Citations sur Petits vices et gros défauts (11)
J’adore quand tu es ivre morte ! Je te retrouve comme quand on était jeunes, tu sais ? Quand on passait nos nuits au Bus Palladium entre deux exams ? On avait le sens des priorités, à l’époque…
J’avais le sentiment d’avoir récupéré la fille que j’avais épousée. Si elle n’avait jamais été ni commode ni insouciante (et ce caractère bien trempé me fit précisément tomber amoureux d’elle), Leïla était à l’époque facile à dérider. Mais ces dernières années, elle semblait devenue un bloc de stress qu’aucune blague ne pouvait fissurer.
Elle portait quelque chose de doux au visage, quelque chose qui ne lui ressemblait guère. J’adore ma femme, mais « doux » n’est pas le premier adjectif qui vient à l’esprit pour la décrire.
Ma femme, indépendante en diable et souvent vindicative, possède, disons, un tempérament de lionne. Sa jeune sœur, en revanche, est une créature faussement fragile et totalement « à l’ouest », selon les mots de son aînée. Il est vrai que Meya, pourtant née à la fin des années 1980, semble vivre dans les années 1970. Elle s’est retirée voilà près d’une décennie dans une sorte de communauté post-hippie et pré-survivaliste, persuadée d’avoir des dons pour la sorcellerie, la peinture abstraite et la cuisine végane. Qui suis-je pour juger ? J’ai toujours beaucoup aimé ma belle-sœur et si cela ne tenait qu’à moi, j’irais tous les ans lui rendre visite dans son néo-kibboutz en Ariège.
Je n’ai rencontré Lucie qu’en de rares occasions mais, chaque fois, elle m’a fait l’effet d’un bloc de glace, de ceux qui coulèrent le Titanic, car je pressentais que sa blondeur réfrigérée n’était que la partie émergée de l’iceberg. Si je suis tout à fait franc, je soupçonne qu’au boulot, ma femme peut être, elle aussi, la pire des garces, mais une garce avec fougue et panache, à l’inverse de Lucie. Je crois que seules les garces parviennent à réussir – je veux dire, à vraiment réussir, dans le monde merveilleux de l’entreprise. La réussite n’est pas une affaire de genre, mais les femmes doivent tant se battre que le cœur reste peut-être davantage au bord de l’autoroute.
Durant sa grossesse, Leïla n’a jamais cessé de travailler. Non qu’elle ait un métier qui aurait anéanti la planète si elle s’était arrêtée quelques semaines – attention, je ne suis pas en train de dire que le travail de ma femme n’est pas important : je dis juste que la civilisation aurait pu y survivre.
Ce colis était adressé à ma femme.
Je ne l’ai, bien sûr, pas ouvert avant son retour du travail. Ce n’est pas mon genre d’ouvrir le courrier des autres, et surtout pas celui de ma femme.
Bien sûr, l’histoire des faits divers enseigne que les courriers à l’air inoffensif ne le sont pas toujours, il suffit d’évoquer Unabomber ou les lettres pleines d’anthrax envoyées jadis aux grands de ce monde. Mais en l’occurrence, il semblait s’agir d’un colis parfaitement anodin, même une fois déballé : une boîte en carton blanc et, à l’intérieur, une paire de charentaises. Des charentaises un peu usées, certes, mais de belle facture, en pure laine imprimée tartan et de fabrication française, comme le stipulait une étiquette fièrement cousue à l’intérieur de chaque pied.
Ce colis était adressé à ma femme.
Je ne l’ai, bien sûr, pas ouvert avant son retour du travail. Ce n’est pas mon genre d’ouvrir le courrier des autres, et surtout pas celui de ma femme.
Je me rends compte que je ne commence pas cette histoire au bon endroit. Il faudrait d’abord que je vous parle de ma femme.
Je la connais depuis vingt ans et nous sommes mariés depuis quinze, c’est à dire peu ou prou l’âge de notre fils. Oui, je fais partie de ces gens-là, ces gens qui se sont mariés parce que leur copine était enceinte. Je l’aurais épousée tout de même, j’étais amoureux fou et cela n’a pas changé. Mais, disons, sa grossesse a accéléré le processus matrimonial. Elle n’y tenait pas tant que ça, j’ai dû lui forcer la main avec un genou à terre et des boniments de telenovela.
Capitaux vient du latin « capita », c’est à dire qu’ils se rapportent à la tête, sont centraux, et d’eux découlent tous les autres. L’envie ou l’orgueil peuvent vous donner en effet envie de trucider votre voisin ou votre conjoint… et la colère, on le sait, peut vous mener aux pires extrémités.
Il y en a sept, sept comme les jours de la semaine. Les péchés capitaux ont souvent été appris dès le plus jeune âge, intégrés, puis… oubliés.
Aujourd’hui, qui peut encore réciter leur liste sans se tromper ou en oublier un ? Remontons donc ensemble, si vous le voulez bien, le temps. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces fameux péchés qui promettent l’enfer dans la religion chrétienne ne datent pas de la Bible, mais proviennent d’un moine en Égypte au ive siècle. Celui-ci en établit la liste : il y a la luxure, la paresse, l’envie, l’orgueil, la colère, la gourmandise, l’avarice et… la tristesse