Je suis le carnet de Dora Maar

Un vieux répertoire découvert un peu par hasard à l'occasion d'un banal achat sur internet. Entre les anonymes, la narratrice découvre le gratin du monde artistique et intellectuel du Tout-Paris de l'après-guerre. Brassaï, Picasso, Cocteau, Staël, Lacan. Pas un ne manque à l'appel. Il faudra peu de temps à l'autrice pour découvrir sa propriétaire, bien plus pour délier les fils complexes des relations que Dora Maar entretenait avec son entourage.
De ce fabuleux matériel, il en ressort assez vite un enchainement alterné de portraits de personnalités et de moments de crises existentielles de Dora. Cette structure mécanique affaiblit rapidement le rythme du récit. Ses personnages, pourtant haut en couleurs, s'affadissent pour ne devenir que de vagues silhouettes d'un bottin mondain un peu fané. Un sentiment général de désenchantement se dégage de cette recherche comme de sa lecture.

Ce livre présente un format original, avec des allures surréalistes pour mieux épouser l'époque et les artistes évoqués. L'écrivaine se refuse à romancer la vie de Dora Maar mais se voit plutôt biographe ou enquêtrice. Lorsqu'elle se laisse aller à quelques descriptions un peu imagées ou qu'elle dépeint une scénette qui pourrait ne pas coller parfaitement à la réalité, elle revient immédiatement sur ses pas, presqu'en s'excusant. Même si j'admire le travail d'historienne et que j'ai apprécié la diversité des portraits qu'elle nous peint, j'ai trouvé que le livre manquait cruellement de rythme et qu'on ne s'attache pas à la galerie d'hommes et de femmes qu'elle nous présente. Je retiendrais tout de même une information: je suis heureuse de ne jamais avoir croisé le chemin de Picasso, il avait l'air complètement toxique!