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Citations sur Briser la glace (37)

Je fais des conférences dans des écoles et je vois qu'on ne montre que du négatif aux gamins. On leur explique que la planète est foutue. Je préfère leur transmettre l'idée que la planète est belle.
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Dès 1977, l'actrice et militante française [Brigitte Bardot] se lance, au côté de Greenpeace, dans ce qu'elle appelle « le combat de sa vie ». Elle embrasse des bébés phoques sur la banquise canadienne, remue ciel et terre pour faire interdire leur chasse et obtient des résultats. Son lobbying auprès des institutions internationales fait chuter les exportations de peaux, affectant ainsi l'économie du Groenland, appauvrissant les gens, alors que le phoque n'est pas une espèce menacée. Bannir la chasse au phoque au Groenland, ce serait interdire aux Chinois de cultiver du riz. Dans un pays sans agriculture et sans industrie, la chasse et la pêche ont toujours été la base de la survie. Durant des siècles, les Inuits ont bâti une civilisation du phoque. C'est un pan de leur identité. Sans phoque, pas de nourriture, pas de vêtements, pas d'éclairage. Sans phoque, pas d'Inuits.
Mettons-nous dans la peau d'un Groenlandais. Votre île a été colonisée, votre culture disloquée, votre environnement souillé, et une actrice qui n'a jamais eu faim veut interdire une activité qui nourrit votre peuple depuis la nuit des temps. [...] Est-il besoin de préciser que Brigitte Bardot n'est pas très populaire au Groenland ?
(p. 83-84)

► https://www.youtube.com/watch?v=LPiLUWiYnW0
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Il ne faut pas refuser l’hospitalité des locaux. Je le remercie, qujanaq, pour gagner quelques secondes.
Le chasseur attend. Je tergiverse. Mon cerveau bouillonne pour établir une stratégie de diversion. Je ne me vois pas glisser discrètement la viande dans ma poche et partir en sifflotant, l’air de rien. Je pourrais tenter « Ho regarde, derrière toi, une ours polaire. » avant de partir en courant, mais cette ruse est éculée chez les Inuits. Fuir à la nage ? Mort assurée. Non, je suis bel et bien coincé. Acceptons notre destin.
Je croque le foie [de phoque]. Mâche prudemment. La matière est spongieuse, gluante, salée, dégueulasse. Déglutition. Mon ami semble heureux.
Je fais appel à toute ma politesse pour dire ‘’mamaq’’ (qu’on peut traduire par « miam ») en levant le pouce, bien que mon for intérieur hurle « beurrrghk » (bruit de vomi). La beauté de l’échange culturel vaut bien un petit sacrifice stomacal.
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Du haut de ses 17 000 habitants, Nuuk [capitale du Groenland] est estampillée 'métropole arctique' par l'office du tourisme. [...] Nuuk est surtout célèbre pour ses barres d'immeubles en béton, aberration architecturale et saccage visuel, stigmates d'une politique de regroupement urbain entamée dès les années 1950 par les autorités danoises. Plus simple à administrer. Prenez un pêcheur dans un village au mode de vie traditionnel. Transplantez-le dans une cage à lapin pour en faire un chômeur urbain pourvu d'une télévision. Multipliez par quelques milliers. Récoltez les conséquences sociales et la réputation dégradée qui va avec.
Nuuk ne ressemble pas non plus au cauchemar que certains m'avaient décrit. La capitale est une gentille bourgade avec son port, ses artères bien tracées, son unique cinéma, ses fonctionnaires qui sortent du bureau pour faire un tour à la galerie marchande avant de rentrer dans leur maison colorée en saluant leur voisin.
(p. 21-22)
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Le gouvernement groenlandais est désormais souverain en matière de décisions économiques. C'est lui qui peut signer les contrats avec les compagnies minières qui, conscientes des opportunités, ont installé des bureaux à Nuuk. Les revenus espérés permettraient de créer de l'emploi et surtout de s'affranchir de la tutelle financière danoise, qui subventionne l'île à hauteur d'environ 500 millions d'euros par an, soit la moitié de son budget. Et à terme, de prétendre à une indépendance totale. Le Groenland pourrait devenir un pays à part entière.
Ce plan initial se confronte à plusieurs obstacles. Se vendre aux multinationales du secteur, qui ne sont pas connues pour être particulièrement philanthropes, créerait une autre forme de dépendance. Avec leurs milliards, les compagnies minières sont plus puissantes que le petit Groenland. On connaît les scénarios répétés dans bien des pays d'Afrique, où les populations profitent très peu de l'exploitation de leur sol par des entreprises étrangères.
Les créations d'emplois, si elles ne peuvent pas nuire, pourraient rester anecdotiques. Quelques dizaines de jobs locaux dans le cas de la mine de rubis et de saphirs ouverte récemment. Un projet de mine de fer avec la London Mining envisage l'arrivée de 3 000 travailleurs chinois, soit 5% de la population de l'île. Un bouleversement démographique et culturel aux conséquences incertaines.
Il y a, surtout, les conséquences environnementales, largement imprévisibles. Je rectifie : les conséquences environnementales sont largement prévisibles. L'ouverture d"une mine est toujours un saccage. L'imprévisibilité réside dans le niveau du saccage.
'Malgré tout, la population est globalement favorable aux mines', résume Poul. Une tendance confirmée par les discussions que j'ai pu avoir ici et là. 'Fuck the environment', plaisante un fonctionnaire de Nuuk qui m'a invité à dîner. La phrase est prononcée sur le ton de la provocation, mais elle résume son point de vue. 'Nous disposons d'un très grand territoire, nous pouvons bien sacrifier quelques kilomètres carrés de nature, si ça nous permet d'avoir de meilleures écoles et de meilleurs hôpitaux.'
(p. 117-118)
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Contrairement à une idée assez répandue, le Groenland n'est pas intégralement couvert de glace. Nous avançons dans la toundra. La terre est brune, austère, dépourvue d'arbres dignes de ce nom. Simplement des arbustes aplatis par le vent, des buissons, des mousses et des lichens.
(p. 11)
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C'est un réflexe occidental que de vouloir vitrifier la culture - surtout celle des autres - en la figeant dans un idéal de pureté fantasmé.
(p. 180)
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Contrairement au français qui ne donne jamais un coin à champignons, le groenlandais est partageur.
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Voyager, c'est une quête d'intensité. Refuser de se soumettre à l'ennui. S'autoriser à devenir une nouvelle personne à chaque étape. Les couches de vécu accumulées favorisent l'acquisition permanente de nouvelles compétences. Par exemple, à force de trainer autour des pôles, le Peintre à appris à imiter, de manière très convaincante, le cri de l'éléphant de mer en rut. Apprentissage qui a eu un prix: - un jour, un éléphant de mer m'a éternué dessus, j'étais couvert de morve, ça puait la mort.
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On trouve deux commerces à Qeqertaq. (...) La patronne est une jeune grand-mère au sourire avenant. (...)
- Vous auriez un moment pour me parler de la vie à Qeqertaq?
- Bien sûr, mais pas tout de suite, il faut que je m'occupe de la boutique. On peut se retrouver chez moi dans une heure.
- D'accord.
- C'est la maison blanche en haut du village. Tu peux y aller maintenant, la porte est ouverte.

Je suis vautré sur le canapé cuir, en chaussettes, chez des gens que je ne connais pas. J'essaie de transposer la situation à Paris : j'entre chez l'épicier en demandant " Salut, tu voudrais pas me raconter ta vie? ", il me répond " pas de problème, tiens voilà les clés, installe-toi chez moi, on se retrouve tout à l'heure ".
Inconcevable.
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