Traduction du récit de la vie aventureuse de l'auteur américain. Né en 1871 mort en 1932. A la mort de sa mère quand il était encore enfant, son père le mène dans un internat tenu par des soeurs, elles lui donneront de l'affection, l'instruction scolaire, la politesse et la religion. Quand son père le reprend 4 ou 5 ans plus tard c'est pour le délaisser dans des hôtels pendant qu'il gagne péniblement de quoi survivre. le jeune garçon reçoit quelques dollars en travaillant dans des tripots, il devient très débrouillard en observant l'humanité pas très reluisante qui fréquente les troquets et les salles de jeux d'argent. Un jour, les circonstances le font partir en passager clandestin dans un train qui transporte du bois vers la côte ouest des Etats Unis, l'eldorado dans son imaginaire. Il a 16 ans. Au fil de rencontres instructives et souvent bienveillantes, il devient apprenti brigand, il s'avère doué, loyal envers ses compagnons. Il participe à des larcins de plus en plus dangereux, bénéficie des conseils de vieux loups expérimentés, fait de la prison tout jeune, ramassé par des shérifs calamiteux et souvent très violents. Mais toujours, il reste fidèle et loyal à la confrérie des brigands itinérants. Petit à petit il se fait une réputation, suit les pérégrinations de plus expérimentés dans le percement de coffre fort ou du vol à l'adresse.
L'écriture de ce récit émaillé de l'argot du milieu américain, est passionnant, il fait entrevoir au lecteur l'envers du décor des westerns cinématographiques et de la ruée vers l'or et nous montre la faune fantastique qui gravite autour de l'élan que fût cette période. On y rencontre en toile de fond, les chinois arrivés pour construire le chemin de fer, les indiens qui côtoient les blancs dans leur posture fière et altière. Et tous ces émigrés d'Europe qui essaient juste de survivre à la famine qui sévit dans leurs pays. le style est sans fioriture, sans psychologie, il va toujours à l'essentiel, chaque chapitre raconte une aventure nouvelle, un épisode de sa vie très riche ou de la vie d'un de ses comparses et amis de brigandages.
Ce titre,
Personne ne gagne, vient de sa constatation alors qu'il est encore un jeune homme, que la confrérie à laquelle il appartient, malgré les risques qu'elle prend, l'argent qu'elle brasse, s'en sort beaucoup plus mal financièrement et ne construit rien dans sa vie, contrairement aux employés ou ouvrier, exploités, mal payés, qui triment si durement, mais construisent une famille, une maison. En plus l'espérance de vie de cette population particulière est limitée par les mauvaises rencontres, les aléas des poursuites et cavales diverses. Mais le souffle de liberté qui traverse tout le livre est merveilleux. Et puis il est très moral car le narrateur rentre dans le droit chemin après des années de prisons et les rencontres avec un juge et un patron de journal, il devient libraire puis archiviste, il ne vole plus, gagne sa vie honnêtement et est heureux. Pourtant, il sera retrouvé mort d'une balle dans la gorge dans le port de New-York, assassiné ou suicidé, on ne sait pas il a 61 ans.