Comme chaque mois depuis le début de l'année avec mon comparse Steven, nous sommes répartis à la découverte de l'oeuvre historique de
Christophe Bigot. Depuis le début, je cherche à retrouver les émotions éprouvées lors de ma première lecture de l'auteur sur
le Château des Trompe-L'oeil, c'est fait avec
L'Archange et le Procureur, cette nouvelle incursion dans les folies de la Révolution à travers la biographie du couple Desmoulins.
Je suis une grande fan de la Révolution française alors forcément le goût de l'auteur pour celle-ci ne pouvait que trouver écho en moi. Cependant, étant fan, forcément j'ai lu pas mal d'ouvrages en tout genre sur la question et il est dur de me surprendre. Il y a pourtant réussi grâce à sa plume toujours aussi intimiste, qui ici nous propose, sous un format original, de plonger dans les secrets et l'intimité de la famille Desmoulins.
Camille Desmoulins est un personnage historique que tout amateur de la Révolution connaît mais ici,
Christophe Bigot a pourtant réussi la gageure de me le faire redécouvrir. Avec son parti pris de présenter son roman comme un échange entre la belle-mère de celui-ci et son petit-fils Horace, fils de Camille et Lucile, il a eu une idée à la fois très originale et percutante. Présenté sous un format à mi-chemin entre l'épistolaire et l'écrit du fort privé, les confessions d'Anne Duplessis offrent de découvrir ce héros révolutionnaire sous un tout autre jour, un tout autre prisme.
J'ai beaucoup aimé pénétrer dans l'intimité de celui que je connaissais essentiellement pour ses faits d'armes plumesques. C'était très intéressant de découvrir le jeune homme caché derrière, celui qui fut ballotté pendant la Révolution par les grands hommes qu'il admirait. Camille se dévoile non pas comme un révolutionnaire républicain sûr de lui, mais comme un homme qui doute souvent, qui est maladroit, qui fait des erreurs et les répare pas toujours de la bonne façon. Un homme secret, également, dont la vie maritale fut l'objet de nombreuses rumeurs qu'Anne Duplessis ne dément pas toutes formellement mais essaie d'éclaircir pour offrir le portrait le plus fidèle possible et non pas un panégyrique de l'homme. Pour cela,
Christophe Bigot le dit, il s'appuie sur des documents historiques retrouvés et des biographies d'historiens comme celle, excellente, de Janssens.
Mais nous ne sommes quand même pas dans un essai d'historien, loin de là. Il n'y a pas ici l'aridité d'un tel texte, au contraire. La plume de
Christophe Bigot redonne totalement vie à cette époque. On revit tous les grands épisodes de la Révolution aux côtés de notre couple, car ce n'est pas seulement Camille qui est ressuscité mais également sa femme Lucile, sous la plume de sa mère Anne. On plonge dans l'intimité du couple. On découvre ce que c'est de vivre la Révolution en étant eux. On participe aux débats, dans la rue et à l'Assemblée. On assiste à l'élévation et la chute de grands personnages, aux alliances et mésalliances qui font mal. On parcourt aussi énormément le coeur de Paris et on ressent l'horreur des exécutions et la peur montante envers cette Terreur qui surgit. Tout est parfaitement décrit pour que ce soit le plus immersif possible pour le lecteur.
Nous avons donc à la fois un récit historique et un récit personnel. Ce dernier a vraiment pris une forme qui a su me toucher par le récit honnête d'une mère sur sa fille et son compagnon, ne cachant rien de leurs turpitudes ou maladresses au sein de cette période terriblement agitée et fondatrice pour nous. L'auteur propose à travers cette lettre un retour sur la construction de la figure d'un héros révolutionnaire confronté avec la réalité historique de l'homme intime au sein de son foyer. C'est émouvant et édifiant !
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