Lecture imposée dans un cours de français de la fin du secondaire, c'est avec curiosité, ne pouvant malheureusement me souvenir de ma réaction d'alors, que je me suis replongée dans cette ancienne édition à la couverture orangée que je possède de
la Belle bête, dont le prix orne toujours le dos du livre (5,95$), un tout petit objet, plein de bruit et de fureur, le premier roman de
Marie-Claire Blais, écrit alors qu'elle n'était âgée que de vingt ans, ce qui force l'admiration, tant on y trouve de la poésie et de la profondeur. Eut-elle été aimée de sa mère que les choses auraient été bien différentes pour Isabelle-Marie; mais voilà, la belle et vaniteuse Louise n'a d'yeux que pour son fils Patrice, dont la beauté n'a pourtant d'égale que son absence intérieure, ce qu'elle ne voit pas, et c'est la jalousie et la haine qui vont couver dans le coeur de cette jeune fille, décrite comme étant noire et laide. Inspirée de
La Belle et la bête – le nom d'Isabelle-Marie n'est-il pas un clin d'oeil à
Jeanne-Marie Leprince de Beaumont qui a réécrit le conte dans sa version la plus connue aujourd'hui ? -, l'auteure joue à la manière des contes et à sa manière avec la mythologie, pour une construction qui ne peut que finir dans le drame, celui que pave l'injustice.