Sans être le thriller de l'année,
ZONE DE NON DROIT est un roman documenté extrêmement prenant. Il nous offre l'opportunité de nous interroger sur les limites de nos démocraties.
Jusqu'où sommes-nous prêt à sacrifier notre liberté au nom de notre propre sécurité ?
Le lecteur que je suis, ne peut que sentir la patte de l'ancienne journaliste. Sagement assis dans mon fauteuil, à l'abri dans mon appartement, j'ai laissé,
Alex Berg (le pseudonyme de Stefanie Baumm) venir à moi en compagnie de Valérie Weymann.
Rapide 4ème de couv' pour vous donner envie.
Hambourg, les préparatifs d'un sommet international sur le désarmement et le climat qui doit réunir tous les chefs d'Etat de la planète, dont le Président des Etats-Unis, s'achèvent. Copenhague est sous le coup d'un attentat. CIA et services secrets souhaitent prévenir tout risque d'attentat et circonvenir toute menace terroriste. C'est dans cet environnement que Valérie Weymann, belle et brillante avocate est arrêtée à l'aéroport. Ses amitiés particulières font d'elle une suspecte. Les interrogatoires commencent. Elle comprend que les agents de la CIA et du BND la suspectent d'être liée à Al-Qaïda et qui lui sera difficile de revoir sa famille. Puis une bombe explose dans la gare de Dammtor. Entre l'Américain Robert Burroughs de la CIA, qui n'a qu'une idée en tête, pour faire tomber Valérie, et de Eric Mayer, des services de renseignement allemands qui semble être le seul à remettre sa culpabilité en question, Valérie, est conduite dans une prison secrète d'Europe de l'Est.
Là commence la descente aux enfers dans cette
zone de non droit, ce lieu trouble où les règles sont absentes.
Privation de loi, opérations secrètes, décisions arbitraires, sentences exécutives.
Alex Berg dresse une vision extrêmement violente des dérives étatique sous couvert de combattre le terrorisme. Elle nous claque au visage les abus de pouvoir générés par cette lutte, où le défaut de jugement, de tout procès n'a d'égal que la puissance du verdict. La citation de Benjamin Franklin » Ceux qui sont prêts à abandonner une liberté essentielle pour obtenir temporairement un peu de sécurité ne méritent ni la liberté ni la sécurité» raisonne différemment à la fin de ce thriller. Seule la victoire compte-elle ? Sommes-nous réellement prêt à vouloir payer ce prix ? Entre aveuglement, et mutisme, sommes-nous volontairement aphasiques ou bien simplement ignorants ?
Mon confort s'est vu soudainement réduit. Dans ce jeu, seuls les barbares gagnent. Les innocents sont-ils juste ignares, simplets ou bien trop effrayés de perdre le douillet confort que la société occidentale nous offre ?
Question rythme,
ZONE DE NON DROIT est efficace et assez intense.
Alex Berg sait nous mettre mal à l'aise, particulièrement à travers les scènes d'interrogatoire. Elles nous projettent le lecteur dans cette réflexion sur les États-Unis et leur Patriot Act, les pratiques de la CIA, Guantánamo et autres black sites. Les retournements de situations sont bien menés, les dérapages, couverts par des lois d'exception font froid dans le dos.
Pour ce qui est des personnages, si certains sont moins développés, et parfois plus caricaturaux,
Alex Berg met l'accent sur Valérie – personnage central magnifiquement campé Burroughs – abject et obsessionnel, Meyer et Marc le mari de Valérie. Les méchants sont franchement dangereux même si certains deviennent meilleurs. Et si Berg, fait souvent l'impasse sur les descriptions, elle excelle dans la force de la manipulation, sa violence et la paranoïa. Elle questionne sur la riposte faite au terrorisme et le sacrifice des innocents.
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