Jusqu'au 5 décembre 1954, ce sera un accident. Mais c'est le troisième accident consigné par les gendarmes, où l'on parle de noyade à propos du même enfant.
Sur le canapé de velours, l'homme râle, le visage violet, presque noir, les mains crispées sur sa gorge, cherchant de l'air désespérément. Et il meurt.
Il faut faire vite. Hâtivement rajustée, la jolie femme s'esquive par le jardin, guidée par le secrétaire efficace. Un fiacre l'emporte vivement.
Nous sommes le 16 février 1899. Elle, c'est Marguerite Steinheil, qui s'enfuit affolée, du Palais de l'Elysée. Celui qui vient de mourir brutalement d'apoplexie, c'est le président Félix Faure. Marguerite Steinheil termine ce jour-là sa carrière de favorite.
Aujourd'hui, plus de vingt États américains ont adopté la chaise électrique parce qu'elle est plus propre et que l'arrêt du cerveau est plus facilement vérifié que dans les autres formes d'exécution.
Le problème n'est sans doute pas là, mais bien plutôt dans l'acceptation ou le refus d'une mort infligée par une collectivité à un individu, que sa solitude en face d'une société frappée d'anonymat, donc d'irresponsabilité, transforme en victime pitoyable, quels que soient les forfaits qu'il a pu commettre.