On ne pouvait décrire cette végétation enchevêtrée, qui courait jusqu'à l'horizon où elle se fondait en des teintes bleuâtres, que comme austère, terrible et sans merci.
On entendrait bientôt les hiboux et les chouettes, alors que les ténèbres estomperaient tous les détails de leur doux voile noir et que les étoiles scintilleraient par milliers.
Les arbres se resserraient sur son passage sans qu'il le remarque. Ils le guidaient...
Le silence de la forêt sans fin les enveloppait.
Quand ils émergèrent enfin de l'épaisse forêt, Grimwood s'arrêta derrière l'Indien, son guide, et contempla la vallée grandiose qui se déployait devant eux, baignée de la lumière dorée du soleil couchant. Appuyés sur leurs fusils, ils étaient captivés par ce panorama insoupçonné.
Par cette paisible journée d'automne, l'eau chantait, étincelante, et le ciel, bleu et dégagé, se répandait sur tout cela, éclatant de lumière.
Il s'enfonçait dans cet immense monde de forêts, qui couraient sur des centaines de milles, seulement connues des biches, des ours, des orignaux et des loups, mais pas encore foulées par l'homme; un monde désert, primitif, sauvage.
Le vent s'était couché avec le soleil et rien ne bougeait dans ce vaste monde végétal.
Il se sentait tout petit face à la splendeur et à l'immensité de ces forêts sauvages.
Son coeur s'abreuvait de ce sentiment de liberté qu'engendrent les grands espaces et ses poumons s'enivraient du vent frais et parfumé.