Cercle polar : Histoires de familles .
"La découronnée" de Claude Amoz (Rivages) "La fille de la peur" d'Alex Berg (Jacqueline Chambon) "Savana Padana" de Matteo Righetto (Le dernière goutte) Claude Amoz a le goût des archéologies familiales et des enfances meurtries. Sa nouvelle valse des fantômes, lente et entêtante, est une réussite. L'Allemande Alex Berg orchestre sur le même registre, mais avec un tempo beaucoup plus rapide, la course éperdue de familles brisées par la guerre et l'exil. Quant à l'Italien Matteo Righetto, ce sont les familles mafieuses qui l'inspirent et dont il joue savoureusement, façon Donald Westlake ou Dino Risi. La famille sur tous les tons au menu de ce Cercle polar.
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Dans les États occidentaux industrialisés, les hommes politiques tentent de protéger la liberté en l’abrogeant.
Déclaration universelle des Droits de l'Homme Article 11, paragraphe 1:
"Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à à sa défense lui auront été assurées."
Depuis l'assassinat de Kennedy, qui remonte à presque un demi-siècle, il n'y a plus de vraie proximité entre les grands hommes politiques et leur peuple. Le légèreté originelle est de l'histoire ancienne. (P. 210)
Il était intéressant de voir comment les gens s’accommodent de la restriction de leur liberté. Mayer avait pu le constater plusieurs fois au cours des dernières années. Tout d'abord il y a des protestations, pacifiques ou violentes selon les régions, mais au bout d'un moment, la restriction s'installe dans le quotidien, elle fait partie intégrante de la vie et ne dérange plus personne.
Il était intéressant de voir comment les gens s'accommodent de la restriction de leur liberté. Mayer avait pu le constater plusieurs fois au cours des dernières années. Tout d'abord il y a des protestations, pacifiques ou violentes selon les régions, mais au bout d'un moment, la restriction s'installe dans le quotidien, elle fait partie intégrante de la vie et ne dérange plus personne.
(p. 54)
Chris était mort. Quoi qu'elle fasse, elle ne le ramènerait pas à la vie. Et quelque part en elle s'ouvrit de nouveau cette porte derrière laquelle se cachait ce noir qui avalait, dévorait, ce noir qui effaçait tout et ne laissait d'elle qu'une enveloppe vide que, certes, elle pouvait contempler dans le miroir, qu'elle pouvait toucher de la main, sentir, mais qui n'avait plus rien à voir avec la femme qu'elle avait été un jour. Parce que cette femme là, justement, elle était couchée en bas elle aussi, elle était elle aussi allongée dans le cercueil devant lequel se dressait la photo d'un soldat qui regardait hardiment droit devant, les yeux brillants dans le soleil matinal, des yeux de cette couleur vert eau qui aurait pu faire croire que toute la mer si reflétait.
- J'ai tellement pensé à ce que ça me ferait de le tuer, murmura-t-elle. Il faut que je le fasse.
- C'est faux, vous vous mentez à vous-même. chaque fois que vous tuez quelqu'un, c'est une partie de vous-même que vous tuez. Ne faites pas ça.
(p.228)
Ce qu'il y a de bien dans la vie, dit-il calmement, c'est qu'elle continue sans se soucier de toutes les horreurs qui nous entourent, et qu'elle nous pousse à continuer. Et rien que ce simple fait d'avancer guérit les blessures.
(p243)
Ce qu’il y a de bien dans la vie, c’est qu’elle continue sans se soucier de toutes les horreurs qui nous entourent, et qu’elle nous pousse à continuer. Et rien que ce simple fait d’avancer guérit les blessures.
Quand Marion et Zahra prirent le chemin de la maison, sept heures sonnaient au clocher de Saint-Sulpice. Marion se demandait si elle devait raconter à Louise ce qui s’était passé dans le parc. Elle avait été profondément émue d’entendre chanter la petite fille et elle savait que Louise serait heureuse d’apprendre la nouvelle, mais en même temps elle craignait que la vieille dame ne mette trop la pression sur l’enfant. La petite main de Zahra était dans la sienne, pleine de confiance, et Marion avait le sentiment que la fillette s’ouvrirait un jour à elle, à condition qu’elle soit plus souvent avec elle. Mais quand ? Ces derniers jours, malgré son maigre temps libre, elles avaient passé beaucoup d’heures ensemble, au point que Marion avait dû reconnaître que Zahra était une parfaite excuse pour éviter de s’occuper de ses propres affaires. Elle avait seulement pris le temps de retourner au musée pour s’informer de la provenance de la photo. La conservatrice s’était montrée serviable et professionnelle, mais ce professionnalisme n’était pas exempt de curiosité. Marion n’était pas la première à frapper à sa porter et à chercher des informations supplémentaires