédiate et affective. Les poèmes de ce recueil dévoilent tout leur intérêt dans la perspective d'un cadre littéraire et politique qui renvoie d'une part au mouvement de la Pléiade et d'autre part à la déchéance de la Rome papale.


Joachim du Bellay, poète de la Pléiade, vivait à Paris avec ses semblables de plumes qui louaient unanimement la gloire de cette Rome antique qui avait permis à de grands auteurs comme Virgile ou Cicéron de construire leur oeuvre, jusqu'au jour où Du Bellay fut plus ou moins embarqué dans un voyage qui devait le conduire pendant trois ans à effectuer de menues tâches administratives dans la ville « mère des Arts » vantée par Ronsard. La réalité est bien souvent plus décevante que l'imagination et pour se lamenter, Du Bellay commença à rédiger les Regrets au cours de son séjour romain. Il le poursuivit encore lors de son retour et une fois rentré au bercail parisien. Ce recueil est donc celui du paradoxe : les lamentations sur l'exil composées en partie lors du retour offrent un espace d'expression à la fois pour la plainte, pour la satire et pour l'élégie, composition hétéroclite et incohérente si on la place dans la perspective purement biographique. Un autre paradoxe, et non des moindres, peut rendre le lecteur confus. Alors que Joachim du Bellay recommandait de prendre ses distances avec les sources d'inspiration antiques dans sa Défense et illustration de la langue française, il nous faut reconnaître qu'il déploie ici une poésie savante et riche de références à Ovide, Horace, Virgile ou Cicéron pour les anciens, mais aussi à Erasme ou à Ronsard, son compagnon et principal rival de la Pléiade. Les paradoxes se résolvent lorsque l'on déplace les Regrets du plan de la lecture biographique pour les placer sur le plan de la lecture littéraire. le recueil devient alors le manifeste d'une écriture poétique profondément originale, dans la lignée de cet humanisme qui accorde de l'intérêt aussi bien à l'individu qu'à la toile de ses sources d'inspiration.


Les Regrets est un puissant témoignage de cette période poétique et historique de transition, qu'on lira sinon pour le plaisir, au moins pour l'anecdote.
Commenter  J’apprécie          160
Au début, Du Bellay agace un peu. Il n'arrête pas de se plaindre, de geindre, de regretter sans bouger. Mais il sort de sa torpeur, et nous avec, quand il commence à parler du monde qui l'entoure, cette Rome qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, le ridicule de ceux qui s'y pavanent, le règne de l'apparence et le luxe sans gloire des parvenus qui se croient importants. La plume de du Bellay passe de la mélancolie au curare, piquant élégamment ses contemporains ou rêvant de l'ingrate patrie qui s'éloigne, défendant sa langue qui peut, à l'instar des langues antiques, tout dire et bien le dire. Sa langue pourtant, à Du Bellay, nous semble trop corsetée, pas encore assez affirmée, et on la lit désormais comme lui lisait les langues anciennes.
Commenter  J’apprécie          120


Lecteurs (414) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}