Fin mai 1968, la grève étudiante a fait tache d'huile dans l'ensemble des facultés françaises, les usines sont à l'arrêt, Paris a connu plusieurs soirées d'émeutes très violentes, certaines villes de province également, l'essence vient à manquer, d'autres matières premières disparaissent des rayons. le pays est dans une situation quasi insurrectionnelle, d'autant plus que le 29 est organisée une manifestation par le PCF qui doit réunir près d'un million de personnes et les rumeurs les plus folles circulent autour de l'événement : des armes seraient distribuées et les communistes investiraient l'hôtel de ville. En résumé c'est véritablement la chienlit. le grand Charles est désemparé face une telle confrontation : que faire face à des étudiants qui rêvent d'un grand soir, d'ouvriers qui refusent une augmentation de 35 % ( !), et qui n'écoutent plus les discours du Sauveur, de l'Incarnation du pays. En plus l'entourage du Général s'est particulièrement ramollie et refuse la manière forte. Sans parler de Pompidou qui joue sa propre partition. le vieil homme est décontenancé et décide sur un coup de tête de partir à Colombey, son refuge, son havre de paix, et ce sans prévenir qui que ce soit. Et sans préciser qu'il fait d'abord un petit détour par Baden-Baden, rejoindre discuter avec un fidèle de toujours, le général Massu qui n'en demandait pas tant (il ne demandait rien d'ailleurs, sinon du calme en attendant la retraite). de cette rencontre, il n'existe pas de traces, sinon quelques témoignages indirects. Que s'est-il passé, que s'est-il dit exactement ? Toujours est-il que Charles de Gaulle reviendra juste après dans la capitale, remobilisé comme jamais et renversera la situation avec un discours de 4 minutes ! Georges-Marc Benamou, journaliste et historien, nous restitue non sans humour ces heures déterminantes de l'histoire récente de notre pays, que ce soit les doutes du grand Charles, les manoeuvres de Pompidou et consorts ou les arguments du légionnaire Massu, n'hésitant pas à bousculer l'homme qu'il admire tant. Écrit avec beaucoup de rythme, il nous décrit une situation invraisemblable et pourtant entièrement réelle.
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Un épisode moins connu de mai 68 où l'on retrouve le Général 3 jours à Baden Baden en pleine réflexion sur la conduite à prendre et qui fera basculer le destin de la France. Ça ne manque pas d'intérêt et de précision ! L'écriture fluide ainsi que les courts chapitres nous porte dans cette histoire éclairante.
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