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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un très beau roman que nous offre Beyrouk.
Deux belles histoires qui s'entrecroisent, deux personnages qui se volent la vedette.
D'un côté nous avons le père, en prison, qui s'adresse à sa femme. Ses souvenirs défilent, dans une expression très poétique, il relate le début de leurs amours. Il a tout quitter: sa famille, son désert, sa vie itinérante pour pouvoir avoir la chance de vivre à ses côtés, elle la citadine, sa princesse, il la couve de son amour débordant. Mais la belle famille ne l'entend pas de cette oreille.
De l'autre côté, nous avons leur fils qui a été recueilli par une famille modeste, en périphérie de la ville où est emprisonné son père. Il ne souhaite que deux choses : voir son père, lui parler, mais aussi pouvoir approcher sa petite soeur Malika, que son oncle-le-frère-de-sa-mère lui interdit de voir. En attendant il traîne ses guêtres en compagnie de son copain Momo, chef de leur bande. C'est un gosse de la rue.
Au fur et à mesure des chapitres, on en apprend un peu plus sur cette famille déchirée.
Une rencontre de choc entre deux cultures, celle des bédouins du désert et celle de la vie citadine.
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Qu'il est beau cet texte. le père, dans une langue belle écrit son amour inconsidéré pour la jeune femme qu'il rencontre. Prêt à tout pour la conquérir et la garder, quitte à se mettre les deux familles à dos. Il y parle poésie, lui le nomade qui a renoncé à la vie de ses ancêtres pour s'installer en ville. Mais vite, il aborde la difficile mixité sociale, l'amour qui s'effiloche, l'obligation d'éloignement pour le travail qui sépare les corps et les coeurs.

"Moi, je n'ai jamais su atteindre les côtes dont je rêvais pourtant. Je voulais aller là où vous étiez, toi et les enfants, me baigner chaque jour de la calme sérénité des moments tranquilles, connaître le langage de tous les jours, les habitudes de chaque instant, les rires, les fâcheries, les petites joies et les petites peines, je ne demandais rien que cela, le bonheur des gens modestes, et je ne l'ai même pas eu." (p.154/155)

Le passé simple donne à la lettre du père une classe et un charmes désuet, comme s'il pouvait enfin écrire à sa bien-aimée tout ce qu'il n'a pas pu lui dire. C'est beau, tout simplement.

A l'inverse, le récit du fils est beaucoup plus oral, c'est un pré-ado qui s'exprime. le calme, la force et le désespoir du père en sont renforcés. Élevé par un ami, il traîne dans les rues du PK7, se bagarre, chaparde, ce qui lui évite de trop penser aux disparus, sa mère et son père qui refuse qu'il vienne le voir à la prison ainsi que sa petite soeur, Malika, recueillie par un oncle qui refuse de le voir. C'est un récit plus direct, plus naïf qui en écho à celui du père permet de comprendre la globalité de leur histoire familiale.

J'ai déjà lu Beyrouk et son formidable le griot de l'émir. de nouveau, je suis séduit par son livre, son écriture, la finesse, l'élégance et la beauté d'icelle.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Une fois n'est pas coutume, c'est par les premières lignes de ce roman que je débuterai ma chronique, pour tenter de vous faire comprendre comment j'ai plongé et me suis laissée emporter sans aucune résistance dans ses pages.

« LE PERE

MA VIE,

Je t'écris à travers les mots, tu sais bien combien ils savent cacher les choses, les mots. Je t'écris au-delà de cet écran noir qui veut nous séparer, ce fleuve de vacarme et d'oubli. Je veux traverser les frontières de l'inconnu et aller vers toi, dans ton royaume de lumières, là où tu m'attendras en silence. Je veux te rencontrer au-delà des mots. » (p.7)

Ce livre débute donc par cette lettre si pleine d'amour, écrite à son épouse par un homme en prison. Au fil des pages, il remonte le passé et les débuts merveilleux de cette relation d'amour naissante entre eux alors qu'ils étaient jeunes : lui, Bédouin arrivé en ville pour étudier et elle, citadine rêvant d'argent et de confort. En avançant dans notre lecture, nous prendrons la mesure des enchaînements tragiques qui l'ont amené là, tout comme ils ont amené leur fils à vivre, privé de sa soeur, chez un bienveillant voisin.

Les chapitres sont, en alternance, la voix du père et la voix de l'enfant, chacun nous ouvrant son âme, son environnement et ses sentiments. le père nous touche par une écriture emplie de poésie pour parler de ceux qu'il aime, de ses origines bédouines et des incompréhensions grandissantes entre lui et son aimée, et le fils, dans un ton plus descriptif et adapté à son âge, évoque son quotidien en ville ou dans le désert, ses amis, sa famille de coeur ou de sang, et ceux qui lui manquent tant. le grain du papier, lisse et doux, amène une qualité supplémentaire à la lecture, et l'accompagne parfaitement.

Je n'ai pas envie de trop vous dévoiler cette histoire, tant je pense qu'elle vaut la peine d'être lue. Sachez seulement que d'insouciante comme le sont les relations amoureuses débutantes, le mensonge, la froide réalité et la laideur ont rattrapé celle qui unit ce père à sa femme. Beyrouk a une écriture qui m'a complètement envoûtée, et donné envie de continuer à le découvrir. Il nous conte ici une histoire humaine, qui suscite la réflexion et remet en question nos jugements : sans tout accepter, peut-il être possible de tenter de comprendre cependant ?

En résumé, un magnifique chant d'amour tragique, aux couplets alternés d'un père et d'un fils qui pleurent la même absence…
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"Parias" est un roman bouleversant et d'une rare humanité qui a été pour moi un puissant moment de lecture.
Beyrouk nous fait entrer dans la danse d'un drame familial à deux voix. La voix coupable d'un père emprisonné qui s'adresse à sa femme disparue, la voix innocente de son jeune fils séparé des siens et avançant seul dans les péripéties d'une enfance pauvre.

Nous imaginons la Mauritanie natale de Beyrouk, les conditions de vie précaires dans une ville surpeuplée, le choc entre la tradition des bédouins et la modernité des citadins, la débrouillardise d'un gamin des rues séparé des siens, la nostalgie d'un homme privé de liberté, ses souvenirs amoureux et ses regrets, les aspirations et les rêves de cet enfant qui s'adressant à son père, refuse de l'oublier.
C'est un roman que je vous conseille chaleureusement, le style est au rendez-vous, l'histoire est belle, dure mais porteuse de poésie et d'espoir. La différence de tonalité entre le point de vue du père et celui du fils donne à la narration l'alchimie d'un conte moderne.
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