Paru en Islande en 2010 et traduit en français cette année, "
La lettre à Helga" est un roman épistolaire de l'écrivain islandais
Bergsveinn Birgisson.
A la mort de sa femme Unnur, le vieux Bjarni décide de prendre la plume pour écrire à Helga, la femme qu'il aimait autrefois et n'a jamais cessé d'aimer bien qu'il ait fait le choix de ne pas vivre leur histoire.
Unis par ce même sentiment de solitude dans leurs mariages respectifs - elle, du fait d'un mari toujours absent, lui d'une épouse qui devenue stérile ne lui témoigne plus aucune tendresse - tous deux entameront une brève liaison qui prendra fin lorsque Bjarni refusera de tout quitter pour partir s'installer en ville avec Helga.
Bjarni détaille à Helga ses longues années de solitude, passées à contempler de loin une vie qu'il aurait pu mener et à laquelle il a renoncé pour conserver ses terres et sa passion des bêtes.
Autant dire que ce n'était pas tant par amour pour sa femme (dont il fait assez peu de cas finalement) que pour son métier que Bjarni a fait le choix de renoncer à Helga.
Un choix qu'il ne regrette pas mais dont il a beaucoup souffert toute sa vie.
Peut-on parler d'une histoire d'amour manquée ? Je ne suis pas de cet avis car à part jouer à saute-moutons dans une grange, qu'ont-ils partagé si ce n'est un désir qu'on pourrait qualifier de bestial ?
Durant 130 pages, la nostalgie de Bjarni ne se décline qu'en une série de souvenirs et de fantasmes liés aux courbes d'Helga vis-à-vis desquelles il a nourri une véritable obsession (souvent assez schato d'ailleurs, ah la scène de la golden shower page 37...).
Dans un premier temps, j'ai beaucoup ri des propos crus de Bjarni compensés par une certaine poésie. "Expert palpeur" chargé d'évaluer la santé des brebis en vue de la reproduction, Bjarni dresse de nombreux parallèles entre son métier et ses galipettes avec Helga.
Ce qui donne lieu à des descriptions assez cocasses même si parfois répétitives.
" Quand nous avons fait l'amour, tes seins ballottaient contre le râtelier. Comme des cygnes sur la vague." p.66
"Je me suis engouffré dans la bergerie pour m'effondrer sur une botte de foin, à l'endroit où nous avions joui l'un de l'autre si peu de temps auparavant, à ce qu'il me semblait, là même où j'avais
regardé tes seins onduler contre la mangeoire comme des cygnes sur la vague." p.77
J'étais donc tour à tour amusée et un peu blasée jusqu'au moment d'arriver à une scène qui laisse transparaître toute la "contre-nature" de cet homme.
Un homme qui à partir de là ne m'apparaissait plus comme un être à la lubricité bon enfant mais comme un cinglé...
Une scène qui pour moi a complètement remis en cause toute la crédibilité des valeurs qu'il défendait et continue de défendre après coup (!) Je ne suis pas une petite nature mais tout de même, certains mots et images peuvent me donner la nausée et ce fut le cas ici.
En ouvrant "
La lettre à Helga", je pensais découvrir une lettre d'amour - certes un peu crue - et non la confession d'un pervers égoïste en fin de vie.
Certains trouveront peut-être que j'exagère et que Bjarni ne saurait être résumé à cela mais que voulez-vous, certaines choses me dérangent parfois tellement que j'en oublie tout le reste...
Lien :
http://contesdefaits.blogspo..