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Critique de BazaR


Décidément lire Benford n'est pas aussi fluide que la mer qu'il mentionne dans le titre.
J'avais déjà rencontré des récifs dans l'Océan de la nuit, et ça a recommencé. Heureusement, le fond de l'intrigue (caché dans les dorsales océaniques) m'intéresse bien et l'auteur parvient à suffisamment l'alimenter pour que je souhaite m'accrocher.

Premier écueil : je trouve le personnage principal, Nigel, particulièrement imbuvable. C'est monsieur-je-sais-tout qui méprise les avis différents du sien et passe son temps à court-circuiter toutes les voies hiérarchiques et tous les plans préconçus. Impossible pour lui d'avoir de vrais amis. Tout à fait le genre de mec que je déteste fréquenter. Une sorte de professeur Challenger de Conan Doyle, mais en pas drôle.
Bon, à sa décharge, Nigel a été pensé comme ça. Et il dispose d'une espèce de méta-compréhension des choses qu'il ne sait pas expliquer et qui l'isole. J'ai beau le savoir, il m'énerve.

Je trouve plus gênant certains effets de style de Gregory Benford utilise. Il aime faire avancer son histoire en décrivant des discussions à bâton rompues à multiples voix non identifiées. Cela donne l'impression de conversations de comptoir ou de bouts de discussion captées lors d'une soirée. Les phrases s'interrompent avant la fin ; on se coupe la parole ; ça fait gros brouhaha. Ces discussions ont souvent un caractère scientifique, et là le manque de vulgarisation fait que souvent on ne comprend pas les détails. L'auteur aime aussi écrire des paragraphes où il mêle science et lyrisme, pour un résultat que je trouve mitigé. Il fait de la hard science, ne l'oublions pas.

Mais les thèmes principaux de l'histoire me parlent : opposition vie organique intelligente et machines à un niveau galactique et communication avec des espèces extraterrestres. Les formes de vie intelligente que conçoit Benford sont fascinantes, et j'aime bien la façon dont les humains apprennent petit à petit, parfois violemment, à quoi ils ont affaire.
Je suis moins fasciné par le pendant « innovations sociales » qui intéressent aussi beaucoup l'auteur. Comme dans le premier tome, il en remet une couche avec les tensions internes à sa nouvelle triade sentimentale Nigel-Nikka-Carlotta, éléments qui sont découplés de l'intrigue principale. Benford passe du temps aussi pour décrire les innovations sociales qui sont développées par la communauté d'humains à bord du vaisseau « Lancer » (un vaisseau qui a l'air de fonctionner selon la même technologie que celle du vaisseau du roman Tau Zéro de Poul Anderson). Cela m'a un peu évoqué l'évolution de la communauté de savants qui vit dans le satellite d'observation autour de la planète Helliconia (trilogie de Brian Aldiss). Là encore, pas vraiment d'influence sur le thème principal.

C'est donc une lecture en dents de scie que j'ai pratiquée. Mon intérêt pour le thème principal l'emporte et je suis toujours motivé pour lire la suite, qui semble se passer bien des éons plus tard.
A noter que Gregory Benford a réécrit la fin de ce tome en 1989, probablement afin de laisser une ouverture pour la suite qu'il n'avait peut-être pas envisagée au départ. le roman publié dans la collection Présence du Futur correspond à la première version (celle de 1984). Celui du Livre de Poche à la deuxième version.
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