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Critique de svecs


Un nouvel Enki Bilal est toujours un événement. A l'instar d'un nouvel Amélie Nothomb ou un nouveau Bernard Werber. Bilal possède un aura particulier, ses entrées dans les médias et bénéficie d'un réflexe d'achat Presque automatique pour pas mal de gens parce que, diantre, c'est Bilal.
Sauf que Bilal vit sur sa réputation et cette anomalie qui en fait une star des ventes aux enchères plus que pour l'intérêt de ses dernières productions. le Sommeil du Monstre était inégal. Quant au Coup de Sang, il était raté. Cette nouvelle série, Bug, redressera-t-elle la barre ?
Non.
Rien ne va dans cette nouvelle série.
Passé une couverture classique mais efficace, on retrouve tous les marqueurs de Bilal dès les premières planches. C'est rassurant, jusqu'à ce qu'un sentiment de déjà vu s'installe. Les personnages de Bilal sont souvent bâtis sur le même moule. Nikopol, Nike, Obb… toujours le même physique. Pareil pour les femmes. Cela ne serait pas un problème si, en plus, nous ne détections pas en plus un recours aux mêmes postures et aux mêmes cadrages. de nombreuses cases semblent n'être que des version retravaillées de cases extraites d'anciens albums. On reprochait à Morris D abuser de la photocopieuse à force de reprendre les mêmes postures. Bilal utilise la même méthode. Ce qui ne serait pas grave s'il ne sautait pas aux yeux que les cases “inédites” sont franchement moins bonnes. Une case de la page 35 comporte des lacunes ahurissantes en terme d'anatomie, par exemple.
Bilal use et abuse également de tics, privilégiant l'image, au mépris de la crédibilité. L'exemple le plus frappant est cette épave d'avion plantée en plein Paris. L'image est très "bilalienne", mais comment expliquer qu'un avion se soit écrasé ainsi, sans faire le moindre dégât autour ? La tentation du visuel au détriment du narrative…
Mais que vaut l'histoire ? Passons sur la crédibilité scientifique de l'argument: toutes les données stockées sur le cloud on n'importe quel support physique est subitement volatilisée. On pourra pinailler sur le fait que les effets à géométrie variable ou simplement se dire que ce récit tient plus de la fable que de la hard SF et accepter les postulats de l'auteur.
Mais il faudrait alors une intrigue qui nous entraîne et nous fasse oublier les approximations du concept.
Premier ingrédient: des personnages intéressants. Malheureusement, aucun personnage n'a un minimum de substance.
Deuxième ingrédient: une intrigue bien menée. Une fois de plus, Bilal nous propose un road movie classique et sans originalité. En fait, tout ce qui pourrait paraître original n'est que du recyclage de ses albums précédents. Un personnage humain habité par une intelligence qui le dépasse ? Horus et Nikopol. Les encarts de journal “pirate” ? La femme piège. le questionnement sur la super-mémoire ? Nike dans la tétralogie du monstre. Les considérations géopolitiques sur le totalitarisme et l'obscurantisme ? La tétralogie du monstre.
Au moins Bilal expérimentait encore dans le coup de sang. Julia et Roem portait de belles intentions, même si l'ensemble n'était pas abouti. Bilal ne fait ici que décliner tous les marqueurs de son oeuvre. Pourquoi se gênerait-il, me direz-vous ? En soi, c'est son droit le plus strict. Mais qu'il ne se contente pas du service minimum.
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