Sous le jasmin la nuit

Recueil de nouvelles bouleversantes, suggérées avec une violence onirique, qu'il s'agisse de la cruauté des relations d'amour et de jalousie, de la brève existence d'une transparente petite fille des bidonvilles ou de l'inoubliable "Le silence, la nuit", dernières pensées d'une très jeune fille, rescapée des camps terroristes fanatiques, enceinte des viols collectifs qu'elle a eu à subir.
Une écriture magnifique et une très grande générosité.

« Bonheur ». Tel est le dernier mot du recueil de nouvelles de Maïssa Bey « Sous le jasmin la nuit ». Bonheur d'avoir lu cette oeuvre aux qualités littéraires indéniables, grâce à une écriture qui fait entendre la voix des femmes algériennes, de tous âges, qui fait pénétrer le lecteur dans leur quotidien difficile, dans leur tempérament de battantes, confrontées qu'elles sont à un monde masculin souvent hostile, qui impose sa force, son autorité. Bonheur d'une écriture qui fait se terminer chaque nouvelle sur une fin ouverte, éventuellement porteuse d'espoir pour ces femmes, mères, soeurs, épouses.
Admiration pour cette écriture qui révèle, affirme, lutte, pour faire connaître la condition féminine en Algérie - mariage forcé, viol, suicide, honte, manque d'amour, défaut d'éducation, traumatismes liés à l'histoire de l'Algérie, mais aussi entraide, découverte que l'amour existe, questions autour de la transmission-, le tout avec une grâce toujours efficace, par ce que disent les mots... même dans l'implicite ! Maïssa Bey manie la langue française de façon magistrale, une langue poétique, mise en valeur par un rythme, une utilisation subtile de la ponctuation, une syntaxe pleine de souffle. Un style pour faire connaître la condition féminine, et conduire à réflexion. Vraiment, admiration !
Paradoxe donc que ce bonheur.