Quel homme infidèle peut avoir l'idée de loger ses deux maîtresses dans un tel mouchoir de poche ?
Comment faire la part du mensonge ou de l'enjolivement des souvenirs quand vous n'avez pour seule source directe que cette petite heure d'enregistrement.
Qu'importent les absences, elle raconte à ses proches, et finit par y croire aussi, l'histoire d'un papa merveilleux qui travaille beaucoup à Paris, les aime énormément et les rejoint dès qu'il peut. Ce qui, au fond, n'est pas totalement faux.
Donner la vie sera toujours pour lui l'ultime création.
Elle (Olga) a tout quitté pour lui : sa carrière de danseuse, son pays, sa famille. La Révolution russe l'a même totalement coupée des siens. Elle a dû aimer son confort, le prestige d'un mari célèbre et le bonheur des premières années. Mais elle a supporte aussi les humiliations, les infidélités, l'indifférence et même les coups, si l'on en croit Françoise Gilot qui affirme que Picasso, partois, la traînait par les cheveux « pour la calmer ».
Seulement soumise et passive, elle aurait vite ennuyer Picasso. A cette époque, il faut l'imaginer plutôt comme un feu follet à "dompter," une gamine ingénue et sans-gêne qui se laisse entraîner dans une relation joyeuse une sexualité sans tabou.
" Vous étiez soumise? " demande Pierre Cabanne."Mais non, pas soumise, j'étais gentille ! " s'énerve Marie-Thérèse.
La poétesse et peintre Alice Paalen, qui entretiendra huit ans plus tard une brève liaison avec Picasso, racontait qu'"une de ses joies était de frustrer les femmes du plaisir ".
"Il m'a domptée" dit-elle...Elle a trouvé pour une fois le mot juste, qui dans sa complexité amalgame toute les nuances de tous les synonymes : apprivoiser, dresser, dominer, éduquer, captiver, museler, contrôler, soumettre.
Elle est le corps parfait qui désormais obsède l'homme et le peintre.