Le lac scintillait sous les étoiles comme une feuille de verre noir.
L’entendre raconter son périple donne à admirer son invincible courage et à apercevoir la solitude désespérée que peut ressentir l’âme d’un homme lorsque la nature sauvage le tient au creux de sa main infinie… et moqueuse.
Les ténèbres semblaient s'être déployées plus vite que d'habitude, et pas la moindre lueur colorée n'indiquait où le soleil avait fini sa course.
Dehors, la nuit était calme et douce, sans un souffle d'air; les vagues étaient silencieuses, les arbres immobiles, les nuages pesaient comme de lourds rideaux sur les cieux.
Les érables avaient revêtu leurs parure d'or et de vermillon et les rires cristallins des huards ricochaient dans les baies protégées où l'on n'entendait pas leurs étranges voix en été.
Le mois de septembre était déjà bien avancé, les grosses truites et les maskinongés s'agitaient au fond du lac et commençaient à s'aventurer de plus en plus à la surface, alors que les vents du nord refroidissaient l'eau.
La végétation, plus mince et plus espacée, comprenait surtout des bouleaux argentés, des sumacs et des érables, éclaboussant de leurs couleurs flamboyantes des clairières dégagées semblables à des parcs.
Au-dessus de leurs têtes, les étoiles brillaient dans un ciel hivernal, le peu de vent qui soufflait suffisait à ce qu'une imperceptible couche de glace se forme sur les berges du lac.
Par-dessus tout, il était extrêmement sensible aux charmes du monde sauvage, qui envoûtaient les âmes les plus solitaires, et vouait une passion romantique, à la limite de l'obsession, à l'impassibilité des immensités vierges.
Au-dessus de sa tête, par-delà la cime des immenses arbres, le ciel du soir se paraît d'un orange d'opale, translucide et nacré.