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Citations sur La Grammaire de Dieu : Histoires de solitude et d'all.. (11)

- Comme vous le savez, le livre a été écrit durant l'année des sept icebergs, par un cachalot albinos, du nom de Mobius Benedicktus. Il fut persécuté toute sa vie par un baleinier auquel il avait arraché une jambe, lors d'un duel marin loyal. Naturellement, comme toujours, le provocateur avait été l'homme. Mais celui-ci, gonflé de haine, se mit à poursuivre Mobius à travers les océans... Quelqu'un sait-il comment s'appelait ce baleinier ?
- Crab ? suggéra une petite baleine potelée
- Non, soupira le prof.
- Calab ... non, Ahab, dit une baleine potelée
- Très bien Rayurine, c'est ainsi que sonne son nom dans la langue des hommes. Et bien, le récit de Mobius Benediktus poursuivi par Ahab, ses réflexions sur la mort et sur le caractère éphémère de l'existence, les aventures et les coups de théâtre, jusqu'au finale tragique, font de ce livre un chef d'œuvre pélagique qui ne peut être absent des archives ultrasoniques d'aucune baleine...
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- Comme nous le prévoyions, les sondages concernant les prochaines élections (je veux parler des vrais sondages) ne nous sont pas favorables. Ni le plan d’informations subliminal, ni le faux attentat contre l’équipe nationale de foot n’ont été efficaces. Depuis des années désormais, dans notre pays, l’Histoire se répète.
Un parti l’emporte, puis les gens sont déçus par celui-ci, parfois sans véritable motif, sans pouvoir expliquer ce qu’ils attendaient. Par ennui, par un irrémédiable instinct de défiance, parce qu’ils sont habitués à se plaindre et à pleurnicher.
C’est ainsi que l’électeur paresseux récompense un nouveau parti qu’il méprisera et punira au bout de quelques années. Et l’on verra réapparaître les stéréotypes, les lieux communs, les histoires drôles et les conversations de café du Commerce, et les vieilles indignations renaîtront, l’opposition en fera son cheval de bataille et l’emportera, certes, de justesse.
Tout en sachant que, très vite, elle aussi devra descendre du manège qui se remettra à tourner, en un néant bariolé de bavardages et dans l’onanisme sondagier.
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A un mille de profondeur, dans l’océan Pacifique, dans la fosse de Buenas Umbras, un étrange rassemblement de baleines se déroulait.
Un énorme cachalot, de plus de vingt mètres, faisait du surplace, en nageant.
Au moins une vingtaine de jeunes balénoptères femelles se tenaient en face de lui, en rang par quatre.
Quel était le mystère de cette bande atypique ?
Il n’y avait aucun mystère : c’était une école, le cachalot était le professeur et les vingt balénoptères les élèves.
La leçon était donnée en ultrasons et s’intitulait « Chefs-d’œuvre de la littérature cétacéenne.
- Chères élèves, dit le prof, nous parlerons aujourd’hui de ce qui est considéré comme le livre le plus important de notre histoire. Je veux parler du Diable boiteux. Vous le connaissez bien, n’est-ce pas ?
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Cette invasion de visages et de langues intrigua et excita plusieurs de mes frères. Il venait des belles femmes et des jeunes gens bruyants. Plusieurs moines demandèrent à prendre ma place de vendeur. Mais le prieur aimait ma manière d’être parmi les gens. Ou plutôt, Dieu me le pardonne, je crois qu’il me considérait comme une attraction de plus. S’il avait pu imaginer …
Certains de ces visages me plaisaient, d’autres m’étaient indifférents. Mais aucun d’entre eux n’égalait pour moi le charme d’une plante, de la neige ou de la lumière. C’étaient des visages humains. De beaux visages de vieillards ridés, des yeux brillants d’enfants, des femmes à la démarche élégante, mais aucun n’approchait de ce que je cherchais.
Ils étaient les livres du monde, mais ils ne pouvaient pas le raconter.
Aucun d’entre eux ne pouvait m’expliquer la grammaire de Dieu.
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- Très bien. Récréation, tout le monde en surface.
Et pendant que les balénoptères, toutes joyeuses, couraient vers l’air pour s’éclabousser et jouer, il se disait :
« Quel sens cela a-t-il encore d’étudier Mobius Benedicktus ? Il est de plus en plus difficile de faire lire ces jeunes animaux. Et surtout, cela en vaut-il la peine ? »
Puis il émergea et, tout en regardant une île au loin, il pensa : « Quel effort solitaire que de faire étudier les classiques ! Je me demande si les humains s’en sortent mieux… "
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Que fait un homme qui compte, lorsqu'il se réveille ?
Apparemment, il fait comme tout le monde.
Il ouvre les yeux, s'étire, va dans la salle de bains, se lave.
Mais, à sa manière de s'habiller, on comprend tout de suite que c'est un homme qui compte.
A sa manière de choisir sévèrement chemise et cravate, à sa manière de les assortir et de se regarder dans la glace.
A sa manière d'écouter, agacé, le remue-ménage de son fils qui va à l'école, et les phrases de sa femme qui réclament son attention, évidemment refusée.
L'homme qui compte a une famille, mais il ne peut pas lui consacrer beaucoup de temps.
Sa femme est belle, elle facilite les relations, décore la maison et coûte moins cher qu'un tableau ancien.
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Un gros chat de gouttière, borgne et la queue coupée, marchait dans la nuit, avec une mine de vieux viveur.
- Excusez-moi, monsieur, lui dis-je. C’est quoi, le diable, aujourd’hui ?
- Le diable, répondit-il, c’est la peur. Chiffres, statistiques, sondages, images. Des croquettes de peur, trois boîtes par jour. Et puisque seule la peur vous unit, vous les humains, le diable est votre raison de vivre, et votre avenir.
- Et le vieux bouc ?
- Liquidé, dit le chat. Une légère baisse à Wall Street suscite plus de peur que mille diables. On m’a même dit que cinquante pour cent de l’Enfer appartiennent à Microsoft.
Il rit à pleins crocs et disparut subitement.
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Un gros chat de gouttière, borgne et la queue coupée, marchait dans la nuit, avec une mine de vieux viveur.
— Excusez-moi, monsieur, lui dis-je. C'est quoi, le diable, aujourd'hui?
— Le diable, répondit-il, c'est la peur. Chiffres, statistiques, sondages, images. Des croquettes de peur, trois boîtes par jour. Et puisque seule la peur vous unit, vous les humains, le diable est votre raison de vivre, et votre avenir.
(La sorcière)
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Le monde n'était que perte, solitude et douleur.
Quel sens pouvait avoir, sur cette planète horrible, cette créature incongrue, qui remuait la queue et gémissait de joie et qui remplissait, de son amour poilu et surabondant, une maison désolée?
(Boomerang)
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Aucun d'entre eux ne pouvait m'expliquer la grammaire de Dieu.
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