Citations sur 2è classe à Dien Bien Phu (8)
Cette mort qu’il n’en pouvait plus d’attendre, il allait la défier ; ce rendez-vous qui ne se produisait pas, il allait le provoquer. C’était facile, il suffisait de sortir à l’air libre, se promener, à découvert, retenir l’envie de se mettre à l’abri, rester debout et mourir, comme un homme.
Il y a une chose que je ne comprendrai jamais. Pourquoi t’obstines-tu à discuter puisque tu finis toujours par obéir !
Vous savez, mon lieutenant, les légionnaires ne cherchent pas à connaître les bonnes ou les mauvaises raisons pour lesquelles ils meurent. Pour eux, c’est écrit dans le contrat, et la mort fait partie des risques acceptés. Ce que redoute un légionnaire, bien plus que la mort, c’est d’être tué hors de l’accomplissement de leur mission, et c’est peut-être cela que vous appelez « morts inutiles ». Mais je suis certain que pour Plewa, s’il pense à la mort, s’il en accepte l’idée, c’est qu’elle l’escorte quand il va accomplir son travail d’ordonnance en allant au milieu des lignes Viêts, à la recherche d’un peu de ravitaillement.
La terre était remuée, torturée, retournée, battue, émiettée, broyée, vaporisée. Mais Fettori ne voyait, n’entendait plus rien. Il ne se rendait même pas compte de sa peur, palpable quelques minutes plus tôt, rognée par un immense sentiment d’impuissante solitude.
Toute cette paperasserie avait le don de l’agacer, il haïssait l’administration, vigilante, omniprésente. Elle possédait au moins un avantage, celle de le distraire de ses préoccupations ordinaires. Réfléchir à la situation ne pouvait conduire qu’au doute, aux regrets, au découragement. Non qu’il éprouve l’envie d’être ailleurs ; au contraire, il se trouvait parfaitement à l’aise dans cette bataille qui exaltait les sentiments et lui faisait ressentir pleinement la camaraderie, la fraternité, la disponibilité de tous.
Espoir idiot, mais réel parce qu’irréfléchi.
d’exaspérer le lieutenant. « N’exagérons rien. » Comme si un commandant d’unité avait à cœur de fabuler sur le nombre de ses blessés, de ses tués ! Il n’y avait nul besoin d’exagérer pour trouver le nombre trop élevé ! Bien sûr, il savait bien que cela faisait partie de sa mission, appuyer les amis, aider les unités en difficulté, décourager l’adversaire, étouffer, dans l’œuf, leurs tentatives de prendre d’assaut les ouvrages des parachutistes. Mais il n’aimait pas les morts inutiles.
« C’est drôle comme l’on s’habitue à tout. Même aux choses les plus saugrenues, comme saluer de la tête les obus que m’expédie, depuis mon ancien emplacement, sur Dominique 2, mon petit camarade viêt, le servant du canon de 57… »