Citations sur La septième fonction du langage (193)
(…) elle s’intéresse à la performativité en ce qu’elle soupçonne le pouvoir patriarcal d’avoir recours à une forme sournoise de performatif pour naturaliser la construction culturelle qu’est le modèle de couple monogame hétéronormé : en clair, d’après elle, il suffit que le mâle blanc hétéro déclare que cela est, pour cela soit.
La performativité, ce n’est pas seulement l’adoubement des chevaliers, c’est aussi cette entourloupe rhétorique qui consiste à transformer le résultat d’un rapport de forces en évidence immémoriale.
Morris Zapp poursuit sa conférence sur un mode de plus en plus déridien, car, maintenant, il affirme que comprendre un message, c’est le décoder, puisque le langage est un code. Or, « tout décodage est un nouvel encodage ». Si bien qu’en gros, on ne peut jamais être sûr de rien, et surtout pas que deux interlocuteurs se comprennent, car personne ne peut être sûr qu’il emploie les mots exactement dans le même sens que son interlocuteur (y compris dans la même langue).
Si la classe dominante a perdu le consentement, c’est-à-dire si elle n’est plus dirigeante mais uniquement dominante et seulement détentrice d’une force de coercition, cela signifie précisément que les grandes masses se sont détachées des idéologies traditionnelles, qu’elles ne croient plus à ce à quoi elles croyaient auparavant… (…) Et c’est justement pendant cet interrègne qu’on favorise l’éclosion de ce que Gramsci appelle les phénomènes morbides les plus variés. (…) Facismo !
Simon Herzog, comme le font tous les littéraires du monde quand ils arrivent chez quelqu’un, même lorsqu’ils ne sont pas expressément venus pour ça, examine avec curiosité les livres de la bibliothèque (…)
La conversation est en somme une partie de tennis qu'on joue avec une balle en pâte à modeler qui prend une forme nouvelle chaque fois qu'elle franchit le filet.
Je crois que je suis coincé dans un putain de roman.
« Le langage de Roland Barthes est imbitable. Mais alors, pourquoi perdre son temps à le lire ? Et, a fortiori, à écrire un livre sur lui ? » (p. 26)
"Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir." Finalement, sa dernière pensée est un alexandrin de Corneille.
Bayard le rejoint sur l'estrade : "Monsieur Foucault ?" Le grand chauve est en train de rassembler ses notes, dans ce relâchement caractéristique de l'enseignant qui a fini son cours. Il se tourne ver Bayard avec bienveillance, sachant quelle timidité ses admirateurs doivent parfois surmonter pour lui adresser la parole. Bayard sort sa carte. Il connait bien, lui aussi, l'effet qu'elle produit. Foucault s'arrête une seconde, regarde la carte, dévisage le policier puis replonge dans ses notes. Théâtral, il dit, comme à l'attention du public en train de se disperser : "Je refuse d'être identifié par le pouvoir."
Mais Mitterrand, lui, a très bien compris ce qui se passe. Ce jeune merdeux (Balavoine) est en train de les montrer tels qu'ils sont, lui, les journalistes autour de la table et tous leurs semblables : des vieux cons qui croupissent dans leur entre-soi depuis tellement longtemps qu'ils sont morts au monde et qu'ils ne s'en étaient même pas aperçus.