Citations sur Les Reines du faubourg (33)
Avant Pills, il y avait eu aussi Robert Lamoureux et Eddie Constantine : elle aimait les hommes grands, élégants et bien bâtis. Pourtant, il y en avait eu un qui n’obéissait pas aux canons de la chanteuse : petit, malingre, avec une curieuse voix enrouée… mais tellement de talent ! Il s’appelait Charles Aznavour. Le divorce avec Pills était inévitable…
En septembre, on passe ensemble à l’Olympia dans une chanson que le public plébiscitera : « À quoi ça sert l’amour ? » D’ailleurs quelques mois plus tôt, Piaf n’avait-elle pas proclamé « Non, je ne regrette rien… » avec une foi bouleversante.
Schoeller avait vingt-neuf ans, il était beau, élégant, charmant… mais aussi prudent car il était marié. Piaf avait quarante ans mais restait envoûtante avec ses beaux yeux bleu clair, sa peau fine, si blanche et sans rides. Néanmoins, ils se sépareront sans cesser d’être amis.
Recommencer à vivre sans Marcel est une cruelle épreuve. Édith pense en venir à bout en s’occupant de la famille de son champion, de Marinette et des enfants. Sa vie va-t-elle s’arrêter ? Non à cause de ce grand, de cet immense besoin d’amour qui la talonne et la pousse en avant. Elle n’oubliera jamais Cerdan mais il y aura d’autres hommes et, après une terrible période où Piaf boit, se drogue, manque de naufrager dans les pires profondeurs, quelqu’un la remet en selle.
Toute sa vie, Piaf qui ne s’était pas cru maternelle, gardera plantée comme une épine au fond du cœur l’image de la petite Cécelle.
Édith continue à chanter. Elle a vingt ans en 1935 quand Louis Leplée, le patron du Gernys la remarque et l’engage. Enfin sortie de la misère, elle commence à être connue quand s’abat une nouvelle catastrophe. Leplée est assassiné à coup de revolver par un client qui vide la caisse. Mais le client en question passe pour être l’amant de « La Môme Piaf » comme l’a baptisée Leplée. Il n’en faut pas plus pour que la presse se déchaîne contre la chanteuse en ajoutant, pour faire bon poids, qu’elle porte malheur. Un seul journaliste Marcel Montarron et un photographe de Détective prendront sa défense.
La vie d’Édith Piaf, à qui la considère en essayant de fermer sa mémoire aux échos de cette voix, apparaît comme un mélodrame invraisemblable qui laisse loin en arrière Les Deux Orphelines ou La Porteuse de pain. Rien n’y manque : le ruisseau, la misère, les prostituées, le miracle, la fille-mère, l’enfant abandonnée, plus une kyrielle de princes plus ou moins charmants.
Quand la France envahie, déchirée, ravagée se relève de ses cendres bien peu de mois ont passé mais ils ont suffi pour qu’Hortense Schneider, bien que toujours jeune et toujours belle, soit devenue le symbole d’une époque révolue. La République n’a rien à faire de la grande-duchesse de Gérolstein.
Tout le monde le connaît, tout le monde l’adore et Hortense, en ce cas, fait comme tout le monde. De cette liaison, elle aura un petit garçon dont elle ne se souciera guère et surtout tirera un vernis d’élégance et d’éducation non négligeable.
C’est dire que la famille n’était pas riche. Toute gamine Hortense sera petite-main chez une couturière ou coursière chez une fleuriste mais ce qu’elle a dans le sang c’est la musique, le chant, la danse et la comédie. Elle se joint à une troupe d’amateurs et un vieil artiste, Schaffner, lui apprend à poser sa voix – qui est fort jolie – et à respirer quand il faut.
Une Nana pas tout à fait fidèle à son modèle car, même si elle le cachait bien, Blanche d’Antigny, elle, possédait un cœur.