Nous vivons dans un tout petit monde. Malgré l'expansion démographique, malgré les distances géographiques qui nous séparent les uns des autres, nous pouvons tous, pour peu que nous nous en donnions la peine, trouver parmi nos connaissances quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un nous reliant à n'importe quel individu de notre planète.
La suite n'avait été qu'un grand fouillis de lèvres qui se cherchent, de langues et de membres qui se mêlent, de fluides corporels qui s'échangent.
Et puis ils s'étaient quittés au matin, fripés, gênés, dégrisés.
Si tu veux vraiment quelque chose de quelqu'un et si ce quelqu'un n'a aucune raison de te le donner, la seule chance de parvenir à tes fins, c'est de lui parler les yeux dans les yeux.
Les maladies, les idées, les rumeurs, tout ça se propage avec une série de règles qui au final sont assez semblables. Nous, nous essayons de modéliser ces règles pour permettre soit de favoriser la propagation, comme pour vos idées idéologiques par exemple, soit pour l'endiguer, comme pour les maladies, les crises financières, les rumeurs.
La science des réseaux étudie avant tout les phénomènes de propagation. Et lorsque vous y réfléchissez, tellement de choses se répandent par contamination autour de nous: les crises financières, les épidémies, les embouteillages, le courant électrique, les rumeurs, les modes vestimentaires et même votre café expresso se propage par percolation.
Personne n'aime voir son passé étalé sur la place publique contre sa volonté, pour le meilleur comme pour le pire, d'ailleurs.
Les départs en vacances de son enfance se symbolisaient toujours par l’achat de vêtements neufs et les enfants ne grimpaient dans la vieille 504 qu’après avoir été parés de leurs plus beaux atours.
Ce que j'ai appris durant ces quelques mois, c'est que derrière les chaînes qui relient chaque habitant de la planète, derrière chacun de leurs maillons, il y a des histoires humaines, des histoires parfois insignifiantes, parfois touchantes, parfois horribles. Lorsqu'on entend parler de ce postulat pour la première fois, on pense naturellement à nos connexions avec toutes les célébrités du monde, les présidents de la République, les people, les sportifs. On oublie souvent que nous sommes aussi reliés aux plus grands brigands et aux pires criminels de la planète. Et, entre les deux, nous avons tous les gens que l'on croise au quotidien, dans les files d'attente des magasins ou les transports en commun, au cinéma, au théâtre, dans les salles de concert, au restaurant.
L'air frais et l'ordre le surprennent d'abord, jusqu'au moment où ses yeux se posent sur les dahlias rouges. Sa mère signe ses actes de tendresse comme Zorro signe ses actes de bravoure de la pointe de son épée.
Vous volez dans les plumes de votre voisin du dessus qui fait la fête jusqu'à trois heures du matin ? Vous écrasez les orteils du type dans le métro qui vous colle d'un peu trop près ? Vous vous croyez à l'abri parce que vous ne connaissez pas ces gens ? Et bien vous avez tort ! Il se peut que votre voisin soit le meilleur ami de votre patron ou que l'inconnu des transports en commun soit un cousin éloigné de votre belle-mère. Et s'il n'y a pas qu'une seule personne qui vous sépare, il y a sans aucun doute une chaîne de deux, trois, quatre ou cinq maillons qui vous relie. Ce postulat s'appelle la théorie des six degrés de séparation, théorie qui n'est pas vraiment prouvée. Des statisticiens, des sociologues, des philosophes même se sont penchés sur la question, mais sans jamais conclure.