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Le père. le fils, Deux discours pour dire le passé. Pour que l'on comprenne pourquoi le père est en prison et le fils hébergé par des amis de la famille.
Qu'est devenue la bien- aimée, celle à qui s'adressent ces pages de louange et d'amour ? Comment cette union maudite, l'impossible alliance des bédouins et des sédentaires, s'est-elle achevée, laissant deux enfants séparés, et un homme en prison ? Alors que l'enfant s'acoquine avec les gosses des quartiers pauvres, où les rapines font partie de la règle du jeu, il tente d'approcher sa soeur, se fait chasser, s'échappe de la férule des nomades, incapable de supporter la rigueur de l'école coranique .

Les deux récits alternent, bien marqués par leur style d'écriture.
Le long poème désespéré du prisonnier, qui exprime ses regrets pour un passé de malheur, un amour qui a volé en éclat, souillé par la trahison et la jalousie. le quotidien misérable de la prison n'est pas le plus difficile à vivre.
Et la voix du fils, encore teintée de naïveté, mais qui porte malgré tout les stigmates de l'enfance brisée, et qui cherche à comprendre.


Le drame s'habille de poésie, et l'écriture tient ses promesses. L'histoire reste centrée sur le destin de cette famille, sans élargir le propos au contexte historique , mais quand même bien imprégnée d'une ambiance locale spécifique.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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C'est un très beau roman que nous offre Beyrouk.
Deux belles histoires qui s'entrecroisent, deux personnages qui se volent la vedette.
D'un côté nous avons le père, en prison, qui s'adresse à sa femme. Ses souvenirs défilent, dans une expression très poétique, il relate le début de leurs amours. Il a tout quitter: sa famille, son désert, sa vie itinérante pour pouvoir avoir la chance de vivre à ses côtés, elle la citadine, sa princesse, il la couve de son amour débordant. Mais la belle famille ne l'entend pas de cette oreille.
De l'autre côté, nous avons leur fils qui a été recueilli par une famille modeste, en périphérie de la ville où est emprisonné son père. Il ne souhaite que deux choses : voir son père, lui parler, mais aussi pouvoir approcher sa petite soeur Malika, que son oncle-le-frère-de-sa-mère lui interdit de voir. En attendant il traîne ses guêtres en compagnie de son copain Momo, chef de leur bande. C'est un gosse de la rue.
Au fur et à mesure des chapitres, on en apprend un peu plus sur cette famille déchirée.
Une rencontre de choc entre deux cultures, celle des bédouins du désert et celle de la vie citadine.
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Mbarek Ould Beyrouk est un écrivain mauritanien. Son roman est très poétique malgré la dureté de la vie et des propos de ces personnages. Un récit à deux voix (celle du père prisonnier et celle du garçon qui ne doit pas être bien vieux) qui raconte l'horreur vécue par une famille et ses conséquences : la disparition de la mère, la mise aux arrêts du père et la séparation des deux enfants, l'une chez un oncle et le deuxième chez des voisins. Misère, pauvreté, violence et malgré tout poésie. Un roman singulier par le ton, la forme et le contenu.
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Le père et le fils alternent leurs propos après "ça" qui a bouleversé leur vie.
Un peu agacée par le chant d'amour du père qui s'adresse à celle qu'il a aimée comme si elle était toujours là; il finit quand même par donner les raisons de son acte. Aveuglé par son amour, il ne se rend pas compte du fossé qui le sépare de la femme qu'il a réussi à épouser au mépris des traditions. Il a menti tout le temps promettant la richesse à cette femme futile (je l'ai trouvée antipathique et tellement superficielle.) Il a quitté sa vie de nomade, sa famille élargie et ses bêtes qu'il a vendues, ce qui est impensable chez les bédouins, les peuls, les nomades en général...L'argent ne les intéresse pas, leur richesse, c'est le troupeau qu'ils mènent dans le désert vers un point d'eau ou de quoi se nourrir.
Les propos du fils m'ont beaucoup plus émue: il ne comprend pas: sa mère est morte, son père est en prison; on le sépare de sa petite soeur (reprise par la famille de la mère) lui ne parvient pas à se faire à la vie nomade qu'on veut lui imposer ainsi que le Coran, il fuit pour retrouver le quartier où il a vécu avec sa famille et ses copains, même si la vie est loin d'y être facile.
Le style du père est souvent poétique, celui du fils naïf et prosaïque. Les vies des pauvres, nomades ou sédentaires sont bien vues.
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L'éditrice Sabine Wespieser met un point d'honneur à publier dix à douze livres par an seulement, mais à donner une vraie chance à tous ses livres. J'ai lu l'année dernière deux de ses publications, mais à chaque fois des traductions.Lorsque je l'ai entendu parler de ce livre avec enthousiasme au moment de sa publication, j'ai tout de suite su que c'était avec ce livre que je voulais découvrir sa publication francophone et son travail d'éditrice dans le choix des textes.
Beyrouk n'est pas un inconnu, il a déjà plusieurs livres à son actif, même s'il me semble que celui-ci est le premier publié directement par un éditeur français. Avec ce livre, il invite le lecteur à suivre les récits d'un père, que l'on sait très vite en prison et de son fils, recueilli par un voisin. Deux personnages qui se racontent, avec la sincérité de celui qui se trouve face à lui-même et veut comprendre. Deux versions d'une même histoire qui finissent par diverger.
C'est un livre poignant sur la perte de repères dans une société en mutation, sur les rêves d'ascension sociale et de bonheur familial. C'est un livre d'oppositions sans fin et de désillusions successives, un livre plein d'une immense tristesse résignée, où le vent du désert est la seule caresse qui peut-être pourrait être rédemptrice si seulement on veut bien la laisser nous envelopper. Un texte d'une poésie simple, qui plaira aux lecteurs qui aiment la finesse d'une plume et la légèreté d'une prose, un livre qui mêle la caresse et l'âpreté dit d'une dune de sable trop longtemps oubliée.
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Qu'il est beau cet texte. le père, dans une langue belle écrit son amour inconsidéré pour la jeune femme qu'il rencontre. Prêt à tout pour la conquérir et la garder, quitte à se mettre les deux familles à dos. Il y parle poésie, lui le nomade qui a renoncé à la vie de ses ancêtres pour s'installer en ville. Mais vite, il aborde la difficile mixité sociale, l'amour qui s'effiloche, l'obligation d'éloignement pour le travail qui sépare les corps et les coeurs.

"Moi, je n'ai jamais su atteindre les côtes dont je rêvais pourtant. Je voulais aller là où vous étiez, toi et les enfants, me baigner chaque jour de la calme sérénité des moments tranquilles, connaître le langage de tous les jours, les habitudes de chaque instant, les rires, les fâcheries, les petites joies et les petites peines, je ne demandais rien que cela, le bonheur des gens modestes, et je ne l'ai même pas eu." (p.154/155)

Le passé simple donne à la lettre du père une classe et un charmes désuet, comme s'il pouvait enfin écrire à sa bien-aimée tout ce qu'il n'a pas pu lui dire. C'est beau, tout simplement.

A l'inverse, le récit du fils est beaucoup plus oral, c'est un pré-ado qui s'exprime. le calme, la force et le désespoir du père en sont renforcés. Élevé par un ami, il traîne dans les rues du PK7, se bagarre, chaparde, ce qui lui évite de trop penser aux disparus, sa mère et son père qui refuse qu'il vienne le voir à la prison ainsi que sa petite soeur, Malika, recueillie par un oncle qui refuse de le voir. C'est un récit plus direct, plus naïf qui en écho à celui du père permet de comprendre la globalité de leur histoire familiale.

J'ai déjà lu Beyrouk et son formidable le griot de l'émir. de nouveau, je suis séduit par son livre, son écriture, la finesse, l'élégance et la beauté d'icelle.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Une fois n'est pas coutume, c'est par les premières lignes de ce roman que je débuterai ma chronique, pour tenter de vous faire comprendre comment j'ai plongé et me suis laissée emporter sans aucune résistance dans ses pages.

« LE PERE

MA VIE,

Je t'écris à travers les mots, tu sais bien combien ils savent cacher les choses, les mots. Je t'écris au-delà de cet écran noir qui veut nous séparer, ce fleuve de vacarme et d'oubli. Je veux traverser les frontières de l'inconnu et aller vers toi, dans ton royaume de lumières, là où tu m'attendras en silence. Je veux te rencontrer au-delà des mots. » (p.7)

Ce livre débute donc par cette lettre si pleine d'amour, écrite à son épouse par un homme en prison. Au fil des pages, il remonte le passé et les débuts merveilleux de cette relation d'amour naissante entre eux alors qu'ils étaient jeunes : lui, Bédouin arrivé en ville pour étudier et elle, citadine rêvant d'argent et de confort. En avançant dans notre lecture, nous prendrons la mesure des enchaînements tragiques qui l'ont amené là, tout comme ils ont amené leur fils à vivre, privé de sa soeur, chez un bienveillant voisin.

Les chapitres sont, en alternance, la voix du père et la voix de l'enfant, chacun nous ouvrant son âme, son environnement et ses sentiments. le père nous touche par une écriture emplie de poésie pour parler de ceux qu'il aime, de ses origines bédouines et des incompréhensions grandissantes entre lui et son aimée, et le fils, dans un ton plus descriptif et adapté à son âge, évoque son quotidien en ville ou dans le désert, ses amis, sa famille de coeur ou de sang, et ceux qui lui manquent tant. le grain du papier, lisse et doux, amène une qualité supplémentaire à la lecture, et l'accompagne parfaitement.

Je n'ai pas envie de trop vous dévoiler cette histoire, tant je pense qu'elle vaut la peine d'être lue. Sachez seulement que d'insouciante comme le sont les relations amoureuses débutantes, le mensonge, la froide réalité et la laideur ont rattrapé celle qui unit ce père à sa femme. Beyrouk a une écriture qui m'a complètement envoûtée, et donné envie de continuer à le découvrir. Il nous conte ici une histoire humaine, qui suscite la réflexion et remet en question nos jugements : sans tout accepter, peut-il être possible de tenter de comprendre cependant ?

En résumé, un magnifique chant d'amour tragique, aux couplets alternés d'un père et d'un fils qui pleurent la même absence…
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Petit livre passionnant d'un auteur Mauretanien racontant les écarts entre la vie des bédouins dans le désert et la vie dans une grande ville. Etonnant que l'on puisse s'apercevoir que cet écart est universel.
“Ce que l'on croit être l'ennui et qui est, en fait, l'angoisse de voir le monde dans sa propre vérité sans draps sales et sans fioritures.
Il faut beaucoup de temps pour s'habituer à la propreté, à la nudité des choses, à l'absence de fioritures, à la vérité crue. “
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Après le Tambour des larmes, je retrouve avec plaisir la plume particulière de Beyrouk.
Deux narrateurs se partages se récit.
Le père, est en prison ; il s'adresse dans une langue travaillée à sa femme, disparue. Ils étaient de deux monde différents. Pour elle, femme de la ville, il renonce à la vie nomade. Deux mondes s'affrontent. Cet homme aime cette femme de toute son âme, en dépit d'une mixité sociale qui ne les aide pas.
Le fils qu'ils ont eu est placé dans une famille d'accueil ; il traine, vole, se bagarre, ne fait guère attention à ses fréquentations. Il rôde autour de la prison, alors que son père lui refuse l'accès. le langage du fils est aussi oral que celui du père est poétique, et élaboré.

Deux êtres prisonniers de leur destin se croisent ainsi dans ce court et intense roman teinté de mystère et de non-dits. J'ai aimé retrouver l'élégance de l'écriture de cet auteur que je continuerai à suivre avec plaisir.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Le roman de Beyrouk est une double quête de sens. le père cherche à remettre des mots sur la vie passée et tente d'expliquer la vérité dans le brouillard des mensonges. Ses nombreuses lettres sont d'une sincérité bouleversante et portées par une passion dévorante. On sent son corps se vider de toute son énergie et peu à peu, le père s'épuise. Ses lettres sont parfois interrompues par la vie quotidienne de la prison, une répétition dont l'ennui et le poids détruisent l'homme progressivement. Les lettres deviennent alors des témoignages, seuls vestiges d'une vie pas vraiment vécue. C'est ce point-là qui est au centre des chapitres consacrés au fils. Lui aussi à la première personne nous raconte son quotidien dont il n'arrive pas à capter la stabilité. Il semble lui aussi en plein mensonge. L'absence de ses parents lui pèse car il est incapable de mettre des mots sur sa vie et les personnes qui l'entourent. Il veut vivre mais part de rien. Bien que les rythmes des deux voix ne soient pas similaires, les thèmes de l'amour et de l'élan de vie sont au coeur des préoccupations des deux hommes. La voix du père porte plus, notamment grâce à la passion qu'il exprime et à sa manière de saisir toutes les nuances du temps. Il revient sur le passé et égraine tous les faux pas. le père a voulu être parfait dans le rôle de l'amoureux et de l'amant. Il voulait correspondre aux attentes et pointe tous les codes de sa société. En filigrane, surgit ce rendez-vous manqué avec sa véritable personnalité, sa sincérité. Il ne sait pas qui il a été et a préféré endosser un rôle. le père veut justement que son fils n'emprunte pas le même chemin. Mais il ne lui en parle pas. Et c'est là le croisement très touchant de ce roman. le père commence à être à court de mots, comme si le temps lui rappelait que c'était trop tard. le fils, quant à lui, arrête de fuir pour tenter de trouver les mots, la seule manière d'aborder la vie. La transmission et la rencontrent se font, dans la maladresse, teintées d'une certaine peur et cette fébrilité est particulièrement émouvante.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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