Étude de Christophe Fauré : Féminité à l’épreuve, féminité dans l’épreuve.
Le plus aigu est sans doute la redéfinition parallèle de son rapport à soi-même : « après tout ce temps, qui suis-je devenu ? Qu est ce que Je me raconte sur moi ? En quoi puis-je me dire que ma vie a du sens ? Quelle est la vie que je vis ? Quel est ce ‘‘je’’ qui parle . Qui vit ce que je vis en ce moment ? » Tous ces aspects interagissent. A se percevoir beaucoup plus terne, fait de tristesse, de vécu un peu dépressif, de colère, on a ressenti et peut-être intériorisé ce reproche muet, « elle n'a pas fait son deuil ! » Qu'on le juge plus violent ou atténué pour une femme, il prend corps de réalité et influe à son tour sur le devenir. Évidemment, tous les cas de figure différent et il peut exister des va-et-vient entre les différentes étapes.
Mais tel est le sens : parvenir à cette redéfinition en se sachant différent et porteur de cette énorme cicatrice, à tout jamais. C'est cela la redéfinition par rapport à la personne que l'on a perdue, et non telle ou telle figure imposée. Il ne faut pas accepter un sens qui vienne de l’extérieur. Mais quel serait le sens, fût-il grand, si l'on se perd soi-même dans le processus ? C'est à celui qui vient de l'intérieur, qu'il faut être attentif et réceptif: c'est parfois un tout petit sens et l’expression de « devenir un plus bel être », ce possible « gain » différé bien après la perte terrible, doit être relativisée même si elle correspond à des réalités vécues, des expériences, des témoignages
Conte de Halida Hamdane : La fiancée de l’autre monde.
- Driss, tu ne peux continuer à pleurer ainsi. Tant que tu pleures, l'âme de ta bien-aimée reste là, elle rôde autour. Libère-la, laisse-la partir, laisse-la aller rejoindre les âmes bienveillantes, laisse-la ! Tant que tu pleures, elle ne partira pas, elle souffre. Tu ne veux pas la laisser souffrir ? Libère-la, laisse-la partir...