Il y a un paquet de poètes qui ont des choses à leur nom dans le quartier. Tour Verlaine. Cité Hugo. Centre d'activité Guillaume Appolinaire. Et tous ces machins sont plus moches les uns que les autres. Mais les poètes sont morts avant de le savoir, alors ça va.
Mon temps préféré c'est le futur.En primaire,c'est le premier que j'ai retenu.Je trouvais le présent ennuyeux et le passé triste.
Yéyé est ce qu'on appelle un emmerdeur...je vous jure que ce type fait que vous charrier quand vous parlez tranquillement avec lui...s'il voit une vieille qui monte chez elle avec des sacs de courses,au lieu de l'aider,Yéyé lui dit:
- Alors madame Machin,vot'mari est toujours pas revenu?
Et sûrement que le mari de la vieille est mort et tout.
J'aime bien les poèmes. J'en ai lu quelques-uns de Charles Baudelaire. Et même quand je comprends pas, je trouve ça beau. J'ai l'impression que c'est pas très important de comprendre vraiment. Ces hommes là sont différents. C'est comme de pas comprendre nos rêves. Personne nous en veut pour ça.
Je marchais vers la cité Berlioz et mon ventre continuait de faire des bruits. Je n'étais pas souvent allé dans cette cité. Déjà parce que je n'avais rien à y faire. Mais en plus parce que ça craignait franchement. C'est la première à avoir été construite et ça se voit tout de suite. On dirait une ville après la guerre, sauf qu'il y a pas eu la guerre. Et ça fait encore penser à ces machins de voyage dans le temps. Je veux dire qu'il suffit de la regarder pour comprendre comment les autres cités vont devenir. C'est pas de la magie ou quoi. C'est juste que toutes les cités ont plus ou moins été construites de la même façon. Et que si vous veniez ici, vous seriez paumé.
Pour aller de mon collège à Berlioz, il faut se taper un tas de quartiers pavillonnaires. C'est la déprime de marcher dans ces rues. Ca sent la mort je vous jure. Le seul truc bien c'est de savoir que Mélanie Renoir habite un de ces pavillons. C'est pas vraiment vraiment le chemin, mais ça fait pas un trop long détour.
Je vois les tours sortir du sol. Elles étaient prêtes depuis longtemps à l'intérieur de la terre. Et c'est souvent un terrain vague qui entoure les immeubles. Comme si la terre ne se remettait pas d'avoir accouché de ces monstres.
Le bal est organisé en plein air sur la place qu'on appelle Les Palmiers roses. Bien sûr il n'y a pas de palmiers roses sur cette place, et pour tout vous dire, il n'y a pas de palmiers du tout. C'est juste un nom comme ça. Les palmiers ne sont pas le genre d'arbre qu'on trouve dans le quartier. On est plutôt platane, peuplier, ou tout ce qui peut supporter le froid, la pisse de chien, le gris, la taillade au couteau et surtout l'indifférence.
Elle allait pour partir :
- Mélanie...
- Oui...
- Tu sais, tout à l'heure, quand on parlait... Ben... Il y a quelqu'un qui me plaît.
Elle a souri.
- Moi aussi... Il y a quelqu'un qui me plaît.
Et j'ai su que c'était moi.
Et j'ai su que c'était moi.
Et j'ai su que c'était moi.
Les gens qui souffrent vous manquent... même quand ils sont là
Les palmiers ne sont pas le genre d'arbre qu'on trouve dans le quartier. On est plutôt platane, peuplier, ou tout ce qui peut supporter le froid, la pisse de chien, le gris, la taillade au couteau et surtout l'indifférence.