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Témoignage sans fioriture sur l'euthanasie, André le père, âgé de 88 ans se retrouve bien diminué après un AVC fulgurant. Cet homme tantôt drôle, tantôt sarcastique mais toujours éveillé vient de perdre une grande partie de sa fierté en perdant son autonomie. Les descriptions de cette déchéance sont brèves et vont droit au but. À l'hôpital, André ne veut pas regarder sa fille. Elle ne comprend pas. Jusqu'à ce que l'odeur lui arrive. Son père est couché dans ses excréments. Personne n'est venu le changer. le regard détourné, il pleure. Un passage qui m'a profondément émue. Et qui relève la question des limites de la dignité humaine. Quand celle-ci vient à disparaître, peut-on s'acharner à maintenir l'être humain en vie à tout prix. Pour moi, c'est non. Je préfère savoir mon père mort que tomber aussi bas. Mais pour lui, la question ne se posera pas, vu qu'il n'a plus sa raison. Pour André, il faut faire vite. Sa tête fonctionne encore. Combien de temps...

Emmanuele et sa soeur Pascale vont entamer le parcours du combattant quand André demande qu'on l'aide à en finir. Mais comment aide-t-on son père a en finir ? Dans le brouillard de cette terrible décision, les soeurs vont s'armer de patience et surtout d'amour pour avancer avec leur père sans jugement ni colère. Ou très peu, car pour André ce n'est pas simple non plus alors il raconte parfois de gros mensonges, mes enfants ne veulent plus de moi... Une phrase qu'il balance ainsi et qui est terrible pour les deux soeurs à l'opposé de cette pensée. Finalement, les qu'en-dira-t-on vont bon train et titillent les consciences de chacun.

Un témoignage qui ne pleure pas, qui ne s'apitoie pas, qui ne juge pas. Pas de longues dissertations. On relèvera une série de détails décortiqués comme si Emmanuele n'avait plus la force que de s'étendre sur la superficialité de la vie quand celle-ci devient trop lourde à porter et à penser...
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Emmanuèle Bernheim, scénariste et auteure, nous raconte dans « Tout s'est bien passé » édité en 2013 une période douloureuse, fin 2008, lorsque, à l'âge de 88 ans, son père est hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. C'est un homme très connu et réputé dans le monde de l'Art, notamment en tant que Président de la Collection Lambert à Avignon ou encore administrateur de la Société des amis du musée national d'Art moderne. Cultivé, actif, il aime la vie et être entouré. Courant les salons, les expositions, allant au cinéma, dinant avec ses amis, sa vie est toujours en mouvement, en rencontres, en découvertes artistiques, en plaisirs de la vie.
Mais, cet AVC l'a diminué. Dans la chambre d'hôpital, il se remet lentement. Il parle avec plus de difficultés et ne peut plus bouger comme avant. Cela le désespère de ne plus être autonome, de ne plus pouvoir faire ce qu'il aime, ce qui le fait vivre. Sachant qu'il est âgé, qu'il ne retrouvera pas ses facultés d'avant et que, vu son âge, ça ne peut qu'aller de mal en pis, il demande à Emmanuèle, de l'aider à mourir.
L'écriture est – et je l'écris, sans aucune ironie- très vivante. Ce sont des phrases simples, parfois courtes. Pour décrire sa réaction suite à la demande de son père, elle n'a pas besoin de détailler longuement toutes ses réflexions, toutes les pensées qui doivent se bousculer dans sa tête. Elle décrit ce sur quoi son regard s'accroche, presque étonnée. Des gestes presque énumérés par séquence, ces petites choses sur lesquelles on s'arrête alors qu'on n'y accorderait pas d'attention d'ordinaire, parce que justement, tout à coup, elle est entrée dans une période non ordinaire, terrifiante, bouleversante. Comme se retrouver propulsé en une seconde dans un espace-temps inconnu, loin de notre quotidien. Comme les secondes juste après un coup de massue sur la tête, où on chancelle, où notre corps ne répond plus, où la douleur est cuisante...
Ce père, intelligent, intellectuel, avec beaucoup de prestance, a toujours su et fait ce qu'il voulait. Ses filles l'aiment et ont l'habitude de répondre à ses demandes quasi autoritaires (et cette demande est sans nul doute la plus difficile). D'expériences, connaissant son caractère, Emmanuèle et sa soeur Pascale ne vont d'ailleurs pas réellement chercher à l'en dissuader. Elles espèrent juste qu'il change d'avis et qu'il retrouve un peu d'espoir et de goût à la vie.
Mais André est obstiné et ne veut pas de cette vie-là. Il veut en finir avant que les choses n'empirent. Alors, les deux soeurs vont peu à peu, jour après jour, accéder à sa demande. Peu à peu, d'une discussion à une autre, d'une réflexion à une autre, d'une étape concrète à une autre plus décisive, les choses s'enchainent.
Dès les premières pages, je me suis sentie proche de cette femme, de cette fille face à son père. J'avais déjà lu des romans d'Emmanuèle Bernheim mais c'était ce récit que je souhaitais découvrir depuis pas mal de temps. Et j'ai grandement regretté de ne le lire qu'après son décès en 2017.
En lisant ce témoignage, je ne pensais plus à l'auteur et scénariste Emmanuèle Bernheim, à ce personnage public mais à cette fille Emmanuèle. Parce que j'étais à ses côtés à chaque moment, à chaque étape terrible. Je comprenais ce qu'elle ressentait, ses doutes, ses déchirements si légitimes, ses acceptations et ses refus, ses nuits blanches et ses douleurs. Tout comme d'ailleurs, je comprenais le désir de son père.
Ce texte n'est pas un condensé de conseils pratiques, un résumé des textes de lois français en matière de fin de vie. Il est le témoignage d'une histoire incroyable survenue à une famille, de deux femmes qui ont eu le courage d'agir selon le désir de leur père, de faire passer d'abord son propre souhait avant le leur. J'ai trouvé ces deux femmes fortes face à cette épreuve.
Ce témoignage n'est pas larmoyant, même si je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer à chaudes larmes à la fin du livre pour cette famille qu'elle m'a fait aimer. Ce père étonnant, attachant, si vivant malgré les souffrances et affres de son âge. Ces deux soeurs différentes mais si soudées. Deux filles qui aiment leur père et qui souhaitent l'accompagner jusqu'au bout.
Ce n'est pas non plus un étalage de bons sentiments, des pages de caramel tendre « on s'aime à la vie, à la mort ». Non, cela sonne vrai et juste. Emmanuèle Bernheim ne cache pas les défauts des uns et des autres, ni les heurts, les rancoeurs ou encore les conflits qui existent dans toutes les familles. Elle montre aussi les réactions diverses, parfois violentes, de leur entourage, réactions selon les croyances et convictions personnelles.
Ce livre porte sur un sujet grave et j'aurais même tendance à penser qu'il est d'intérêt public. Nous avons le droit de voter (considéré comme assez intelligent pour élire ceux qui voteront les lois), de payer des impôts. Nous avons le droit de nous prendre des crédits à la consommation, de manger bio ou dans des fast-foods, de jouer à des jeux d'argent (de boire encore un peu et de fumer pas trop), de payer la redevance TV, même s'il n'y a rien ce soir à la télé, de nous bourrer de tranquillisants et d'anxiolytiques… Mais, nous n'aurions pas le droit de décider quand nous considérons que maintenant, ça suffit, c'est trop douloureux, qu'on n'est plus à même de profiter de la vie ? de vivre ?
Emouvant, parsemé de quelques touches d'humour, « Tout s'est bien passé » restera gravé en moi, sans nul doute. Impossible pour nous, lecteurs, de ne pas se projeter, de ne pas réfléchir à notre propre vie, à notre entourage, à soi-même lorsque viendra l'heure où le tic-tac n'aura plus le même rythme ni le même éclat. A moment ou à un autre, nous sommes tous confrontés à la mort, au corps qui ne répond plus comme avant, à la tête qui ne tourne plus dans le bon sens, aux maux qu'on ne peut guérir. Je sais alors que je repenserai à ce qu'Emmanuèle nous a raconté.
Ce texte fait à la fois résonner l'importance de profiter de la vie, d'en profiter un maximum, tant qu'il est encore temps et bien entendu, de profiter de ses proches, de ses parents. Mais c'est aussi un récit sur la liberté… celle du choix de vivre décemment, celle de notre droit de vivre et de mourir dignement.
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Emmanuèle Berheim, romancière et scénariste, possède un indéniable sens du rythme, une écriture vive, alerte, percutante. Les phrases sont brèves mais leur brièveté n'a d'égal que leur intensité et leur force. Elle va toujours à l'essentiel, sans s'encombrer de détours ou de salamalecs et c'est ce qui fait le sel de ses romans.

Ici, point de roman mais un témoignage, une tranche de vie, de fin de vie pour être précis. Son père, André, lui a demandé de l'aider à en finir et il n'est pas un homme à qui on peut refuser quelque chose. C'est un homme de caractère, ferme, droit, déterminé, qui parle vrai. La déchéance, le déclin, très peu pour lui, plutôt partir. Il l'a décidé, il en sera ainsi, il le faut.

Commence pour Emmanuèle et sa soeur Pascale, un vrai parcours du combattant, entre raison et déraison, colère et tristesse, amour et courage. du courage, il en faut à André, pour prendre cette décision et s'y tenir. de courage, elles vont devoir s'armer les deux soeurs, soudées dans l'épreuve pour mener à bien la décision de leur père, pour affronter les obstacles en tout genre, droit, loi, médecins, famille, amis… le courage de permettre à leur père de partir, selon sa volonté, autrement dit avec dignité.

Ici pas d'accent mélodramatique, pas d'apitoiement, pas d'effusion. Les crises de larmes, ce n'est pas le genre de la maison. Un sourire, un regard, on sert les dents et on va de l'avant. du moins pour un temps.

Le récit n'en a que plus de puissance. L'écriture riche en passages tendus, rythmés, offre aussi des moments plus calmes, plus doux, plus feutrés. C'est en cela que cet ouvrage diffère légèrement des romans de l'auteur mais n'en demeure pas moins extrêmement poignant et particulièrement touchant.

Pascale, « Nuèle », respirez, tout s'est bien passé

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Ce livre n'est pas une grande oeuvre littéraire, l'écriture est sans fioritures, familière, presque banale. Mais son intérêt n'est pas là.
Par son sujet douloureux et universel, il nous pousse à réfléchir.
Que ferais-je si un proche diminué ou condamné exigeait que je l'aide à en finir ? Et pour moi-même ? Oserais-je formuler cette terrible demande ? Et surtout : quelqu'un serait-il prêt à l'entendre et à y accéder ?
Un thème que nul ne peut esquiver parce que chacun de nous est susceptible de se trouver dans la situation d'Emmanuèle Bernheim ou de son père : celui qui exprime la demande ou celui qui la reçoit. Parce que personne ne peut être certain d'avoir une fin de vie paisible.
Ce texte est dérangeant parce qu'il nous bouscule dans notre petit confort et nous ramène brutalement à une réalité que nous préférerions éviter : il nous rappelle sans ménagement que nous sommes tous mortels et ça, même si nous le savons, nous n'avons pas vraiment envie d'y penser.
Emmanuèle Bernheim nous raconte la fin de vie de son père, et son livre m'a touchée. Parce qu'à travers sa simplicité, on le sent authentique. Pas de grands effets tire-larmes, non, mais un récit sans fard dont la sincérité m'a émue. Emmanuelle Bernheim ne cherche pas à enjoliver, elle nous raconte les évènements tels qu'elle les a vécus.
Qu'il a dû être difficile d'accepter la demande d'un père, certes diminué, mais sans souffrance physique excessive. Un père à très forte personnalité qui a toujours voulu tout maîtriser dans sa vie... et qui veut tout contrôler jusqu'au bout, qui veut absolument anticiper et ne pas laisser arriver le moment où il ne pourra plus être maître de son destin.
Oui, cela a dû être terriblement difficile, voire insupportable. Mais avec sa soeur, Emmanuèle Bernheim a fait face.
Un récit fort dans lequel les relations familiales sont très bien mises en lumière : Emmanuèle et sa soeur d'une part, les deux soeurs face à leur père d'autre part.
Finalement, au-delà de la mort du père, c'est de la vie que ce livre nous parle.
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André Bernheim est un collectionneur d'art reconnu. Alors qu'il a quatre-vingt huit ans, et qu'un accident vasculaire cérébral le laisse diminué, il demande à sa fille ainée, Emmanuèle, de l'aider à mourir.

Quand leur père tombe malade, Emmanuèle et sa soeur Pascale se relaient auprès de lui. Commence alors une période où Emmanuèle s'attache à tous les détails de la vie ordinaire, comme pour enfouir la requête de son père. Mais celui-ci n'est pas homme à qui on peut refuser quelque chose, fût-ce la mort. André Bernheim n'admet pas la déchéance physique et veut rester maître de son destin.

Pourtant cette demande est-elle recevable par un enfant ? N'est-ce pas de l'égoïsme, pense-t-il au dilemme que cela représente pour ses proches ? Cette demande est indissociable du contexte familial et des rapports père-filles. Emmanuèle craint peut-être de décevoir André, comme le jour où elle a eu peur de sauter d'un train en marche. C'est un rapport de force où le père a souvent eu le dessus.

Rapidement, les questions pratiques vont s'ajouter au questionnement personnel ; le suicide assisté, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est interdit en France. Il va donc falloir organiser un voyage en Suisse et se soucier de l'aspect légal avec l'aide d'un avocat.

Ce livre d'Emmanuèle Bernheim, évidemment très personnel, est intéressant pour les questions qu'il pose. Il n'y a pas de réponses universelles à la fin de vie, il n'y a que des réponses individuelles. Dès lors comment légiférer. Certains pays, comme la Suisse et la Belgique, ont apporté une réponse -imparfaite bien sûr, mais elle a le mérite de laisser une alternative à ceux qui estiment que leur vie n'est plus qu'une survie.

Tout s'est bien passé pose le problème d'une société où l'allongement de la vie oblige souvent parents et enfants à gérer une déchéance physique et intellectuelle liée au grand âge. Certains préfèreraient avoir le choix de leur fin de vie. Nous devons tous y réfléchir car nous sommes inévitablement tous concernés.
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Prévenue par sa soeur, Emmanuèle Bernheim se précipite à l'hôpital. Son père vient d'y être admis après un accident vasculaire cérébral. Il a 88 ans, il a déjà eu de graves soucis de santé, va-t-il encore une fois s'en sortir? Oui! Encore une fois, André, ce père fantasque et adoré a repris le dessus et a gagné le combat contre la mort. Mais il est diminué, dépendant, il ne se reconnait pas lui-même. Cet être qui peine à articuler, qui ne peut plus se servir de ses mains, qui ne contrôle plus ses organes, ce n'est pas lui et il ne s'imagine pas vivre ainsi le temps qu'il lui reste. C'est clair, il veut en finir et se tourne vers Emmanuèle pour qu'elle l'aide à mourir. Mais une fille peut-elle accepter une telle décision et y prendre part? Emmanuèle Bernheim raconte les quelques mois de colère, d'angoisse et de tristesse qu'elle a vécus avec sa soeur pour accompagner leur père dans son dernier combat.


Non Tout s'est bien passé n'est pas un énième livre sur l'euthanasie. Il ne s'agit pas ici d'augmenter la dose de morphine et de voir s'endormir pour toujours un être cher, en souffrance. C'est l'histoire d'un suicide assisté comme il s'en pratique dans certains pays, la Suisse en l'occurrence.
La première chose qui en ressort, c'est le profond amour et le grand respect d'Emmanuèle et Pascale pour leur père. Bien sûr, il est âgé et diminué physiquement mais il a toute sa tête, il est apte à prendre ses propres décisions et ses filles en tiennent compte. Même si elles ont du mal à accepter cette fin programmée, aucune ne cherche à le dissuader ou à décider à sa place, comme c'est trop souvent le cas avec les personnes âgées qu'on a souvent tendance à infantiliser.
Ensuite, bien sûr, il y a le récit fort et bouleversant de ce qui paraît être un parcours du combattant, de l'acceptation à la réalisation. Les filles sont partagées entre la tristesse de perdre leur père et l'espoir qu'il change d'avis. Mais elles restent aux côtés de ce père tellement amoureux de la vie qu'il a choisi de la quitter pour ne pas la vivre à moitié. Et c'est un sacré personnage que cet André Bernheim! Aimant mais maladroit, égoïste parfois, ronchon à l'occasion, drôle souvent, et surtout très décidé. Rien d'étonnant à ce que ses filles lui soient très attachées et qu'elles l'accompagnent et l'aident pour l'acte ultime d'une vie bien remplie.
Touchante, sans jamais être larmoyante, Emmanuèle BERNHEIM décrit cette fin de vie avec beaucoup de simplicité et de lucidité. Un très beau témoignage qui pourra éclairer et guider ceux qui sont confrontés à un cas similaire.
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J'ai terminé la lecture du nouveau livre d'Emmanuèle Bernheim le visage ravagé de larmes. Je n'avais pas autant pleuré en lisant depuis des années. Vous me direz que l'histoire d'un père gravement malade demandant à ses filles d'abréger au plus vite ses jours ne peut qu'amener ce déferlement d'émotions. Hé bien, pas du tout car la prouesse de ce livre est justement de n'avoir pas été écrit pour être un tire-larmes
putassier, mais le récit haletant de cette course vers la mort.
Construit avec des phrases courtes, précises, nettes, sans fioritures, le livre ne raconte que des faits, des éléments du décors, des détails insignifiants mais qui se sont gravés dans la mémoire de la narratrice. Ses sentiments aussi, sont posés là, sur les pages, avec la simplicité des gens pudiques. Jamais Emmanuèle Bernheim n'est prise en faute de surenchère émotionnelle. Tout est brut, sec, dense.
Après une introduction haletante où, la narratrice apprenant l'accident cardio-vasculaire de son père, se rend à l'hôpital, dans un état quasi second, j'avoue qu'après j'ai douté de ce livre. Je ne retrouvais pas la rigueur, voire l'âpreté de "Cran d'arrêt" ou de "Vendredi soir", ses précédents romans parus voila maintenant plus de 10 ans. Mais très vite, la demande de mourir dignement du père est posée. La narratrice est embringuée dans une histoire qui la dépasse un peu. Les questions, les hésitations, la morale mais aussi la recherche de partenaires pour cette euthanasie ainsi que cette étrange relation père/fille, tout est scrupuleusement décrit, noté jusqu'au final, au suspens fortement émotionnel dont je ne dirai rien, mais qui est ici un grand moment de lecture, de par le maëlstrom de sentiments contradictoires qu'il développe dans la tête du lecteur.
La force de ce livre est évidemment cette écriture aux apparences simples et descriptives. Mais comment fait l'auteur pour que, soudain, au détours d'une phrase banale, un mot, commun, nous fasse picoter les yeux ? Pourquoi dans le récit d'un détail de la vie quotidienne, la gorge se noue et l'émotion nous envahit-elle ? C'est du grand art. L'exacte distance qu'il fallait pour raconter cette histoire et le subtil dosage d'éléments du passé, font que chacun pose sur ces lignes son vécu, ses craintes, ses espoirs, ses sentiments. L'émotion naît, ne nous quitte plus jusqu'à la fin. Ce n'est pas éprouvant c'est juste magnifique de pouvoir se laisser aller à sa propre émotion avec les mots et l'histoire d'une autre, sans jamais avoir le sentiment d'être manipulé.
la fin sur le blog
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Un père, âgé et malade, à la personnalité ambigüe, est hospitalisé et demande à sa fille de l'aider à "partir". Effrayante responsabilité, décision personnelle mais cruellement imposée, qu'elle doit apprivoiser et gérer.

Les premières pages, construites sur des phrases courtes à l'écriture sèche, rendent bien le sentiment d'urgence, de panique et de stress face à l'hospitalisation d'un proche. le journal quotidien des visites au malade, des consultations médicales parle à tous, pour l'avoir plus ou moins vécu.

Mais, je m'interroge toujours avec perplexité sur ce besoin d'écriture concernant un épisode familial et intime, qui relève de la sphère privée. Par ces livres très personnels, on impose au lecteur un brin de voyeurisme un peu dérangeant. Bien sur, il s'agit ici de traiter du droit à décider de sa mort, à l'autodétermination, une thématique très actuelle dans sa recherche de solutions, sociale ou légale, et dont la légitimité peut paraître recevable.

J'ai tenté de me projeter, de prendre à mon compte la demande ouverte mais la relation père-fille décrite par Emmanuelle Bernheim ne me parle pas, ne me correspond pas. Dans un contexte sans souffrance physique, la question m'est apparue tyrannique et égoïste, pour un acte aux conséquences difficiles pour ceux qui restent.
Il transparait néanmoins tout le long du récit beaucoup de tendresse et d'amour, filial et fraternel.

Présent aussi un agacement pour la description par le menu de faits et gestes sans beaucoup d'intérêt. C'est un peu vain. Toutes ces phrases pour décrire un sandwich entamé, la marche d'un ascenseur ou un paquet de cigarettes.

Au final, je pense que la forme de ce livre m'a plus dérangée que le fond. Ce livre ouvre à la réflexion mais je l'ai un peu survolé.
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Un livre poignant, jamais dans le pathos et qui nous livre la volonté inébranlable d'en finir avec une vie qui ne ressemble plus à celle que ce père aimait tant. le choix de l'accompagnement, le choix du respect d'une décision qui peut nous peiner au plus haut point. L'humilité, l'empathie, le doute, la justesse, l'amour familial, le respect. D'une écriture simple et sans fioritures, la réalité d'une souffrance et d'une délivrance.
Lien : http://madansedumonde.wordpr..
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Cette phrase laconique sonne la fin d'une aventure familiale dans laquelle un père haut en couleurs demande à ses deux filles de l'aider à mettre fin à sa longue mais maintenant douloureuse vie.
Ce court et attachant récit nous confronte à la réalité d'un souhait qui se révèle plus compliqué à mettre en oeuvre lorsqu'il se concrétise. Comment accepter de contribuer à la mort d'un être cher ? Quelles en sont les contraintes matérielles et juridiques, sans parler des aspects psychologiques ou médicaux ?
L'auteur traite ce sujet délicat avec beaucoup d'énergie, presque de légèreté. Pour le coup, elle évite tout pathos et le lecteur en oublierait presque la dimension éthique pour ne retenir que les personnages tout à tour drôles, attachants, énervants, tyranniques, paumés mais toujours humains. Ce qui aurait pu être un énième documentaire lacrymal est en réalité une magnifique et tonique lettre d'amour qui s'achève sur une course poursuite au suspens étourdissant.
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