Je commencerai ce billet avec l'expression d'un très vif mécontentement contre les éditions Gallimard qui, sur la 4e de couverture, dévoilent dès la première ligne un élément important de l'intrigue qui intervient normalement vers la fin du livre. J'ai perdu une grande partie du plaisir de lecture alors qu'un des attraits de l'histoire aurait justement été de découvrir progressivement ces éléments. C'est un peu excessif peut-être, mais ce spoil grossier m'a vraiment contrariée et je ne trouve pas cela respectueux du lecteur.
Donc un conseil : si vous le pouvez, FUYEZ la 4e de couverture (ainsi que le résumé sur Babelio d'ailleurs qui est identique).
Parenthèse fermée, revenons au roman…
Le seul livre de
Tahar Ben Jelloun que j'ai déjà lu est
La nuit de l'erreur, il y a quelques années et j'en garde un souvenir vague mais mitigé. En tout cas, pas une lecture qui m'a marquée.
Aussi, c'est avec prudence et retenue que j'ai abordé cette lecture.
Il s'agit de l'histoire d'un couple de personnes âgées, qui vit littéralement confit dans l'aigreur et la détestation l'un de l'autre. On comprend qu'une tragédie, survenue il y a des années, les a peu à peu éloignés l'un de l'autre et a érigé un mur d'incompréhension et de haine entre eux.
J'ai aimé la trame narrative de l'histoire qui fait un double va et vient : à la fois entre les différents points de vue des personnages et également entre deux temporalités.
La grande qualité de
Ben Jelloun est de nous faire, à travers l'histoire particulière de ses personnages, le portrait sans concession d'une société marocaine qu'il égratigne au passage : la corruption, le poids des traditions et de la religion, les violences faites aux femmes…
Il se dégage de ce livre une force qui m'a touchée. Les personnages, avec leurs imperfections, leurs lâchetés, leurs compromissions sont tellement émouvants dans leur détresse, tellement humains, empêtrés dans leur chagrin.
Un livre qui parle de deuil et de destins brisés mais aussi d'espoir et de résilience (d'où
le miel et l'amertume). Presque parfait, en dehors du spoil éhonté que j'ai évoqué plus haut.