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Citations sur Un paradigme (9)

16. J'ai passé une partie de ma vie à essayer les idées des autres. Je me disais que je finirais par trouver celles qui me conviendraient. Puis un jour, las de chercher, j'ai décidé de m'en tenir à ce que je pouvais observer par moi-même et de m'intéresser aux seuls problèmes que me posait ma propre existence, même si elle me paraissait réduite. C'était le moyen, pensais-je, d'arriver à quelques certitudes limitées, faute de mieux. J'ai accumulé les observations, elles se sont multipliées, puis un renversement s'est produit. Entre certains faits que je remarquais, des rapports sont apparus, des motifs se sont formés. Je me suis aperçu que je tenais le début d'une pensée qui m'était propre. J'ai d'abord cru qu'elle se situait à la marge du monde des idées, puis je me suis rendu compte qu'elle me mettait en position de dialoguer avec d'autres. Je disposais même d'une pierre de touche pour juger la pensée des autres et mieux déterminer en retour ma propre vision des choses.
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C'est le propre de l'homme de pouvoir être cause efficiente, à des degrés divers, et de produire du nouveau, qui l'étonne lui-même. Cela lui arrive parce qu'il a en lui une dimension d'inconnu et qu'il s'y forme des phénomènes d'intégration dont il ne connait que très partiellement (ou pas du tout) les sources. Et c'est pour cette raison qu'il a été et restera toujours pour lui-même une énigme.
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Cette critique de l'objectivité des "mondes" dans laquelle nous vivons et des "choses" dont ils se composent est le point le plus difficile de toute philosophie. Elle paraît oiseuse au sens commun dont c'est le propre, partout et toujours, de ne douter ni du monde dans lequel il vit, ni des choses qu'il y trouve. Elle est le point le plus difficile, mais aussi celui qui a les plus grandes conséquences pratiques, car qui dit pluralité des mondes dit conflit des mondes.
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La crise actuelle pose avec une acuité sans précédent la question des fins. Quel usage l'humanité doit-elle faire des pouvoirs exorbitants qu'elle a développés ? Doivent-ils servir aux uns à dominer les autres, à créer des systèmes qui installent dans l'aveuglement ceux qui en profitent et dans la souffrance ceux qui en sont victimes ? Doivent-ils servir à ravager la nature et à détruire les conditions de vie sur la planète ? Devant le danger qui grandit, je suis chaque jour frappé par l'impuissance de la pensée critique et par l'insuffisance des solutions partielles. La critique fait son oeuvre, certes. Elle analyse, perce à jour le mensonge et les illusions, mais elle s'épuise à dénoncer l'incessant développement des maux qui nous assaillent. Quant aux solutions ponctuelles, elles sont constamment menacées d'être englouties par le courant principal. La commune faiblesse de la critique et des expériences limitées à un seul domaine est qu'elles ne permettent pas de poser la question première : celle qui est de savoir quelle est la nature propre de l'homme et quelle est par conséquent la meilleure organisation politique qu'il puisse se donner.
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De cette adaptation incessante au changement naît notre sentiment habituel de l'écoulement du temps.
La dépression en fournit la preuve a contrario. Lorsque mon activité se mue en souffrance parce qu'en elle des forces s'opposent et se paralysent, et que je réduis mon activité pour diminuer la souffrance, je m'enferme contre mon gré dans une sorte de temps immobile qui est une torture. L'adaptation ne se fait plus. Les changements qui se produisent au-dehors me terrifient parce que je n'ai plus la capacité de les absorber. Quand plus tard les forces qui me paralysaient se relâchent, que le mouvement renaît et que l'intégration reprend, bref : quand la vie recommence en moi, le temps reprend son cours et s'ouvre à nouveau sur l'avenir et l'inconnu.
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Dans le nouveau paradigme que je propose, et qui est une inversion de l'ancien, il n'est plus besoin de postuler une telle force [extérieure, attribuable à Dieu]. Nos expériences, y compris les plus bouleversantes, s'expliquent par nos seules ressources. L'esprit ne descend plus sur nous, mais se forme en nous, de bas en haut. La dimension d'inconnu est au fond du corps et de son activité, elle n'est plus quelque part au-dessus.
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Dans une ville où je débarque, je me demande comment je vais aller de tel point à un autre : je laisse des souvenirs revenir et s'assembler jusqu'à ce que l'itinéraire se dessine ou que j'aie la solution. Ce que nous appelons «réfléchir» est toujours un processus de ce genre. Il peut être rapide, comme après l'incendie, ou prendre des heures, des jours, des semaines, des mois. La montée de l'émotion est un cheminement comparable, rapide ou lent. Dans l'hypnose aussi, nous laissons le corps mettre en branle un processus d'intégration et le mener à son terme.
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L'idée [...] nait d'un phénomène d'intégration, mais risque de se défaire rapidement si elle ne trouve pas sa forme stable dans le langage, laquelle risque de se perdre à son tour si elle n'est pas conservée par l'écriture. Dans le domaine de la pensée, le processus d'intégration a besoin d'un double artifice pour avoir un effet durable.
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Novalis se donnait cette règle : "Quand le corps bouge ou travaille, observer l'esprit ; quand il se passe quelque chose dans l'esprit, observer le corps." Il opposait encore le corps et l'esprit. Pour échapper à cette séparation artificielle, je préfère considérer que je confie au corps le soin de former des idées. Le corps est dans ces moments-là un vide. Il est un vide actif parce que c'est de lui que surgissent les idées. Quand elles sont mûres, il les livre à la conscience, qui se borne à les recevoir.
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