La lune, à présent plus basse, coula derrière la cime d'un immense cèdre qui diffracta la lumière en faisceaux d'argent. Les étoiles avaient pâli. Une mince lueur rouge apparaissait derrière les hauteurs, à l'extrémité est de la vallée.
Les arbres attendaient, écoutaient, guettaient son prochain mouvement. La forêt se refermait sur lui.
Le léger vent de la nuit glissait silencieusement depuis les profondeurs de la forêt; il portait les messages de crêtes lointaines et de lacs sur le point de geler et charriait le parfum subtil et sombre de l'hiver qui arrivait.
Dans l'atmosphère planait ce silence menaçant qui précède souvent les violents orages.
Des bandes de nuages colorés, comme des oriflammes, cédaient leur place aux étoiles.
Les bûches envoyaient leurs étincelles crépiter dans le ciel constellé.
Pêcheur invétéré avant tout, il n'en était pas pour autant insensible à la beauté.
La raison trouve toujours une dizaine d'explications à l'apparition d'une émotion nouvelle...
Il découvrait les vertus de la solitude profonde. Pour la première fois de sa vie, le paysage l'appelait et cet appel se manifestait de façon curieuse... Il ressentait du réconfort.
La nuit enveloppait la forêt, le ciel débordait d'étoiles, la vie nocturne suivait son cours sans bruit, avec cette capacité extraordinaire que des millions d'années avaient perfectionnée.