Un rescapé britannique de seconde classe du Titanic , Lawrence Bessley, témoignera plus tard : « Beaucoup d'actes de courage s'accomplirent cette nuit-là, mais aucun n'égala le cran de ces quelques hommes qui continuèrent à jouer, minute après minute, pendant que le navire s'enfonçait de plus en plus dans la mer […], la musique qu'ils interprétaient leur servant autant d'inoubliable requiem que leur valant le droit imprescriptible d'être gravés à jamais sur les tablettes de la gloire éternelle. »
Quand Fumiko Ishioka, une Japonaise de 29 ans, reçut, au début de l'année 2000, un imposant colis du musée d'Auschwitz, en Pologne, sa silhouette menue vacilla. Depuis des mois, la toute jeune coordinatrice du Centre de documentation sur la Shoah, à Tokyo, espérait qu'on accepte de lui confier, au moins provisoirement, un objet personnel ayant appartenu à un Juif déporté dans un camp de concentration au cours de la Seconde Guerre mondiale. Mais, face aux refus incessants que lui avaient opposés de nombreux musées à travers l'Europe, elle avait fini par ne plus attendre. Alors, ce jour-là, dans le silence de son bureau, Fumiko ouvrit le paquet avec une précaution et un respect solennels. Déjà, elle savait que les objets contenus dans le colis avaient traversé les époques et les océans pour arriver jusqu'à elle. Déjà, elle savait que chacun d'entre eux recelait une histoire personnelle tragique, singulière et pourtant universelle.