Je voulais écrire pour la vie d'écrivain, qui me semblait la seule qui valait la peine d'être vécue, et je tentais tant bien que mal de faire de ma vie un roman -tandis qu'écrire, c'est le contraire.
Ecrire c'est arrêter de vivre des heures, des jours et des mois durant. C'est penser que les êtres qui partagent votre temps vous le volent o.u le gaspillent inutilement. Ecrite, c'est peu à peu se retrancher du roman de la vie
J’ai passé mes vingt ans sans être débarrassée de moi. Je me portais comme une promesse fragile, comme un habit trop neuf que l’on ne veut ni user, ni tacher, qu’on ne veut sortir qu’aux grandes occasions et qu’au final, on ne porte jamais.
J’attendais que ma vie commence, parce que je voulais qu’elle advienne. P 176
«prendre un autre nom, c’est se marier. Pas avec un homme, mais avec une femme, car elle se sent épouser la littérature » P 87
Prononcez : « Françoise Sagan » et vous verrez les gens se mettre à sourire, de ce même sourire que si vous leur proposiez : « une coupe de champagne ? » p 36
[...] être mineure, cela complique la donne - qui plus est lorsqu'on est une jeune fille. Nous sommes en 1954, ce qui veut dire qu'une femme mariée, même majeure, même plus âgée que son mari, ne peut gérer ses biens elle-même, ne peut ouvrir un compte en banque ni exercer une profession sans l'autorisation de son époux.
(p. 79)
Car il n’existe pas de vrais secrets dans les familles. Les secrets attendent tranquillement leur heure pour se dévoiler. Et, en patientant, ils dessinent leurs contours dans les silences. P 104
Je me souviens que le premier choc littéraire que j'ai lu en lisant un roman a été un choc d'ordre érotique.
Un livre avait le pouvoir de me faire "bander". J'avais douze ans lorsque j'ai lu "L'amant" de Marguerite Duras. [...]
J'avais douze ans et la littérature, c'était le sexe. Voilà. Il n'y a rien de plus simple à dire. Je fais partie de cette espèce-là, de ceux qui ont connu leurs premiers émois pornographiques avec des mots.
(p. 152)
Parfois, vos amis vous règlent votre compte, avec des paroles violentes qui vous blessent. Mais parce qu'ils visent juste, parce qu'ils voient en vous ce qu'il y a de plus caché, vos amis vous disent :
" C'est parce que je t'aime que je vois le visage que tu voudrais dissimuler. Et tout en voyant ce visage, je continue de t'aimer. De t'aimer mieux peut-être, t'aimer en meilleure connaissance de cause. Parce que toi et moi nous sommes pareils, des frères et sœurs d'actes inavouables."
Lorsqu'ils agissent ainsi, vos amis vous attachent à eux d'une façon bien plus forte que ne le feraient toutes les déclarations d'amour.
Prononcez : 'Françoise Sagan' et vous verrez les gens se mettre à sourire, de ce même sourire que si vous leur proposiez une coupe de Champagne.
[... c'est à dire ?...]
Elles partagent le goût de la littérature et cette idée: il faut considérer les grandes choses comme si ells étaient petites. Et les petites comme sii elles étaient grandes.