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L'écriture de Nina Berberova me touche. Toujours.

Livre lu voilà des années, je viens de le relire et j'y découvre encore autre chose (merci Babélio pour la redécouverte de ma bibliothèque).

La construction d'un homme en devenir, déraciné (Sacha).

Comment trouver sa place dans un univers où vous n'avez pas assez de jalons, de clés de lecture, laissés par vos parents, disparus, partis trop tôt.

"Son coeur se serra lorsqu'il éteignit la lumière, un spasme comprima sa gorge quelques secondes, et il pensa que s'il était vraiment la "petite fille", la "chérie" qu'appelait sa mère autrefois, il pleurerait et que cela irait mieux. Mais il ne pleura pas, il faisait froid et mauvais dans son coeur sans vie, et dans sa tête pleine de songes venimeux s'installait une tristesse sans sommeil."

Combien le vide laissé par l'absence d'un père et d'une mère est une blessure ouverte. Il me semble que l'adulte qui se crée au travers des expériences (ici la rencontre avec une femme) aurait pu trouver une voie apaisée à ses questionnements s'il avait eu ses parents pour le guider dans son enfance, lui donner des clés, petit, dans la lecture de ses émotions, afin qu'il ne se retrouve pas pris dans un tourbillon de sentiments qui l'épuise et le paralyse.

Magnifique roman.
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Pour un premier roman ou presque, Berberova frappe fort et juste. Non seulement elle montre de façon discrète et sans apitoiements la condition des émigrés russes à Paris, leur extrême pauvreté, mais elle démontre comment aucun amour, en tant que sentiment, ne peut résister à de telles conditions et comment la misère détruit en l'individu ce qu'il a de plus fort et de plus beau, le réduisant à sa condition : "Que suis-je ? Qui suis-je ? Je suis pauvre, avec une mère déshonorée, un frère payé à la course, sa Catherine simplette et sortie de sa province ; prisonnier de mon avenir, je suis comme un aveugle les traces d'un autre, je mène une existence minable et je suis envieux."
D'une lucidité impitoyable, Berberova analyse comment aucun sentiment sincère ne peut résister au pouvoir de l'argent et que la pauvreté, loin de faire grandir l'être humain en le purifiant, le limite au contraire à ce qu'il porte de plus mesquin en lui et renforce dans son sentiment de solitude un être déjà loin de son pays et de ses racines. Et en même temps, c'est cet amour qui lui fait prendre conscience de sa situation, un peu comme le fruit défendu révèle à Adam et Eve qu'ils sont nus.
Il y a en germe dans ce court texte tout ce qui constituera l'oeuvre de Nina Berberova dans un style déjà extrêmement concis et efficace : on "voit" comme dans un film les personnages, leurs pensées et leurs actes.
Ce livre, qui n'est sans doute pas son meilleur, a été tout de même une belle découverte.
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LA SOUVERAINE de NINA BERBEROVA.
Comment une seule nuit d'amour peut changer la vision du monde du héros de ce livre. Plein de finesse une brillante analyse des sentiments et des codes sociaux. Sacha passe une nuit avec Léna et ne reconnaît plus rien autour de lui, ni sa famille ni la ville dans laquelle il vit. Que s'est il donc passé entre ces deux êtres? J'ai pensé à Zweig en lisant ce livre que j'ai beaucoup aimé.
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Meilleur que le laquais et la putain mais moins bon que L'Accompagnatrice, ce court roman met en scène un personnage intelligent maix socialement contraint, modeste, honteux de sa condition sociale, de sa mère, de son frère et de sa belle-soeur. Une brève rencontre amoureuse avec une riche héritière sophistiquée et riche de sa propre existence accentue ce sentiment de déclassement, d'inaccompli. Comme à son habitude, Nina Berberova décrit ce processus qui mène, par comparaison, des êtres intelligents mais sans qualité particulière, incapables de se créer à mépriser leur environnement, à concevoir du dégoût pour eux-même, de l'envie pour des personnages brillants.Cette envie confine à la haine généralisée quand, impuissants, ces personnages refusent d'agir, de se développer en tant qu'individu, et mettant tout sur le compte du déterminisme et de la malchance, s'indignent sans s'insurger.
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Sacha, jeune immigré russe, vit à Paris dans des conditions misérables avec son frère et la copine de celui-ci. À l'occasion des fiançailles de son ami André, il va rencontrer Léna, la soeur de sa fiancée, avec qui il va devenir l'amant d'une nuit. Celle-ci est également d'un milieu social plus élevé que lui.
Ce roman est très intéressant. D'une part, Berberova décrit très précisément la solitude éprouvante d'un immigré, prisonnier de sa famille et de sa condition sociale. D'autre part, elle analyse très finement l'évolution de Sacha, avant et après sa rencontre avec Léna. Elle montre comment cet amour l'a transformé dans ce qu'il y a de pire et de plus égoïste. Certes, le livre très court, mais aussi d'une grande écriture et d'une grande finesse d'analyse. On est réellement bouleversé par la solitude de ces personnages. C'est réellement à lire, car l'auteur pose les bonnes questions.
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"La Souveraine" est le premier roman de Nina Berberova publié port mortem, en 1994, mais aussi un des premiers qu'elle ait écrits. C'est un court livre, dense, d'une finesse d'écriture qui parvient à nous faire ressentir toutes les émotions et le basculement qui s'opère chez Sacha, jeune immigré russe a Paris déclassé, après sa nuit passée avec la riche et libre Léna.
Il a compris que dans cette relation naissante il était celui qui serait capturé par la "Souveraine". En fait il ne maîtrise pas grand-chose. Ni la situation misérable dans laquelle il vit, ni les projets d'avenir d'avocat conçus et financés par le renoncement de son frère à une vie plus digne, ni la relation naissante avec Léna, ni le bouleversement qui en découle. D'un seul coup le regard qu'il portait sur le monde est changé, il ne reconnaît plus ceux qui, la veille encore, lui étaient proches, son frère Yvan, sa belle-soeur, son meilleur ami, ils ont désormais le visage accablant de la misère. Et le sentiment de honte qu'il ressent est tellement puissant, que pour le surmonter seule la colère et la haine lui permettent de survivre. L'amour ne lui apporte pas le bonheur, bien au contraire en ouvrant les yeux de Sacha sur sa condition, il tourmente son esprit et fait naître des sentiments sombres, l'envie et la mesquinerie. Il renonce à tous les projets d'avenir et ne ressentira que dégoût pour lui-même. Nina Berberova excelle en peu de pages à creuser l'âme humaine.
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L'auteure s'inspire de son statut d'immigrée pour décrire la situation de ses personnages, eux-mêmes émigrés de Russie, pauvres. Les frères partagent le même lit pour dormir, car l'un, Vania, travaille la nuit pour payer les études de droit de son frère Sacha, leur mère étant exilée loin d'eux, mariée à un riche américain qui refuse de prendre en charge les fils de son épouse. le jeune étudiant, très assidu cependant à ses études, découvre avec l'amour sa condition peu enviable d'immigré sans ressources, qui vit grâce au sacrifice du frère et à ses subsides. Il renonce à dévoiler à sa maitresse (de haute condition sociale) ses conditions matérielles de vie, et se surprend à mépriser ce frère qui a les ongles noirs à cause de son travail de misère. Elle montre comment cet amour l'a transformé dans ce qu'il y a de pire et de plus égoïste. D'une belle écriture, elle décrit les noirceurs de l'âme humaine, quand celle-ci ne sait pas prendre de la hauteur !
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Dans le Paris des années 1920, un jeune russe émigré, de condition pauvre, rencontre une jeune femme riche, russe comme lui, et en tombe amoureux. Une trame classique, mais que l'auteur n'a pas su, à mes yeux, rendre intéressante, malgré un style de qualité.
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Je n'aime pas le style d'écriture, les personnages et le monde décrit dans ce court roman. Mais cela est subjectif, car ce texte est très travaillé, les personnages et situations marquantes. A conseiller aux amateurs d'introspections et d'analyses détaillées.
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