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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
A quelques mois de la retraite, Mohamed n'a aucune envie de quitter l'atelier où il a travaillé presque toute sa vie depuis qu'il est parti du bled. Afin de chasser le malaise diffus qui l'envahit, il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il pense à son amour profond pour l'islam, dont il n'aime pas les dérives fanatiques ; il se désole de voir ses enfants si éloignés de leurs racines marocaines ; il réalise surtout à quel point la retraite est pour lui le plus grand malheur de son existence. Un matin, il prend la route de son village natal, décidé à construire une immense maison qui accueillera tous ses enfants. Un retour » au pays » qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait.

Je reprends ici la présentation de l'éditeur, car au final il a tout dit. Mohamed se confie – l'homme est malheureux. Depuis son départ en retraite, il tourne en rond. Il a d'ailleurs continué de se rendre à l'usine après sa mise en retraite. Ses cinq (ou six?) enfants ont fait leur vie et ne donnent que très peu de nouvelles. Il chérit sa petite dernière qui rêve d'être vétérinaire. Alors Mohamed commence à rêver : en premier du retour au pays, car Mohamed ne s'est jamais senti chez lui, au pays des « Françaouis » et il rêve de son village. Et ce projet fou : construire une maison assez grande pour y accueillir tous ses enfants (et leurs familles). Mais Mohamed va comprendre qu'il est le seul à faire ce rêve.

Mohamed – j'avoue, m'a peu à peu, ennuyé et au final énervé. C'est la première fois que j'ai lu un livre, en décidant de sauter une trentaine de pages afin de finir le livre le soir-même. Pour le reprendre le lendemain matin et lire ces trente pages. Oui.

J'ai deux interrogations : j'ai trouvé Mohamed un peu trop stéréotypé : l'image du petit homme immigré sympathique, qui parle très mal le français, travaille dur et ne fait jamais de vagues. Une image assez commune de cette génération d'immigrés des années 60-70, et j'ai eu l'impression d'avoir déjà croisé cet homme très souvent. Ce que je veux dire, c'est qu'il correspond à nos clichés et ça m'a un peu dérangé.

Au point que je me suis posée la question (après plusieurs jours),de savoir si ce n'était pas la volonté de l'auteur de présenter ici cet homme avec ses pensées conservatrices et de ne pas nous proposer une alternative. Mohamed a quitté son pays avec son épouse. Un mariage arrangé, d'ailleurs il trouve ça normal. Comme le remarque-t-il, de n'avoir jamais échangé un rire avec son épouse. Ils ne se parlent pas. D'ailleurs, il ne comprend pas ses enfants qui ont refusé cette coutume pour choisir eux-même leurs conjoints. L'ainé a même osé épouser une Française catholique, son autre fils une Espagnole et l'une de ses filles, qu'il a désavouée, a osé s'enticher d'un homme français. Depuis, ils n'ont plus de contact.

L'homme ne comprend pas pourquoi ses enfants ne lui donnent pas de nouvelles, ne sont pas tout le temps à la maison. Tout en admettant qu'après son travail à l'usine, il rentrait à la maison dormir ou ressortait boire le thé avec d'autres Marocains. Et que contrairement à ces « Françaouis », il n'a jamais lu une histoire à ses enfants ou joué avec eux. Il ne se remet jamais en question et constate simplement qu'il est un homme seul.

Honnêtement, Mohamed n'est pas un homme méchant. Il est profondément conservateur et simplement égocentrique. J'aime sa position sur le radicalisme des jeunes musulmans mais ses positions sur les droits des femmes m'ont irritées. Malgré tout, j'ai ressenti de la tristesse pour cet homme abandonné des siens. Un regard amer sur cette génération d'immigrés appelés par la France, mais jamais accueillis comme il le faut.

En ayant vécu à l'étranger, je sais que l'intégration ne peut pas être forcée. Elle doit venir des deux côtés, et là, la France a grandement raté à sa mission d'accueil. Mais en face, la première génération n'était là que de passage, pour gagner de l'argent et l'envoyer au pays. Ils ont simplement oublié que leurs enfants étaient nés en France et seraient Français et qu'au pays, on les aurait oubliés.
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Un portrait touchant et réaliste d'un de ces immigrés que la France a accueilli mais qui ont perdu leurs racines. Un plaisir de lecture.
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