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Ce roman de Tahar Benjelloun est un cri du coeur. Des coeurs de protagonistes. Grâce à la polyphonie du roman, notre point de vue se déplace d'âmes en âmes. Les doutes, les souffrances, les rancoeurs de chacun nous sont évoquées.

Plus qu'un confident, le lecteur intègre la conscience du personnage. On partage sa souffrance et loin de nous le jugement. On comprend le sens de leur amertume, les regrets qui les dévorent mais, encore plus destructeur: le silence qui les entoure.

Le poids du silence sur les êtres, les familles. Ce silence qui attise la haine, la solitude, la colère. Ces ressentiments qui prennent toute la place et deviennent l'enjeu même de la vie. Cette haine qui rend vivant quand le coeur est meurtri, dévasté.

Les mots ne changent pas les événements. Ne luttent pas contre le mal commis. Ils peuvent, peut être, juste un peu libérer l'âme du poids du fardeau. Permettre de se délivrer de la haine et de la rancoeur mais pas de la peine. La parole permet de rester vivant. Pour les présents.

Une histoire d'une infinie tristesse mais d'une grande humanité.
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Je commencerai ce billet avec l'expression d'un très vif mécontentement contre les éditions Gallimard qui, sur la 4e de couverture, dévoilent dès la première ligne un élément important de l'intrigue qui intervient normalement vers la fin du livre. J'ai perdu une grande partie du plaisir de lecture alors qu'un des attraits de l'histoire aurait justement été de découvrir progressivement ces éléments. C'est un peu excessif peut-être, mais ce spoil grossier m'a vraiment contrariée et je ne trouve pas cela respectueux du lecteur.
Donc un conseil : si vous le pouvez, FUYEZ la 4e de couverture (ainsi que le résumé sur Babelio d'ailleurs qui est identique).
 
Parenthèse fermée, revenons au roman…
Le seul livre de Tahar Ben Jelloun que j'ai déjà lu est La nuit de l'erreur, il y a quelques années et j'en garde un souvenir vague mais mitigé. En tout cas, pas une lecture qui m'a marquée.
Aussi, c'est avec prudence et retenue que j'ai abordé cette lecture.

Il s'agit de l'histoire d'un couple de personnes âgées, qui vit littéralement confit dans l'aigreur et la détestation l'un de l'autre. On comprend qu'une tragédie, survenue il y a des années, les a peu à peu éloignés l'un de l'autre et a érigé un mur d'incompréhension et de haine entre eux.

J'ai aimé la trame narrative de l'histoire qui fait un double va et vient : à la fois entre les différents points de vue des personnages et également entre deux temporalités.

La grande qualité de Ben Jelloun est de nous faire, à travers l'histoire particulière de ses personnages, le portrait sans concession d'une société marocaine qu'il égratigne au passage : la corruption, le poids des traditions et de la religion, les violences faites aux femmes…

Il se dégage de ce livre une force qui m'a touchée. Les personnages, avec leurs imperfections, leurs lâchetés, leurs compromissions sont tellement émouvants dans leur détresse, tellement humains, empêtrés dans leur chagrin.

Un livre qui parle de deuil et de destins brisés mais aussi d'espoir et de résilience (d'où le miel et l'amertume). Presque parfait, en dehors du spoil éhonté que j'ai évoqué plus haut.
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Le miel et l'amertume.... Un joli titre qui rappelle ces senteurs souvent associées.
Dans ce roman l'amertume domine. L'amertume de plusieurs vies gâchées, détruites, enchaînées à la haine de l'autre.
Maroc. Tanger. Aujourd'hui. Un couple d'octogénaires qui n'en peut plus de vivre ensemble, qui n'en peut plus de voir la mort les ignorer. Un secret, une honte.... Leur fille morte. Leur fille qui s'est suicidée à 16 ans.
Un couple qui se détruit autour de ce drame insurmontable.

Le livre est douloureux, empreint d'une tristesse lancinante. Un beau livre à lire.
*
Un regret : Gallimard ne fait pas un 4e de couverture digne de ce nom, l'éditeur résume le livre du début à la fin !
L'attente, les questions que j'aurais pu avoir en cours de lecture ont été rendues inexistantes par ce résumé scolaire. Dommage !
Attention c'est ce même 4e de couverture qui figure sur Babelio....
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Un livre magnifique, Tahar Ben Jelloul arrive grâce son écriture à nous faire pénétrer dans l'intimité de ses personnages. Tanger, une ville de bord de mer sous le soleil, dans laquelle vit un couple dans une maison où le soleil ne pénètre plus. Un livre que je n'ai pas eu envie de quitter.
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Très beau livre bouleversant et drôle à la fois, car ce couple est touché par un drame familial et les disputes sont courantes. Tout y est bien raconte et si par moments j'ai souri j'ai été touché emotionnellement par cette lecture. Une citations du livre que j'ai beaucoup aimé "mais un jour j'ai eu une révélation une évidence quelque chose qui s'est imposé à moi avec une clarté terrible :nos enfants ne nous appartiennent pas . Cette vérité m'a fait mal puis j'ai appris à admettre qu'ils ont leur vie leurs problèmes et que nous sommes devenus des fardeaux. Je ne leur en veux pas . Ça me rend triste mais c'est ainsi .
Merci Mr Tahar Ben Jelloun pour ce très beau livre
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magnifique roman mais très realiste à la fois.
Roman choral le père la mère agés la fille qui va subir un viol. Tout est dit. La vie au Maroc, les relations de couple qui se supportent difficilement, les traditions, les émotions, les relations ou plutot les sentiments contradictoires père fille et mère fille. On ne lache pas ce roman. Puissant, âpre mais si beau. Ne loupez pas cette lecture.
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Superbe et bouleversant, ce roman choral alterne les témoignages d'un père, d'une mère, des frères et des proches d'une lycéenne victime à seize ans d'un viol dont elle garde le secret avant de mourir, de se suicider, de briser ainsi sa famille victime d'un remords éternel et muet.

Un an après #MeToo et « Le Consentement » de Vanessa Springora dénonçant Gabriel Matzneff comme un prédateur, le journal intime de Samia accuse « Khenzir » (le cochon), un éditeur qui propose de publier ses poèmes « Pour être publiée il faut payer. C'est donnant donnant »…

La tombe de Samia est rapidement détruite, bien avant que Khenzir tire sa révérence à 73 ans et que les médias commettent un scandaleux éloge funèbre « Ainsi, ce militant de la culture, cet amoureux de la poésie, cet homme élégant et humble, a eu de belles funérailles. … La rédaction de notre journal présente ses condoléances sincères et émues à sa famille et à tous ses amis. » …

Cette tragédie fracasse la famille. le mère et la mère s'accusent mutuellement de n'avoir pas été attentif leur fille. Les deux jeunes frères s'échappent de la cellule familiale sans savoir ce qui est arrivé à leur grande soeur.

Tahar Ben Jelloum décrit avec pudeur et précision l'impossible communication et la culpabilité partagée des parents qui sombrent dans une vieillesse pitoyable et misérable.

« L'aigle noir » de Barbara plane au dessus de ces pages nourries de citations littéraires par un père, appréciant la littérature et connaissant ses classiques, et une fille curieuse et amoureuse de poésie. Mais il ne suffit pas qu'un enfant écrive et que son père lise pour qu'ils se comprennent … hélas !

Universel, ce drame qui pourrait se dérouler « ici et maintenant », est enraciné à Tanger, dans la région déshéritée du Rif, éternelle insurgée contre le pouvoir central, dont la corruption est vouée aux gémonies.

Ce détour ne doit pas occulter la torture subie par tant de femmes harcelées quotidiennement. En 2019, selon le ministère de l'Intérieur, 22 900 viols ont été enregistrés en France, un chiffre en hausse de 19% par rapport à l'année 2018.
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« J'habite un sous-sol tellement bas qu'il m'arrive parfois de le confondre avec une tombe. »

C'est ainsi que commence Miel et amertume, le dernier roman de Tahar Ben Jelloun. Des mots chargés d'amertume, d'obscurité et d'odeur de mort. C'est une histoire sombre dans une ville de lumière, Tanger, ville natale de l'auteur. C'est là que tente de survivre, ou plutôt de mourir, terré dans le sous-sol de sa maison, un couple en totale détresse et démolition dont on apprend peu à peu ce qui l'a mené si bas. « Ce lieu est bien trop grand pour servir de tombe. La maison tue lentement. Elle a été la scène de notre bonheur bref et de notre malheur permanent ». Bonheur bref au début du mariage de Mourad et Malika – certes arrangé selon la tradition – mais vite rattrapé par la réalité marocaine où sévissent la corruption, l'impunité et le carcan de la religion. C'est dans une atmosphère de violence sous-jacente où chacun ne supporte plus l'autre, rumine ses déceptions, ravive ses souvenirs et crache ses reproches, qu'arrive «la tragédie ». Samia, la fille du couple, lumineuse, éprise de poésie, est au coeur du drame. Celui-ci est d'autant plus violent et paradoxal que c'est par l'écriture poétique, seul recours que l'adolescente trouve face au monde où elle se sent étrangère, qu'il advient sous la forme d'un viol sauvagement perpétré par un « cochon » d'imprimeur de poésie. Samia ne pourra survivre à ce qui est considéré comme déshonneur absolu et se donnera la mort. C'est en découvrant son journal intime, seul confident de son malheur, que les parents apprendront la terrible vérité et se condamneront eux-mêmes à l'enfer : « Samia nous a entraînés avec elle. Nous sommes morts et nous ne le savons pas. »

Ce récit choral à plusieurs voix, voix brisées, torturées par le remords et la culpabilité, est aussi une histoire de silence, une tragédie du non-dit et de l'indicible. L'amertume, c'est le constat d'une société tiraillée entre ses traditions séculaires et l'aspiration à la modernité. le miel, c'est la lueur d'espoir que peut apporter la littérature en réveillant les consciences, en donnant l'alerte. « Un pays qui construit plus de mosquées que d'écoles ou d'hôpitaux est un pays fini. Rien de bon n'en sortira. »

D'une écriture limpide, ce roman fort, sans concession sur la société marocaine, interpelle le lecteur en le plongeant dans l'intériorité tourmentée des personnages.
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Ce roman est celui du grand écrivain franco-marocain, Tahar Ben Jelloun . Il s 'agit d 'un récit poignant et émouvant tellement il est dramatique ! Il touche une famille bien simple qui aurai bien pu vivre longuement heureuse si leur jeune fille, Samia n 'était tombée dans les rets d 'un obsédé sexuel .Ce dernier a fait miroiter à sa victime qu 'il peut lui éditer ses poèmes .Samia est victime de sa naïveté . Une fois que la fille a avalé les bobards de ce malade, il l' attira et abusa d 'elle ! C 'est la catastrophe pour elle .La fille nota et consigna tout son malheur dans son journal intime .Puis, elle se suicida .
La vie familiale est chamboulée et la haine et la désunion se sont installés dans cette famille malheureuse !
Grâce à une écriture simple mais combien poignante et
âpre l 'auteur nous fait mesurer le drame de cette famille et nous décrit ce que vivent les habitants de cette grande ville cosmopolite : corruption, société qui perd ses repères,honte, traditions obsolètes ...Un enfer !
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Le roman se deroule à Tanger. Samia s'est suicidée après avoir été violée. Ses parents, Mourad et Malika, ne comprendront la raison de son acte que plus tard, lorsqu'ils lisent son journal intime. Ils se déchirent au quotidien jusqu'à leur mort, sans décider de divorcer.
Le roman de Tahar Ben Jelloun est extrêmement psychologique. Il est écrit en alternant la pensée de chacun des 5 personnages de cette même famille.
Roman très beau et facile à lire.
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